Pourquoi repenser le modèle de portefeuille 60/40

Maria Paola Toschi, J.P. Morgan Asset Management

4 minutes de lecture

Une approche de diversification plus créative pour dégager des revenus et diversifier leurs portefeuilles.

L’un des défis les plus immédiats auxquels sont confrontés les investisseurs depuis la pandémie consiste à construire des portefeuilles résistants qui offrent des « performances décentes » compte tenu du niveau actuellement bas des rendements des obligations souveraines. Les emprunts d’État offraient auparavant des revenus et la possibilité de solides performances positives en périodes de récession et de marché baissier. Dans ce contexte, le maintien d’une exposition équilibrée aux actions et aux obligations d’Etat a toujours permis de bien diversifier son portefeuille. 

Mais aujourd’hui, les rendements souverains extrêmement faibles offrent peu de revenus et de potentiel de hausse, contraignant les investisseurs à adopter une approche de diversification plus créative pour dégager des revenus et diversifier leurs portefeuilles.

Les marchés obligataires porteront les stigmates de la crise sanitaire durant de longues années

On ignore si le COVID-19 aura un impact durable sur l’économie et notre mode de vie. Mais une chose est certaine: les gouvernements crouleront sous une montagne de dettes, comme le montre l’explosion des ratios dette/PIB.

Graphique 1: Ratios dette publique/PIB dans le monde

Après une décennie d’austérité, les gouvernements n’auront vraisemblablement pas la volonté de tailler dans les dépenses publiques au-delà des niveaux d’avant-pandémie ni d’augmenter les impôts pour réduire la dette, au moins à court terme. Toute la pression, selon nous, reposera sur les épaules des banques centrales pour que celles-ci maintiennent les taux à de bas niveau dans l’espoir que les gouvernements parviennent ainsi à s’extraire de leurs difficultés budgétaires. Les banques centrales devraient maintenir les taux d’intérêt à des niveaux négatifs ou nuls pendant une période prolongée.

Pourquoi les investisseurs doivent revoir le traditionnel modèle de portefeuille 60/40

L’impact sur les rendements souverains des taux d’intérêt ultra-bas est évident: plus de 85% des obligations souveraines des marchés développés ont un rendement inférieur à 1% et près de 35% dégagent des rendements négatifs.

Graphique 2: Rendements des emprunts d’état des marchés développés


 

Les rendements obligataires faibles, voire négatifs posent d’immenses défis aux investisseurs qui recourent traditionnellement aux actifs obligataires dans deux buts précis: obtenir des revenus réguliers et protéger leur portefeuille en période de volatilité. Durant les crises passées, les banques centrales abaissaient les taux d’intérêt pour soutenir l’économie, ce soutenait les prix des obligations. La corrélation négative entre actions et obligations était alors la meilleure amie de l’investisseur.

Mais avec des taux d’intérêt aussi bas, le potentiel haussier des emprunts d’Etat en période de récession a diminué. Les emprunts d’Etat ont généralement dégagé des performances positives pendant les phases de marché baissier précédentes mais ce ne fut pas le cas en Europe, durant l’effondrement du marché provoqué par la pandémie sur fond de taux déjà historiquement bas.

Revenu et diversification, le double défi

Selon nos hypothèses 2021 sur l’évolution à long terme des marchés de capitaux, un portefeuille d’actions/obligations appliquant la traditionnelle allocation 60/40 ne devrait rapporter que 2,7% par an environ au cours de la prochaine décennie.

Toute la difficulté pour les investisseurs consiste à revoir le modèle de portefeuille 60/40 et à recréer les revenus et la diversification que l’exposition obligataire traditionnelle offrait auparavant. Les alternatives existent heureusement, a l’instar des obligations d’entreprises à haut rendement et de la dette émergente même si ces classes d’actifs présentent généralement une corrélation historiquement élevée avec les actions internationales.

Solutions potentielles

Selon nous, les obligations ont encore un rôle central à jouer dans les portefeuilles, mais les stratégies doivent avoir une portée globale, être suffisamment flexibles et s’efforcer d’anticiper les risques macroéconomiques et politiques. Les obligations souveraines chinoises en sont un exemple, avec un rendement de 2 à 3% selon leur maturité, une corrélation limitée ou nulle avec les actions internationales et un potentiel d’appréciation de la devise sur le long terme.

En termes de revenus, les actions à dividendes élevés joueront également un rôle croissant dans les portefeuilles. Bien que les dividendes aient été réduits en 2020, les analystes ont commencé à revoir à la hausse leurs prévisions pour 2021. 

Cependant, nous estimons que les solutions les plus intéressantes en termes de revenus et de diversification se situent au niveau des instruments alternatifs. Les actifs réels tels que l’immobilier ou les infrastructures dégagent en effet des rendements plus élevés que les emprunts d’Etat.

Les infrastructures stratégiques mondiales ont dégagé des flux de revenus remarquablement réguliers et défensifs à différentes périodes, y compris pendant les deux dernières récessions, grâce à des flux de trésorerie généralement contractuels ou réglementés. L’inconvénient de certains instruments alternatifs provient de leur relative illiquidité ou de leur corrélation plus élevée avec les actions s’ils sont cotés (par exemple, les titres immobiliers). 

Les hedge funds font partie des stratégies alternatives plus liquides susceptibles de fournir une certaine garantie contre le risque baissier. Toutefois, toutes les différentes stratégies de hedge funds ne suivent pas la même évolution en phase de marché baissier. Les fonds macro offrent la protection la plus régulière et une bonne sélection des gérants peut contribuer à améliorer les performances au cours des périodes de hausse des marchés, tout en offrant une protection durant leurs phases de baisse.

Conclusion

Face à la baisse généralisée des rendements attendus sur les marchés financiers en général et sur les marchés obligataires en particulier, augmenter sensiblement la pondération des actions, par exemple avec un portefeuille 80/20, pour doper les performances est une fausse bonne idée. En effet, cela exigerait d’accepter une volatilité bien plus élevée, ce qui pourrait s’avérer particulièrement déstabilisant pour les investisseurs ayant des objectifs d’épargne à court terme. 

Nous estimons qu’il est important que les investisseurs conservent une exposition obligataire flexible mais qu’ils diversifient celle-ci avec de l’immobilier, des infrastructures et des fonds macro.

 

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