Eric Sturdza examine les scénarios possibles des marchés d'actions et leurs conséquences potentielles.
La saison des résultats, soutenue par des publications de données économiques constructives, a continué de soutenir les marchés d'actions dans leur ensemble, malgré leurs valorisations historiquement élevées et la perspective de contractions des marges des entreprises. En effet, le contexte pour les marges agrégées des entreprises, ou en d'autres termes la part des bénéfices des entreprises dans le PIB, a été extrêmement favorable au soutien et à l'expansion de ces dernières ces précédentes années. Cela dit, il semble probable que cette tendance ne se maintiendra pas éternellement, car l'écart de richesse, les tensions sociales et l'inflation des prix des biens courants augmentent. C'est pourquoi, à notre avis, il est nécessaire que les décideurs politiques commencent à se pencher sur la dynamique du marché du travail plutôt que sur les grandes entreprises et leurs actionnaires. Cette nouvelle priorité devrait avoir un impact sur les marges des entreprises, alors que les acteurs du marché se retrouvent dans une situation particulière, à savoir un paysage où:
- il n'existe que très peu, voire pas du tout, d'alternatives d'investissement aux actions;
- la question de l'inflation, de son évolution et de sa gestion par les banques centrales reste en suspens;
- les valorisations relativement élevées.
Ces éléments sembleraient devoir impacter les perspectives des actions.
Cela dit, d'autres dynamiques plaident en faveur de la détention d'actions; en premier lieu leurs niveaux de valeur relatifs, la valorisation étant réduite par les attentes de revenus croissants; ensuite, l'allocation globale des investisseurs en actions est élevée, mais elle peut encore augmenter au vu des taux nuls ou négatifs; enfin, étant donné que les banques centrales ont un programme défini, tablant sur un scénario de hausse de l'inflation mais avec des taux réels restant faibles, la combinaison de ces facteurs devrait être favorable aux actions.
D'une manière générale, cela devrait conduire les investisseurs à se tourner vers les actifs réels (avec en premier lieu les actions puisque leurs revenus sont liés à l'inflation) et plus particulièrement vers les compagnies générant des bénéfices intrinsèques nets et positifs en termes réels. Il sera essentiel de sélectionner les bonnes entreprises, dotées d'un pouvoir de fixation des prix et de modèles d'entreprise résilients.
Selon nous, le cycle actuel reste en phase ascendante globalement, soutenu par des politiques budgétaires accommodantes et des conditions financières fluides dans le monde entier, tandis que les taux d'intérêt demeurent fortement négatifs en termes réels sur les marchés développés. Ces conditions restent favorables aux actions en général, d'autant plus qu'elles bénéficient d'écarts de valorisation positifs par rapport aux autres classes d'actifs. Bien que le marché américain continue de donner le ton, les disparités régionales apparaissent plus clairement. À mesure que les États-Unis progressent, la probabilité d'une transition vers un positionnement de milieu de cycle, c'est-à-dire plus équilibré entre les styles, augmente. Nous restons conscients de la possibilité d’atteindre un sommet en matière de marge des entreprises et que la sélection des entreprises sera essentielle. Néanmoins, être très sélectif sur la qualité de la croissance tout en maintenant un niveau confortable de «puissance de feu» est, à notre avis, plus pertinent que jamais.