Si certaines institutions publiques viennent combler le déficit d’investissements verts sur les marchés émergents, le secteur privé joue un rôle clé en la matière.
Les objectifs fixés par l'Accord de Paris ne pourront être atteints sans l’implication des marchés émergents1. Selon le FMI2, dans un scénario de statu quo, les pays à revenus faible et intermédiaire devraient représenter les deux tiers des émissions mondiales de carbone d'ici à 2030. Pour contrer cette dynamique, le financement vert est donc indispensable. Le G7 estime que près de 3000 milliards de dollars par an de financement sont nécessaires à l'échelle mondiale afin de parvenir à une économie bas carbone. 75% de ce montant correspond à des besoins en dehors des sept principales économies développées2. Pourtant, seule une infime partie du financement de la lutte contre le dérèglement climatique est actuellement destinée aux pays en développement.
Les entreprises privées jouent un rôle important dans le financement et l'exécution des projets verts. Plus des deux tiers des émetteurs d'obligations des pays émergents consacrent une partie de leur capex à des investissements liés au climat, qu’il s’agisse de grands projets d'infrastructures dans le cadre de partenariats public-privé ou de projets plus modestes ayant toutefois un impact considérable. Au Chili, par exemple, soutenues par les pouvoirs publics, les entreprises privées ont joué un rôle déterminant dans la transition énergétique. Grâce à elles, depuis 2022, plus de la moitié de l'électricité du pays est produite à partir d’énergies renouvelables. Cette évolution, considérable pour une nation historiquement dépendante du charbon, est presque exclusivement le fruit de projets d'énergies vertes financés et exécutés par des entreprises privées.
Les banques des marchés émergents permettent également de résoudre le problème du déficit de financement vert. Les plus importantes d’entre elles ont généralement accès aux marchés obligataires internationaux à des taux relativement favorables et bénéficient de financements abondants provenant de dépôts ou d’autres sources. Cela leur permet d'agréger et de financer des projets de protection climatique de manière efficace et modulable. Les banques des pays émergents ont ainsi joué un rôle crucial dans le financement d'importants projets de transports propres au sein des marchés émergents (métros, trains, etc.). En outre, les banques ont la capacité de financer des projets verts de plus petite taille par le biais de prêts aux PME.
Enfin, les investisseurs privés peuvent contribuer significativement au financement de projets de protection climatique dans les pays émergents. Sur les marchés liquides, les obligations vertes comptent parmi les instruments les plus efficaces dans la lutte contre le réchauffement climatique. Bloomberg estime que près de 1 000 milliards de dollars d'obligations émergentes, y compris vertes, ont été émises depuis 2016. À titre informatif, les obligations vertes sont utilisées par les entreprises pour financer des projets verts éligibles, lesquels peuvent notamment inclure l'efficacité énergétique, les transports propres, l'isolation ou encore la gestion des déchets. Ces instruments sont réglementés et répondent à des directives strictes. Les investisseurs peuvent suivre de bout en bout les projets liés à leurs prêts et donc en mesurer l’impact. Ils contribuent ainsi à combler le déficit de financement vert de manière sensée sur le plan financier.
Il n'existe pas de solution miracle dans la lutte contre le changement climatique, mais une combinaison des outils disponibles, parmi lesquels des initiatives publiques et privées, peut s’avérer très efficace.
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