La Chine, un cas particulier parmi les marchés émergents

Joanne Irvine, Aberdeen Standard Investments

2 minutes de lecture

Comme à peu près tout le monde, les marchés émergents ont dû faire face au choc du coronavirus en mars.

Après avoir perdu près d’un tiers de leur valeur début mars, les cours des actions émergentes se sont toutefois partiellement redressés vers la fin du mois. Les mesures de relance monétaire et budgétaire à grande échelle promises par les Etats-Unis ont mis fin à la baisse, mais malgré tout, les actions émergentes ont connu un début d’année 2020 particulièrement chaotique. Globalement, elles ont terminé le premier trimestre en recul de 23,6% en dollars. En revanche, prises isolément, les actions A chinoises ont mieux résisté. Bien que la Chine ait été à l’origine de la pandémie, elles n’ont perdu que moitié moins.

La Chine a rapidement réagi pour maîtriser le virus. Si quelques pays émergents, en particulier en Asie, ont très tôt instauré un confinement, certains autres ont été plus lents à réagir. Par conséquent, même si la plupart des pays émergents renforcent leurs mesures de confinement, le coronavirus continuera selon nous à se propager. 

Les supports

Les Etats-Unis ne sont pas le seul pays dont le gouvernement et la banque centrale ont réagi pour contrer les dommages économiques causés par le virus. Afin d’éviter une spirale baissière menant à une crise financière, les banques centrales ont procédé à d’importantes injections de liquidités sur les marchés. Dans le même temps, les autorités de régulation ont assoupli les règles relatives aux fonds propres des banques et les gouvernements ont mis en place d’importants mécanismes de garantie des prêts.

Néanmoins, les économies émergentes ont jusqu’à présent adopté des mesures de relance monétaire et budgétaire plus limitées que celles mises en place dans les pays développés. Les banques centrales des marchés émergents se sont montrées plus enclines à assouplir leur politique que par le passé. Mais dans un contexte où les investisseurs sont moins disposés à prendre des risques, nombreuses sont les devises émergentes à être mises sous pression. Les banques centrales doivent donc aussi essayer de contrer la fuite des capitaux.

La Réserve fédérale américaine (Fed) est toutefois intervenue en apportant une aide extérieure. Elle a mis en place des facilités d’accès à la liquidité en dollars pour les marchés émergents permettant aux banques centrales étrangères d’utiliser des lignes de swap pour échanger des bons du Trésor américain contre des dollars.

Ces dernières années, le contexte en matière d’inflation a été relativement favorable dans la plupart des pays émergents. Mais l’inflation importée, conséquence possible d’une monnaie faible, pourrait être une source d’inquiétude pour certaines banques centrales. Deux facteurs devraient toutefois apaiser ces craintes. Le premier est la forte baisse du prix du pétrole. Le second est que, selon nous, la crise du COVID-19 aura probablement des conséquences désinflationnistes.

Il faut souligner que de nombreux pays, entreprises et ménages des marchés émergents sont en meilleure santé financière qu’ils ne l’étaient au début des crises précédentes. Pour la plupart des pays asiatiques, la baisse du prix du pétrole est une bonne nouvelle. Si les pays riches en pétrole, quant à eux, en souffrent, certains — comme la Russie avec son fonds souverain — disposent de réserves pour les aider à surmonter les périodes de baisse de prix.

De nombreux pays, entreprises et ménages des marchés émergents sont
en meilleure santé financière qu’ils ne l’étaient au début des crises précédentes.
La voie à suivre en Chine

Nous sommes bien plus confiants quant à notre exposition aux actions chinoises. Ce pays nous laisse entrevoir la voie à suivre. Grâce aux mesures de confinement extrêmes mises en place, la propagation du virus va être maîtrisée et l’activité va lentement revenir à la normale. Malgré tout, les difficultés économiques vont se ressentir immédiatement. Au moment où nous rédigeons cet article, très peu de nouveaux cas de COVID-19 ont été signalés dans le pays. Parallèlement, la production manufacturière a largement repris. A Shanghai, l’activité est presque revenue à la normale, avec une réouverture progressive des magasins et une augmentation régulière de la circulation.

Les tendances technologiques telles que le Cloud, l’intelligence artificielle et la 5G sont toutes en pleine accélération grâce à la généralisation du travail à domicile. Les entreprises de jeux en ligne et les réseaux sociaux sont en plein essor, avec un engouement croissant de la part des utilisateurs. Enfin, en raison du confinement généralisé, la tendance à délaisser les magasins physiques au profit du commerce électronique est encore plus marquée.

Qu’en est-il des valorisations?

Dans l’ensemble, nous pensons que les actions des marchés émergents ont migré en territoire value. Néanmoins, les statistiques économiques des prochains mois révèleront probablement un choc extrêmement grave. Et pour certains marchés émergents, le coronavirus n’en est encore qu’aux premiers stades de sa propagation. Compte tenu de tout cela, la volatilité devrait, selon nous, se poursuivre.