Renaissance du nucléaire: une relation de plus en plus étroite avec le Vieux Continent

Roberta Caselli, Global X ETFs

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Le nucléaire entre dans une nouvelle ère en Europe. L'énergie atomique représente environ un quart de l’électricité totale et environ la moitié de l’électricité à faible émission de CO2.

Les chefs d’Etat de plus de 30 pays et de l’Union européenne (UE) se sont réunis à Bruxelles en mars 2024 pour le premier sommet sur l’énergie nucléaire dans le but de stimuler le soutien mondial à l’énergie nucléaire1 et travailler sur les divergences de vues entre les Etats membres de l’UE concernant l’énergie nucléaire, cette source d’électricité à faible émission facilement disponible2. Ce premier sommet mondial sur l’énergie nucléaire s’est tenu dans le sillage de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP28) durant laquelle, pour la première fois, l’énergie nucléaire a joué un rôle crucial et disposait de son propre pavillon3. Les délégués de dizaines de pays ont souligné l’importance de l’énergie nucléaire dans la réalisation des objectifs climatiques, le développement durable et la sécurité énergétique4.

Dans l’UE, l’énergie nucléaire représente environ un quart de l’électricité totale et environ la moitié de l’électricité à faible émission de CO24. Les régimes énergétiques varient d’un pays à l’autre au sein de l’UE, mais le continent est connecté en termes d’infrastructures et l’énergie nucléaire est appelée à prendre une part plus importante dans le bouquet énergétique5 Au-delà de l’UE, la Suisse, la Norvège, le Royaume-Uni et certains Etats des Balkans sont dans une certaine mesure reliés électriquement à l’UE6.

Pour promouvoir de nouvelles capacités en matière d’énergie nucléaire et accélérer la recherche, le développement et le déploiement, la Commission européenne a créé en février 2024 l’Alliance industrielle européenne pour les petits réacteurs modulaires7. L’annonce a coïncidé avec l’évaluation par la Commission de l’objectif climatique de l’UE pour 20408. D’ici au début des années 2030, l’alliance compte contribuer au développement des petits réacteurs modulaires à travers l’Europe9.

Cette annonce est la dernière d’une série de mesures récentes destinées à accélérer la transition vers les énergies propres. En mars 2023, la CE a proposé des réformes du marché de l’électricité dans le cadre de la loi NZIA (Net-Zero Industry Act) afin d’accroître la production de technologies propres au sein de l’UE10. Les petits réacteurs modulaires ont été classés parmi les technologies de pointe susceptibles de contribuer à la décarbonation énergétique. En novembre 2023, le Parlement européen a adopté la loi NZIA, aux termes de laquelle l’Europe devrait produire 40% de ses besoins annuels en matière de déploiement de technologies à zéro émission nette d’ici à 2030 et capter 25% de la valeur du marché mondial.

 

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine place la sécurité énergétique au cœur des priorités

La CE a mis en œuvre sa stratégie d’unification énergétique en cinq volets en 2015:

  1. Renforcer la sécurité de l’approvisionnement énergétique;
  2. développer un marché unique intégré de l’énergie;
  3. améliorer l’efficacité énergétique;
  4. décarboner l’économie;
  5. et stimuler la recherche et l’innovation.

En mai 2022, la CE a présenté son plan REPowerEU visant à abandonner progressivement les combustibles fossiles russes, le conflit en Ukraine ayant considérablement réduit l’approvisionnement énergétique de l’Europe. En septembre, lorsque la Russie a cessé d’acheminer son gaz vers l’Europe par le biais du gazoduc Nord Stream, la nécessité d’assurer la sécurité et l’indépendance énergétiques est apparue clairement et l’Europe a commencé à se mobiliser en diversifiant ses importations de gaz et en élargissant son bouquet énergétique à d’autres sources.

