Entre 2008 et 2022, la Banque centrale européenne (BCE) a joué un rôle crucial dans la stabilité financière de la zone euro en inondant le marché de liquidités via des mesures non conventionnelles, ce qui a considérablement gonflé son bilan. Maintenant que les conditions économiques s’améliorent, la banque doit réduire ces liquidités excédentaires, ce qui pourrait redynamiser les stratégies d’investissement monétaire précédemment paralysées.
L’époque où la BCE inondait le marché de liquidités en réaction aux crises semble révolue. Son bilan, passé de 2'000 à 9'000 milliards d’euros entre 2014 et 2022, est retombé à 7'000 milliards d’euros avec la fin des programmes d’urgence et l’amélioration de la conjoncture. Désormais, la BCE se concentre sur la normalisation de sa politique pour assurer la stabilité économique et une croissance durable.
Jusqu’en 2008, la BCE gérait les taux d’intérêt à court terme et encourageait l’activité interbancaire via un système de corridor. Ce système peinait toutefois à anticiper précisément les besoins de liquidité. Le système de plancher développé après 2008 lui a permis d’injecter de grande quantités de liquidité, ce qui a étouffé l’activité interbancaire, provoqué une pénurie d’actifs et réduit l’écart entre les taux courts et longs.
Cependant, normaliser la politique monétaire n’est pas une tâche facile et nécessite de trouver le bon équilibre. Réduire la liquidité pour contrôler l’inflation sans freiner la croissance économique est un défi majeur. À l’inverse, laisser trop de liquidité dans le système peut alimenter l’inflation. La BCE doit avancer prudemment dans cet environnement, en assurant la stabilité financière et en minimisant les perturbations et la volatilité du marché.
Pour relever ce défi, la BCE dispose de plusieurs outils de gestion de la liquidité. Le resserrement quantitatif peut l’aider à réduire progressivement la taille de son bilan en laissant les actifs arriver à échéance sans les réinvestir. Elle peut également ajuster ces injections de liquidité et proposer des adjudications partielles, rendant l’accès aux fonds à faible coût moins automatique. Augmenter les exigences de réserve pour les banques et réduire la rémunération des dépôts gouvernementaux à la BCE sont d’autres options pouvant contribuer à réduire l’excès de liquidité.
Bien que les détails précis du futur cadre de la BCE soient encore en discussion, la nécessité d’une approche plus flexible dépassant les systèmes traditionnels de corridor et de plancher est admise. Ce prochain cadre pourrait inclure un système de plancher piloté par la demande ou une approche hybride.
Le premier permettrait aux banques d’emprunter auprès de la BCE selon leurs besoins, alignant ainsi l’offre de liquidités sur les demandes du marché pour une meilleure efficacité. La seconde combinerait les éléments des systèmes de corridor et de plancher, en maintenant des réserves excédentaires pour assurer la stabilité, tout en bénéficiant de la précision du système de corridor.
Les mesures potentielles de la BCE pour réduire la liquidité pourraient transformer les marchés monétaires après des années de taux d’intérêt très bas, voire négatifs. Réduire l’excès de liquidité pourrait entraîner un découplage entre un taux de référence de la zone euro (l’€STR) et le taux de dépôt, augmentant potentiellement les coûts d’emprunt à court terme pour les banques. Avec un accès réduit à des fonds moins coûteux de la BCE, les banques pourraient se tourner davantage vers le marché interbancaire, stimulant l’émission de papier commercial et influençant les taux d’intérêt à court terme, comme l’Euribor.
Cette situation pourrait favoriser les fonds monétaires, les rendant à nouveau attractifs pour les investisseurs en quête de sécurité et de rendements potentiellement supérieurs à ceux des dépôts bancaires traditionnels. De plus, les fonds monétaires offrent une solution de diversification, permettant à tous d’investir dans des actifs financiers à court terme de grande qualité.
La décision de la BCE d’opter pour une politique plus unifiée marque un nouveau paradigme pour la zone euro. Bien que les détails des futurs instruments restent à préciser, avec des annonces reportées à 2026, le marché monétaire pourrait bien renaître de ses cendres. Avec la perspective d’une intensification de l’activité sur le marché interbancaire et d’un rôle renouvelé des fonds monétaires en tant qu’acteurs clés du système financier européen, l’horizon semble dégagé pour les stratégies monétaires.
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