Les banques européennes affichent une performance boursière exceptionnelle depuis le début de l’année, en hausse de 21,8% et ont encore surpris le marché avec des résultats économiques meilleurs qu’attendus. Les taux d’intérêt positifs continuent de favoriser les revenus nets d’intérêt alors que la banque centrale européenne vient à peine d’annoncer sa première baisse de taux. De plus, les retraits des comptes de dépôts sont restés modérés, affectant peu les marges des banques, dont la profitabilité ne fait que croitre depuis que les taux d’intérêt sont retournés en territoire positif. Les bilans des banques sont suffisamment capitalisés et les ratios de prêts non-performants sont à des niveaux historiquement bas, soit en deçà de 2%.
Les bilans des banques sont solides et dépassent les attentes du régulateur
La santé des banques est telle que certaines se sentent en confiance pour entamer des démarches de fusion et d’acquisition. Par exemple, BBVA, encouragée par la solidité de l’économie mondiale, a décidé de lancer une OPA hostile, pour acquérir la banque espagnole Sabadell, malgré les réticences de la direction de cette dernière et l’indignation du gouvernement espagnol. Cette tendance s’accentue, comme en témoignent les rumeurs récentes d’un possible intérêt de Julius Bear pour la banque EFG (24.05.2024) ou encore le rachat du groupe Allemand Hauck Aufhäuser Lampe par la banque hollandaise ABN Amro (28.05.2024).
Les fusions bancaires surviennent souvent en période de panique ou de crises financières, et plus rarement lorsque les indicateurs économiques sont au vert comme c’est le cas actuellement. Le rachat de Crédit-Suisse par UBS est l’exemple parfait. UBS a pu profiter du vent de panique qui a soufflé sur le titre pour le racheter à un prix nettement réduit et présenter, moins d’un an plus tard, des résultats consolidés exceptionnels.
La consolidation du secteur est un sujet qui divise
Comme l’a rappelé le président français, Emmanuel Macron, la consolidation du secteur bancaire Européen est nécessaire, notamment pour accroitre la part de marché dans les activités de la banque d’investissement. Les banques Européennes n’ont pas la taille critique pour concurrencer les grandes banques américaines... et chinoises. Bien que cette idée reçoive un faible soutien de la part des politiciens, en raison des craintes liées à la disparition d’emplois, elle se fait de plus en plus pressante au sein des institutions européennes. M. Villeroy, membre du conseil d’administration de la Banque Centrale Européenne et directeur de la Banque de France, appuie ce point de vue en affirmant «Il serait souhaitable, logique et normal que les fusions transfrontalières au sein d’une union monétaire soient aussi simples et accessibles qu’une fusion (au sein d’un même pays)». Les organes de régulation et de supervision continuent d’encourager les fusions bancaires, estimant que les grandes banques seraient mieux équipées pour faire face aux risques de cyberattaques et de changements climatiques ou pour participer à la transition vers une économie durable.
Historiquement, les consolidations dans le secteur ne semblent avoir eu qu’un impact modérément positif sur la rentabilité des banques concernées en raison de risque d’exécution élevés. Cependant, lorsque deux institutions partageant une stratégie et des activités similaires fusionnent, elles augmentent leurs chances de réaliser des économies d’échelle, ce qui peut améliorer leur rentabilité.
La valorisation des banques demeure déprimée malgré les bonnes performances boursières
Les banques européennes ont longtemps souffert des taux d’intérêt négatifs et de la pression réglementaire pour renforcer leurs bilans, davantage que les banques américaines dont la réglementation avaient été allégée lors du premier mandat du président Trump. Aujourd’hui, les taux devraient rester en territoire positif en Europe, même si la BCE décide de les baisser ces prochains mois. Les banques ont vu leur rentabilité augmenter fortement alors que leurs actifs risqués pondérés ont eu tendance à diminuer. En effet, les demandes de prêts (actifs risqués) ont diminué avec les hausses de taux. Les banques se retrouvent ainsi avec un excès de liquidités ce qui leur permet de verser des dividendes et de procéder à des rachats d’actions. Malgré cela, le secteur continue de se traiter à une décote par rapport à l’indice EuroStoxx 600 ou vis-à-vis des banques américaines alors même qu’il bénéficie d’un environnement propice à une expansion des multiples. Le sujet de la consolidation du secteur relancé par BBVA et par le président Macron devrait soutenir cette tendance au renchérissement des valeurs bancaires.