Dans ce cadre, l’énergie nucléaire a pris de l’ampleur. La possibilité de stocker l’uranium en tant que réserve stratégique pour assurer l’approvisionnement en énergie est un autre avantage de l’énergie nucléaire, tout comme le fait que le nucléaire est l’une des sources d’énergie les plus fiables dans la mesure où il présente l’un des facteurs de capacité les plus élevés.

Les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien présentent de nombreux avantages, mais certains facteurs tels que les contraintes d’espace pour les infrastructures qu’elles nécessitent et leur dépendance à l’égard de conditions météorologiques peuvent constituer des obstacles. Pour répondre à ses besoins énergétiques, l’UE ne peut se contenter des énergies renouvelables. La même conclusion ressort d’un rapport datant de février 2021. Deux groupes du Parlement européen, les Conservateurs et Réformistes européens (CRE) et Renew Europe, ont commandé un rapport sur les questions clés liées à l’objectif de neutralité climatique de l’UE d’ici à 2050. Ce rapport contient notamment une étude sur l’espace nécessaire aux infrastructures d’énergie éolienne et solaire par rapport à l’énergie nucléaire. Dans deux situations, l’étude a montré que les Pays-Bas et la République tchèque ne disposeraient pas de suffisamment de terres pour répondre à leurs besoins en électricité au moyen de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne. L’étude a également révélé que l’énergie nucléaire serait moins coûteuse que les énergies renouvelables.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine place la sécurité énergétique au cœur des priorités

Sous l’impulsion de la guerre en Ukraine, de la nécessité de s’affranchir de la Russie pour des raisons de sécurité énergétique et compte tenu des réalités des technologies propres, le nombre de centrales nucléaires planifiées et proposées en Europe a augmenté de façon spectaculaire. La dépendance historique de l’Europe à l’égard de la Russie pour son approvisionnement en combustible nucléaire rend leur développement plus critique. La Russie représente 4% de l’offre mondiale d’uranium et contrôle environ 50% de la capacité mondiale d’enrichissement de l’uranium, une position influente qui a suscité des inquiétudes dans les pays occidentaux quant à leur sécurité énergétique. La Russie est le troisième fournisseur d’uranium des Etats membres de l’UE, derrière le Niger et le Kazakhstan.

 

De nouvelles initiatives renforcent les perspectives de l’uranium, en particulier en France et au Royaume-Uni

La France et le Royaume-Uni se distinguent par leurs efforts en faveur de l’énergie nucléaire. La France tire environ 70% de son électricité de l’énergie nucléaire en raison d’une politique de longue date fondée sur la sécurité énergétique. En février 2022, le gouvernement a annoncé son intention de construire six nouveaux réacteurs et la possibilité d’en construire huit autres. La France est le premier exportateur net d’électricité au monde en raison de son faible coût de production, l’un des principaux avantages de l’énergie nucléaire. Le développement de la technologie nucléaire est un axe majeur du programme énergétique français, et les centrales nucléaires, ainsi que les produits et services liés à ce combustible, constituent des exportations importantes. Environ 17% de l’électricité française est produite à partir de combustible nucléaire recyclé.

En mars 2024, le conseil de politique nucléaire français a approuvé un plan de recyclage du combustible pour les futurs réacteurs. Le complexe de recyclage du combustible nucléaire d’Orano la Hague va faire l’objet d’investissements considérables. Par ailleurs, Orano SA consacrera 1,7 milliard d’euros à l’extension d’une usine d’enrichissement d’uranium dans le sud de la France, dans le cadre du plan gouvernemental visant à réduire la dépendance du pays à l’égard du combustible nucléaire russe.

En outre, la France et la Finlande font figure de pionniers dans l’utilisation de la dette verte, autrefois impensable, pour soutenir la production d’énergie nucléaire, autre indicateur de la popularité de l’énergie nucléaire auprès des marchés financiers. En novembre 2023, Electricité de France SA a lancé la première obligation verte nucléaire de ce type en Europe pour un montant nominal de 1 milliard d’euros, et la société finlandaise d’énergie nucléaire Teollisuuden Voima Oyj (TVO) a levé 280 millions d’euros par le biais d’un placement privé d’obligations vertes, le premier du genre dans le cadre de son Green Bond Framework. Par la suite, en mai 2024, TVO a émis une obligation verte de sept ans d’une valeur de 600 millions de dollars.

