Comment expliquer la rapidité du rebond des marchés actions alors que le conflit est toujours en cours en Ukraine?
La guerre Ukraine / Russie et ses conséquences sur l’économie notamment européenne continuent d’être sources d’inquiétudes. Cette incertitude est venue s’ajouter au covid, toujours présent (l’Asie nous le rappelle avec une nouvelle vague de confinements) et l’inflation.
Les marchés actions sont désormais proches des niveaux que nous avions connus avant le 24 février dernier, jour où les troupes russes sont entrées sur le territoire ukrainien. Malgré ce rebond, la dispersion se renforce entre les différents segments de marché.
Nous identifions 3 types de rotation qui semblent animer les marchés. La première est liée au covid. Son impact est incertain, et le marché semble indécis sur le positionnement à adopter. Parmi les entreprises qui ont bénéficié du Covid, certaines telles que Zoom ou Netflix souffrent dans un marché qui les a vues afficher des performances très négatives. D’un autre côté, les valeurs liées à la thématique de réouvertures, telles celles des secteurs du voyages ou des loisirs, sont également en difficulté depuis plusieurs mois. Ainsi sur ce plan, la tendance à la réouverture des économies qui se confronte à la reprise de l’épidémie dans certaines régions et à des reconfinements, brouillent les cartes.
Une seconde rotation liée au conflit ukrainien. Elle se traduit notamment par la montée des prix des matières premières qui a conduit le secteur de l’énergie à afficher des performances remarquables, ainsi que par l’écart de performance qui s’est creusé entre les actions américaines, plus résilientes dans le contexte actuel, et les actions européennes largement dans le rouge.
Enfin, une troisième rotation liée au risque de stagflation. Cette thématique est centrale et constituera probablement un marqueur incontournable de l’allocation d’actifs sur le reste de l’année. La remontée des taux et le risque de trou d’air économique amènent les investisseurs à par exemple privilégier les valeurs davantage «value» plutôt que «croissance», ou à laisser de côté les secteurs plus cycliques. La nervosité est particulièrement palpable sur le marché obligataire, plus sensible à la remontée des taux, avec des performances sur le début d’année particulièrement négatives. Il est probable que cette rotation ne fasse que commencer, tant l’inflation semble pouvoir perdurer et les conséquences du conflit ukrainien sont incertaines.
Ainsi, ces différentes rotations ont favorisé le phénomène de dispersion, ou d’écart de performance et de valorisation entre segments et valeurs. En moyenne néanmoins, les indices actions ont connu ces dernières semaines un rebond remarqué, suivi d’une période de consolidation, qui peuvent s’expliquer de plusieurs façons:
- Le relatif apaisement récent des tensions a peu à peu permis aux investisseurs de retrouver de l’appétit pour le risque et de redéployer à des niveaux dépréciés, comme en témoigne la résilience des flux entrants dans les fonds actions.
- Le conflit a également eu un impact direct limité sur l’économie américaine, ce qui explique notamment la divergence de performances entre les deux zones géographiques.
- Le positionnement des investisseurs s’affichait comme globalement très défensif et peu investi, ce qui a magnifié le rebond.
- Les taux réels (taux nominaux corrigés de l’inflation) restent globalement négatifs, ce qui incite les investisseurs à se détourner des actifs dits «nominaux (tel que l’obligataire) au profit des actifs «réels» comme les actions.
Malgré ce récent rebond, les marchés restent fragiles et particulièrement animés par la thématique de la stagflation. La dispersion semble partie pour rester et pourrait se creuser davantage. Il faut donc aborder ce marché avec prudence et sélectivité. Et ce, en cherchant des émetteurs capables d’être résilients dans un scénario de décélération économique prononcée, couplée à un maintien de l’inflation à des niveaux élevés. Dans un environnement où le risque de stagflation est grand, privilégier le segment des entreprises de grande qualité à prix raisonnable.
- Privilégiez des entreprises aux marges importantes
- Privilégiez les valeurs avec du «pricing power»
- Privilégiez les valeurs avec une base d’actifs faible
- Favorisez les bas multiples / des multiples qui restent raisonnables