Le retour des petites capitalisations américaines

Geoff Dailey, BNP Paribas Asset Management

2 minutes de lecture

Les cours des actions des petites capitalisations américaines pourraient évoluer positivement. Il y a plusieurs raisons à cela.

 

Cela fait plusieurs années que les perspectives des petites capitalisations américaines n’ont plus été aussi bonnes qu’à l’heure actuelle. Les raisons principales se trouvent dans le cycle de baisse des taux d’intérêt aux Etats-Unis, les valorisations attrayantes, ainsi que la tendance persistante au rapatriement des capacités de production, tout comme aux opérations de fusion-acquisition.

En septembre, la Réserve fédérale américaine (Fed) a amorcé son cycle de réduction des taux et a poursuivi l’assouplissement de sa politique monétaire en novembre. Au cours des douze derniers mois, les résultats des petites capitalisations ont été corrélés à l’évolution des prévisions relatives aux taux directeurs: attentes de taux d’intérêt en baisse, performance meilleure.

Cela s’explique probablement par le fait que lorsque les taux d’intérêt baissent, le coût de l’emprunt diminue davantage pour les petites entreprises, car elles ont généralement une part plus importante d’emprunts à taux variable que les sociétés à plus forte capitalisation boursière. La baisse des taux directeurs devrait en outre renforcer la confiance des dirigeants d’entreprise et encourager les activités de fusion et d’acquisition.

Des valorisations attrayantes, de fortes attentes de bénéfices

Dans le domaine des valorisations, le coefficient de capitalisation des bénéfices (donc le ratio cours/bénéfice ou C/B) des petites capitalisations s’est redressé par rapport à ses niveaux les plus bas et est désormais proches de sa moyenne de 17 sur le long terme, si l’on fait abstraction des sociétés en situation déficitaire. En comparaison avec les indices des grandes capitalisations, les ratios C/B des petites capitalisations semblent toutefois relativement faibles: actuellement, ils se situent 11% au-dessous de la moyenne.

Nous pensons qu’à l’avenir, l’évolution des revenus sera l’élément moteur de l’évolution des cours des petites capitalisations. Les analystes prévoient une forte progression des bénéfices, à savoir de 13% cette année et de plus de 30% en 2025 et 2026. Ces chiffres sont supérieurs au taux de croissance de 13% sur le long terme (voir ci-après).

Fortes prévisions de bénéfices pour les petites capitalisations américaines

Prévisions du consensus pour la croissance du bénéfice par action par rapport à l’année précédente, exprimée en pourcentage. 

Sources : FactSet, BNP Paribas Asset Management, état du: 6 novembre 2024.

 

Même si les attentes de bénéfices sont souvent exagérément optimistes, nous estimons que dans ce cas, elles ne sont pas infondées, compte tenu de l’atterrissage en douceur que nous voyons se dessiner pour l’économie américaine.

La réorganisation des chaînes de valeur mondiales: une opportunité

Une autre tendance qui pourrait redonner du tonus aux sociétés à petite capitalisation est le futur rapatriement des installations de production à proximité des marchés d’origine.

Après l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, les entreprises américaines se sont en effet appliquées durant des décennies à délocaliser leur production dans les pays à bas salaires. Par conséquent, la production industrielle a stagné aux Etats-Unis, tandis qu’elle a fortement augmenté en Chine.

Il est possible que cette tendance s’inverse dans les années à venir. Durant la pandémie, les perturbations des chaînes d’approvisionnement ont causé des difficultés aux entreprises américaines, raison pour laquelle beaucoup d’entre elles souhaitent rapatrier prochainement leur production.

Les tensions géopolitiques croissantes et le protectionnisme sont également des facteurs catalyseurs, tout comme le soutien financier du gouvernement américain dans le cadre du «CHIPS Act» et de l’«Infrastructure Investment and Jobs Act».

Nous pensons que sous l’impulsion des projets de rapatriement de la production, nous sommes au début d’un cycle d’investissement de plusieurs années. Il devrait profiter aux sociétés américaines à petite capitalisation, car elles sont plus dépendantes des cycles d’investissement et économiques nationaux.

Les fusions et acquisitions devraient se renforcer

Les petites capitalisations devraient également pouvoir profiter des dépenses engagées dans l’équipement des centres de données. Ces derniers constituent un élément important de l’infrastructure soutenant l’intelligence artificielle et ne stimulent pas uniquement les ventes des processeurs graphiques sophistiqués. Ces investissements devraient également avoir un impact positif sur les activités de nombreuses sociétés moins connues parmi les producteurs de matériel informatique, les fournisseurs de logiciels, les entreprises industrielles et de matériaux, voire les organismes de services publics.

L’augmentation des opérations de fusion et acquisition pourrait également soutenir les résultats des sociétés à petite capitalisation. Etant donné qu’en raison de taux d’intérêt plus bas, le poids de la dette s’amenuise, les perspectives économiques sont désormais moins floues et le paysage politique moins incertain, après les élections américaines, l’activité économique devrait prospérer en conséquence. Les acheteurs stratégiques sont toujours à l’affût d’opportunités de rachat et peuvent ainsi espérer réaliser plus facilement leurs projets.

Dans l’ensemble, nous voyons donc un certain nombre de facteurs susceptibles de favoriser l’évolution des cours des petites entreprises américaines dans les mois et années à venir.