Les family offices à l'ère de la COVID-19

Sébastien Flak, Geneva Management Group

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Le besoin de garder le doigt sur le pouls mondial est plus important que jamais.

Comme tout gérant de fortune digne de ce nom vous le dira, la structuration du patrimoine est essentielle à la préservation de la richesse. Cela inclut la gestion, le contrôle et la planification de la succession. À l'ère de la Covid-19, c'est plus vrai que jamais et certains diront que c'est un défi de plus en plus important.

La pandémie nous a montré qu'il est essentiel d'être proactif et d'avoir la capacité de changer notre façon de travailler. Soutenir nos clients, que ce soit depuis un bureau à son domicile, via une visio-conférence, ou en restant constamment connecté par téléphone, est devenu plus essentiel que jamais.

Il ne suffit plus de se concentrer uniquement sur les aspects financiers du service à la clientèle. La crise a mis en lumière les possibilités de couverture dans différentes classes d'actifs et différents styles d'investissement. Les ETF environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)1 sont actuellement en vogue, tant auprès des investisseurs que des émetteurs. Il existe aujourd'hui plus de 100 produits sur le marché, qui ont collecté quelque 31,76 milliards de dollars d'actifs d'investissement, dépassant pour la première fois les actifs investis dans les ETF traditionnels sur l'énergie.

L'élection du président élu Joe Biden est bien sûr aussi un moteur de cette tendance. Il a clairement déclaré qu'il s'attend à ce que les États-Unis reviennent aux accords de Paris, même s'ils s'en sont officiellement retirés le 4 novembre dernier. Un gestionnaire de fortune ou un gestionnaire de patrimoine doit tenir compte de ce type de changement géopolitique lorsqu'il s'adresse à ses clients et, surtout, il doit avoir effectué des recherches approfondies sur les effets que la géopolitique aura sur les investissements et la gestion de fortune, à court et à long terme, pour le moment où leurs clients souhaiteront inévitablement en parler.

Concrètement, des événements majeurs tels que la Covid-19, le Brexit ou les élections américaines ont eu un impact formidable sur les stratégies d'investissement en 2020. Par exemple, les investissements dans l'immobilier résidentiel ont augmenté au cours des deuxième et troisième trimestres 2020 et de nombreux nouveaux investisseurs ont acheté après le confinement (le prix du m2 a augmenté de 0,5% à Paris et même de 1,9% à Lyon). En revanche, le marché de l'immobilier commercial reste plus prudent; certains fonds de pension ont déjà anticipé une correction de 10 à 15% des prix de l'immobilier, comme cela s'est déjà produit à New York et à Londres après leurs lockdowns respectif.2

Après quelques mois très volatils pour les marchés boursiers et certains secteurs comme le tourisme, les voyages aériens et les événements sportifs, la bonne nouvelle est que le vaccin contre la Covid, change la donne, et l'horizon s’éclaircit. Il faut espérer que ce vaccin sera mis en place d'ici le premier trimestre 2021 et que les marchés retrouveront alors un certain niveau de normalité.

Dans l'ensemble, qu'est-ce que les investisseurs et les familles devraient avoir appris de cette période sans précédent?

Tout d'abord, il peut y avoir des lacunes qui deviennent plus apparentes au sein des multiples générations d'une famille. Les gestionnaires de patrimoine ont le devoir d'agir en tant que médiateurs et même conseillers des familles, dont les structures sont aussi variées que nombreuses. Combler ces lacunes est non seulement extrêmement constructif pour la pérennité de la famille, mais c'est aussi un excellent moyen pour les gestionnaires de se positionner davantage comme des conseillers clés, au-delà du conseil en investissement.

Deuxièmement, nous avons constaté une augmentation globale des demandes de nos clients qui requièrent un éventail de consultants tiers. La cohue d'avocats, de comptables, de gestionnaires d'actifs ou de promoteurs immobiliers peut parfois ajouter à la superposition ou au doublement des services et donc des coûts. Pour les gestionnaires de patrimoine, le fait de pouvoir le signaler et de devenir la personne de référence pour le client simplifie le processus tout en assurant un résultat plus rentable.

Enfin, la Covid-19 a montré la nécessité d'une plus grande prise en compte et application du numérique. Tant en termes d'outil de communication qu'en termes d'actifs d'investissement et de leur gestion. En effet, certaines entreprises basées sur le numérique ont surfé sur la vague Covid avec d'excellents résultats (Amazon +74% YTD, Alibaba +24,45% YTD). Malheureusement, les petits commerçants et les start-ups ont vu leur activité se ralentir considérablement.3

En utilisant des services bancaires numériques tels que les néo-banques ou les services bancaires en ligne standard, les investisseurs peuvent être tentés d'utiliser la fintech pour leurs investissements par le biais de leurs propres recherches en ligne ou d'un «robot advisor». Cette technologie a encore ses limites et doit être associée aux conseils d'un professionnel de confiance qui connaît et comprend son client, sa famille et le secteur, ce qui est le domaine dans lequel la valeur d'un gestionnaire de patrimoine peut vraiment briller.