La prise de conscience des risques est de retour chez les investisseurs

Paolo Corredig, T. Rowe Price

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Gestion d'actifs: quelles leçons tirer de la crise et quelles sont les nouvelles opportunités pour les investisseurs?

La propagation du virus entraîne de nouveaux défis, parfois sans précédent, tant dans la vie professionnelle que privée. Le secteur de la gestion d'actifs est également touché par la volatilité qui en résulte sur les marchés des capitaux. La responsabilité la plus importante des gestionnaires de fonds de placement est de faire preuve d'une grande vigilance dans la gestion des capitaux qui leur sont confiés, surtout dans des phases de marché si tendues. Mais chaque crise est également source d'opportunités. Il convient donc de déterminer quelles sont les entreprises qui peuvent le mieux s'adapter à la nouvelle donne et mettre en œuvre leurs stratégies. Ce faisant, il est important de tirer parti des opportunités offertes par les turbulences du marché, en particulier pour les entreprises qui connaissent une croissance à long terme.

Chez les investisseurs, la prise de conscience des risques, qui avait presque complètement disparu ces dernières années, est bien de retour. Des risques auparavant ignorés sont à nouveau perceptibles pour les investisseurs. Un point positif réside dans le fait que la majeure partie des investisseurs n’a pas cédé à la panique, mais est restée rationnelle, patiente et sereine. Bien que l’on ait pu s’attendre avec l’environnement très incertain à des sorties, certains gestionnaires d'actifs ont au contraire enregistré des entrées de flux malgré la crise.

Garder les pieds sur terre

Les philosophies et processus d’investissement à long terme qui ont été mis en place au cours des dernières décennies se révèlent aujourd’hui durables. La période des années 1999/2000, au cours de laquelle les principaux médias américains se sont longtemps accrochés au boom des hautes technologies, en est un exemple. Peu de temps après, la bulle a éclaté et a donné raison aux gestionnaires d'actifs prudents. Cela démontre qu’avec la prudence nécessaire, les incertitudes à court terme ne peuvent pas vous faire dévier de votre stratégie. Les décisions doivent plutôt être prises sur la base d’analyse de facteurs fondamentaux.

De nombreux investisseurs resteront certainement prudents face à l'incertitude actuelle. Mais il y a de bonnes raisons de prendre de nouveaux engagements. Sur un horizon de 12 à 24 mois, notre équipe multi-asset pense que les actions vont offrir de bonnes perspectives de rendement par rapport à la plupart des autres options. Après tout, la crise a été déclenchée par une sorte de catastrophe naturelle, et non par un resserrement du crédit comme nous l'avons vu lors de la crise financière de 2008. Un coup d'œil à l'évaluation nous aide également dans ce domaine. Des sociétés comme Netflix, Amazon et Zoom n'ont pas été surévaluées lors de cette crise. Le coronavirus a renforcé leurs positions et accéléré leur ajustement.

Une gestion active comme base de surperformance

Une autre raison de faire de nouveaux investissements est de nature plus académique : si la Réserve Fédérale américaine achète potentiellement chaque classe d'actifs et que d'autres banques centrales soutiennent également l'économie par leur intervention, alors les ratios de profits devraient être plus élevés. Les liquidités sont encore plus importantes aujourd'hui qu'avant le virus. Enfin et surtout, les avantages de choisir des gestionnaires actifs sont particulièrement manifestes dans les situations de crise. Une intervention rapide et exhaustive dans les portefeuilles s'avère être la base d'une surperformance.

Face à cette situation, la numérisation joue un rôle important. Grâce aux récents progrès du cloud computing et à l'utilisation des Big Data, il est désormais possible de bénéficier du machine learning dans le processus d'investissement. Un modèle développé sur la base des données de performance de plusieurs décennies et de millions de points de références, qui attribue une évaluation théorique à chaque action de l'indice Russell 1000, a été un très efficace pour compléter notre processus de recherche sur le terrain. Il permet aux analystes d'estimer comment l'évaluation réagira aux changements des données fondamentales, comme une augmentation du taux de croissance de l'entreprise.

Pour conclure, la pandémie montre que l'optimisme ne doit pas se tarir, même en période difficile et incertaine. Il faut savoir rester calme et ne pas agir sous le coup de l'émotion. Mener une politique de l'autruche n'est certainement pas le bon conseil à suivre.