Le dilemme de l’IA: l’offre crée la demande...ou pas

Mark Hawtin, Liontrust

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L'intelligence artificielle ouvre la voie à une nouvelle vague de bouleversements prometteurs, avec le sentiment qu’elle va révolutionner la vie de chacun à une vitesse fulgurante.

Les épisodes de frénésie spéculative ne sont pas nouveaux, pas plus que les efforts des entreprises pour se montrer sous leur meilleur jour lorsqu’une nouvelle technologie prometteuse apparaît. Depuis le troisième trimestre 2022 et le lancement de ChatGPT, l’IA est devenue cette technologie fascinante ouvrant la voie à de multiples bouleversements.

L’utilisation de l’IA n’est pas nouvelle, mais sa perception semble avoir changé. Le sentiment est qu’elle va révolutionner la vie de chacun à une vitesse fulgurante. Les outils généralistes d’IA comme ChatGPT et DALL-E 3 clarifient les choses d’une manière qui n’était pas explicite avant le lancement de GPT, même si de nombreux développeurs diront qu’ils utilisaient déjà ces outils depuis des années. La possibilité de créer des textes, des images, ou de la musique à partir de textes suscite l’enthousiasme et l’émotion. L’adoption a fortement augmenté suite au lancement de GPT, mais les cas d’utilisation générateurs de revenus sont plus lents à mettre en place. Selon les prévisions, ChatGPT devait compter 77,2 millions d’abonnés en juin 2024 et 3,9 millions d’utilisateurs payants (prévisions BackLinko, marché américain). À 20 dollars par utilisateur par mois, cela représente 1 milliard de dollars de revenus récurrents.

Si l’on compare ces revenus aux investissements dans les infrastructures d’IA, on constate que l’équation est bancale. Selon IDC, les investissements dans les infrastructures s’élevaient à 154 milliards de dollars en 2023 et atteindront 300 milliards de dollars en 2026. Une grande partie est consacrée aux puces pour centres de données et aux GPU de Nvidia en particulier. Jensen Huang, PDG de Nvidia, prévoit un total de 1'000 milliards de dollars d’investissements dans les centres de données à brève échéance. Le phénomène de surabondance de fibres optiques de 1999/2000, qui avait conduit de nombreux opérateurs à la faillite, est-il en train de se reproduire ou la situation est-elle différente cette fois-ci?

Nul ne le sait, mais il est fort probable que le rythme d’investissement actuel soit intenable. Plus de 50% des puces Nvidia sont achetées par des hyperscalers riches en liquidités et prêts à prendre des risques. Mais ils ressemblent davantage à des exploitants d’usines à forte intensité de capital qu’aux éditeurs de logiciels moins gourmands en capital auxquels les investisseurs sont habitués.

Meta a notamment accru son intensité de capital, avec des dépenses estimées à 23% de son CA en 2024, soit deux à trois fois plus que US Steel ou Exxon Mobil! Tous les méga-scalers ont fortement accru leur intensité de capital depuis dix ans, et la question se pose de savoir s’ils pourront bientôt rentabiliser le capital supplémentaire investi.

Le paradoxe, c’est que les méga-scalers dépensent des sommes considérables en puces Nvidia, lesquelles lui procurent des bénéfices démesurés qui sont ensuite multipliés maintes fois par les investisseurs lors de la valorisation du titre Nvidia. Un milliard de dollars dépensé par un méga-scaler auprès de Nvidia devient à la marge (70%), et à un multiple PE de 45x, 31,5 milliards de dollars de valeur de marché ajoutée à sa capitalisation. Ce monopole finira par être mis sous pression. Les acheteurs planchent sur des alternatives pour tenter de briser la domination de CUDA et prolonger la durée de vie des puces afin de parvenir à une baisse significative des dépenses.

Les dépenses en matériel ne sont pas des flux de revenus récurrents. Elles sont cycliques et la demande insatiable de puces finira par diminuer.

ChatGPT voit déjà fléchir l’intérêt des utilisateurs, avec 600 millions de visites mensuelles récemment contre 2 milliards en avril 2024. Nous verrons avec le temps, mais il serait préférable que les grands gagnants de l’inférence exploitent la technologie pour accroître la productivité ou les revenus plutôt que de continuer à produire les briques destinées à la construction d’usines.

 

 

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