Le Royaume-Uni ne produit actuellement qu’environ 15% de son électricité à partir d’une capacité nucléaire d’environ 6,5 gigawatts (GW).

Cependant, le gouvernement prévoit un accroissement de la capacité nucléaire à hauteur de 24 GW d’ici à 2050, ce qui permettrait d’assurer environ 25% de la production d’électricité du pays. La plupart des centrales existantes doivent être mises hors service d’ici la fin de la décennie, mais la première d’une nouvelle génération de centrales nucléaires est en construction. Le projet le plus commenté est sans doute la construction potentielle d’un nouveau réacteur nucléaire à grande échelle envisagée par le gouvernement. La stratégie des pouvoirs publics comprend une enquête sur la création d’une nouvelle centrale de la taille de Hinkley C et de Sizewell C. S’il est mené à bien, ce projet représenterait la plus forte expansion du secteur nucléaire britannique depuis 70 ans.

Parmi les autres projets notables figure l’accord conclu en mars 2024 par le Royaume-Uni pour racheter à Hitachi la centrale nucléaire de Wylfa, au Pays de Galles.38 Le site est l’un des principaux candidats à l’implantation d’un petit réacteur modulaire. Par ailleurs, le Royaume-Uni a intensifié ses efforts pour faire aboutir le projet de centrale nucléaire Sizewell C cette année. De fait, en mai 2024, la première licence de site nucléaire depuis plus de dix ans a été accordée à Sizewell C. La mise en place d’un circuit d’approvisionnement national en uranium pour les réacteurs avancés est également une priorité, et le gouvernement a annoncé en janvier 2024 son intention d’investir 300 millions de livres sterling pour lancer un programme d’uranium faiblement enrichi à teneur élevée (HALEU), faisant du Royaume-Uni le premier pays d’Europe à lancer un programme de combustible nucléaire de ce type.

Conclusion: l’Europe semble en passe de doper la demande mondiale d’uranium

L’évolution positive de l’opinion à l’égard de l’énergie nucléaire est un phénomène mondial, et l’Europe emboîte le pas à la France et au Royaume-Uni. La dynamique des prix de l’uranium reflète cette évolution, le prix au comptant ayant plus que doublé depuis février 2022 en raison de la perception d’une offre insuffisante pour répondre à la hausse de la demande à long terme. Dans la mesure où l’Europe doit se passer de l’énergie russe pour renforcer son indépendance énergétique, les investissements publics visant à développer l’énergie nucléaire en tant qu’élément clé d’un bouquet énergétique propre dans la région devraient se poursuivre. Les producteurs d’uranium et la chaîne de valeur de l’énergie nucléaire devraient être les premiers à en bénéficier.

Pour les investisseurs qui cherchent à profiter de la croissance et l’évolution de ce secteur, le Global X Uranium UCITS ETF (URNU), qui investit dans un panier de 45-50 entreprises intervenant dans différentes étapes de la chaine de valeur de l’uranium et l’énergie nucléaire peut être intéressant pour s’exposer à l’expansion continue de cette source énergétique.

 

1World Nuclear News (21/03/2024) Leaders commit to ‘unlock potential’ of nuclear energy at landmark summit.
2Ibid.
3Agence internationale de l’énergie atomique (06/12/2023). Nuclear Power Finally Has its Moment at UN Climate Summit.
4Agence pour l’énergie nucléaire (02/12/2023) Countries launch joint declaration to triple nuclear energy capacity by 2050 at COP28.
5Ibid. 
6Ibid. 
7Commission européenne (09/12/2024) Commission to ally with industry on Small Modular Reactors.
8Ibid. 
9Ibid. 
10Site Internet de la Commission européenne (consulté le 27/06/2024) The Net-Zero Industry Act: Accelerating the transition to climate neutrality.

 

 

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