La croissance chinoise prime sur la guerre commerciale

Aberdeen Standard Investments

3 minutes de lecture

Promouvoir les actions chinoises n’est pas chose aisée. Le pays est empêtré dans une guerre commerciale acharnée avec les États-Unis.

Le marché actions chinois est inefficient. Les particuliers représentent 80% des volumes échangés sur les bourses du pays, qui étaient encore récemment fermées aux investissements étrangers. Bien souvent, ils sont davantage influencés par l’actualité que par des analyses réfléchies des perspectives des entreprises. Très dépendant du sentiment de ces investisseurs, le marché chinois est donc volatil.

Toutefois, dans ce contexte, il est possible de déceler des opportunités d’investissement au sein d’entreprises de qualité se négociant en-deçà de leur valeur intrinsèque. Le sentiment peut évoluer très rapidement. Deux facteurs pourraient entraîner un retournement du marché chinois: un accord commercial avec les États-Unis et l’intégration du pays dans les indices internationaux.

En revanche, un conflit commercial prolongé nuirait à la rentabilité des entreprises. Les droits de douane pèsent sur les bénéfices des entreprises qui profitent des chaînes d’approvisionnement mondiales, dont beaucoup sont cotées en bourse outre-Atlantique. Ceci explique d’ailleurs en partie la correction de l’indice S&P 500 en décembre dernier.

Il est pourtant dans l'intérêt des deux pays de trouver une solution à ce conflit. Une nouvelle correction des marchés pourrait servir de catalyseur. Le président Trump s’expose déjà à une réaction très hostile des Républicains habitant dans les zones rurales, qui subissent de plein fouet les droits de douane chinois.

Nous pensons que les négociations vont se poursuivre et qu’un accord finira par être trouvé, a fortiori à l’approche de l’élection présidentielle américaine. La conclusion d'un accord serait accueillie favorablement par le marché et donnerait aux entreprises une visibilité accrue concernant leurs perspectives de chiffre d’affaires et leurs projets d’investissement.

Dans le même temps, le fournisseur d'indices MSCI a décidé de doubler le nombre de valeurs chinoises («actions A») dans ses indices dédiés aux marchés émergents, dont elles pourraient représenter 20% d’ici cinq ans. Cela pourrait permettre d’attirer des capitaux provenant d’institutions étrangères pratiquant la gestion passive. Il s’agit de capitaux à long terme, plus pérennes que les flux actuels qui sont guidés par le sentiment des investisseurs. Une telle institutionnalisation exposera les entreprises locales aux normes mondiales en matière de responsabilisation et aux meilleures pratiques. En règle générale, l’amélioration des pratiques de gouvernance renforce les performances des entreprises et la création de valeur pour les actionnaires. C’est pourquoi nous pensons que les investisseurs ont tout intérêt à anticiper ces évolutions.

Retour vers le futur

Pourquoi donc investir en Chine? Pour la croissance. Malgré les annonces fréquentes de ralentissement de la croissance du PIB chinois, celle-ci reste supérieure à 6% par an, un rythme nettement plus soutenu que celui des autres pays développés. En début d’année, les prévisions de croissance des bénéfices 2019 du consensus pour les actions A étaient de 15%. Les investisseurs auront du mal à trouver des marchés offrant une croissance à deux chiffres.

Les perspectives jouent un rôle important. Auparavant, la Chine et l’Inde représentaient la moitié de la croissance du PIB mondial, avant que la révolution industrielle ne freine le développement des États-Unis et l'Europe occidentale au 18ème siècle, les réduisant à une certaine insignifiance statistique.

Ce n’est qu’en 1978 que les membres réformistes du parti communiste ont lancé un processus sans précédent d’industrialisation et d’urbanisation. Aujourd’hui, la Chine est la deuxième puissance économique mondiale en valeur nominale.

D’ici 30 ans, la Chine et l’Inde devraient à nouveau représenter plus de la moitié de la croissance économique mondiale. Autrement dit, la quintessence d’un retour à la moyenne.

60% de la population chinoise vit dans des zones urbaines et cette proportion ne cesse d’augmenter. Les individus privilégient les villes pour y trouver des emplois plus attrayants, un bon système de santé et de meilleurs services d’éducation. Autant de facteurs qui augmenteront leur niveau de vie. En 1960, le PIB par habitant de la Chine était de 100 dollars. Il est aujourd'hui de 7500 dollars, et de 20'000 dollars à Shanghai.

Près de 39% de la population appartient désormais à la classe moyenne, contre 2% en 1999. Ce qui représente quelques 500 millions de consommateurs. L’espérance de vie a également plus que doublé depuis 1960 pour atteindre 76 ans.

En raison de l’augmentation de leurs revenus et de leur niveau de vie, les Chinois se tournent de plus en plus vers des produits et des services plus onéreux. Les investisseurs peuvent acheter les actions d’entreprises cotées en passe de bénéficier de cette croissance structurelle. Pour notre part, nous avons décelé des valeurs de qualité dans les secteurs des voyages, de l’alimentation et des boissons, des produits de luxe et de la médecine chinoise.

De plus, les marchés actions chinois sont peu corrélés aux autres grands marchés internationaux. Les autorités du pays tentent de réduire la part des activités manufacturières et des exportations et de renforcer celle de la consommation et des services. Le secteur des services représente aujourd'hui plus de la moitié de la croissance du PIB chinois.

Les entreprises fortement exposées à l’économie intérieure sont moins sensibles à l’évolution de la croissance mondiale et des cycles des taux d'intérêt. Elles sont également davantage immunisées contre les effets néfastes de la guerre commerciale. Les actions A chinoises peuvent donc apporter de précieux avantages de diversification à un portefeuille.

Les investisseurs disposés à faire fi de la guerre commerciale et à se concentrer sur les opportunités à long terme auront donc toutes les armes en main pour profiter de la croissance future de la consommation en Chine.

Une première version de cet article a été publiée par Wealth Management le 11 juin 2019.