L’eau en crise – Recherche de solutions

Pauline Grange, Columbia Threadneedle Investments

3 minutes de lecture

Le monde se trouve dans une crise hydrique.

Sur l’ensemble de la planète, nous avons soit un manque d’eau (sécheresses), soit trop d’eau (inondations), soit une eau trop toxique.

Le dérèglement climatique et plusieurs autres facteurs menacent l’accès à une eau propre et sûre. Il s’agit là d’une crise qui ira en s’accentuant. D’un rapport de 2023 sur les crises hydriques, il ressort que 25% de la population mondiale est chaque année confrontée à un stress hydrique extrêmement important et qu’elle épuise pratiquement en permanence la totalité de ses réserves en eau. Et au moins 50% de la population de la planète, à savoir environ quatre milliards de personnes, vit au minimum un mois par année dans un stress hydrique extrême.

Ce sont des chiffres inquiétants, mais il est souvent difficile d’appréhender l’ampleur du problème, jusqu’au jour où on en fait personnellement l’expérience. C’est ce qui nous est arrivé lors de vacances passées en Andalousie, en février de cette année: durant une randonnée, nous avons longé le lac de retenue El Chorro, près de Malaga, qui avait plutôt l’aspect d’une mare bourbeuse. Son taux de remplissage de moins de 17% - le niveau le plus bas jamais enregistré - se situait largement au-dessous des 60% que l’on mesure habituellement en cette saison. Le sud de l’Espagne traverse une période de sécheresse de plusieurs années, accompagnée de restrictions de plus en plus sévères sur le plan de l’utilisation de l’eau, ce qui engendre des craintes croissantes quant aux répercussions que cela aura sur la saison touristique.

L’Espagne n’est pas un cas isolé: les chiffres publiés par l’Organisation météorologique mondiale à propos des températures records enregistrées en 2023 laissent prévoir une accentuation des sécheresses sévissant depuis plusieurs années en Amérique du Sud, en Afrique et dans le bassin méditerranéen. Les inondations sont également devenues plus fréquentes, car la hausse des températures des océans entraîne un accroissement des intempéries dangereuses.

Les effets du dérèglement climatique sont aggravés par la poussée démographique et l’urbanisation galopante, deux facteurs qui pèsent également lourdement sur nos infrastructures hydriques. Cette situation est aussi la conséquence de décennies de sous-investissement de l’Etat dans les réseaux de distribution d’eau. Selon les estimations, environ 30% de l’eau des systèmes hydriques mondiaux est perdue en raison d’infrastructures obsolètes et de l’utilisation dispendieuse qui en est faite - c’est-à-dire une quantité qui suffirait à approvisionner deux milliards de personnes supplémentaires en eau1!

Les grands consommateurs

Les coûts économiques de l’épuisement de l’accès à une eau de qualité sont directement perceptibles, car l’eau est une matière première essentielle pour de nombreux secteurs de l’activité économique. L’agriculture est responsable d’environ 70% de la consommation d’eau douce dans le monde. L’énergie hydraulique a une part de 15% dans la production mondiale de courant électrique2. Par ailleurs, dans la production industrielle, dans le secteur de la construction, dans l’extraction et la transformation des matières premières et dans différents domaines technologiques, l’eau joue également un rôle important - de la fabrication des semi-conducteurs employés dans les appareils électroniques au refroidissement des centres de données qui abritent les échanges sur Internet. Compte tenu de la raréfaction de l’eau propre, il est évident qu’aussi bien les pouvoirs publics que les entreprises privées doivent investir dans la recherche de solutions permettant de favoriser un cycle de l’eau plus large et plus efficace. Le recyclage des eaux usées doit devenir la norme, et en raison de l’importance du sujet, chez Columbia Threadneedle Investments, nous nous engageons activement dans ce sens auprès des entreprises, tant du point de vue écologique que financier.

Plus d’un problème

La pénurie d’eau n’est toutefois pas le seul problème - la qualité de l’eau est également inquiétante. En 2023, par exemple, seuls 14% des cours d’eau du Royaume-Uni présentaient un état écologique satisfaisant3. Les substances alkyles per- et polyfluorées (PFAS) sont en effet utilisées dans un grand nombre de procédés de fabrication et de produits, y compris les emballages plastiques. Quand elles parviennent dans l’eau, ces «substances chimiques éternelles» ne se décomposent qu’au bout de milliers d’années. Or, elles sont mises en cause dans toute une série d’effets négatifs sur la santé et la biodiversité. Partout sur la planète, les gouvernements commencent à édicter des prescriptions plus sévères en vue d’éliminer les PFAS de l’eau potable, ces substances que l’on considère désormais comme le «nouvel amiante». Les entreprises qui ne se conforment pas à ces prescriptions pourraient être amenées à supporter d’énormes frais de justice et d’assainissement.

Les gouvernements et les entreprises prennent de plus en plus conscience des risques économique occasionnés par le stress hydrique, et ils font l’objet d’une pression politique grandissante pour qu’ils s’attèlent à la résolution de cette crise. C’est pourquoi un grand nombre de pays augmentent désormais les moyens financiers engagés dans leurs systèmes d’approvisionnement en eau. À une époque où les sécheresses et les inondations affectent de plus en plus fréquemment les Etats-Unis, le gouvernement de Joe Biden prévoit, dans le cadre de sa loi sur les infrastructures, d’investir plus de 1’000 milliards de dollars dans l’assainissement du système vétuste d’approvisionnement en eau du pays.

Aujourd’hui, l’eau est sans doute la ressource la plus sous-évaluée du monde - en effet, nous y consacrons comparativement très peu d’argent, mais les effets qu’elle a sur notre vie et sur notre environnement sont incommensurables quand nous sommes dépourvus d’accès à de l’eau propre et sûre. Heureusement, le monde semble peu à peu s’en rendre compte et se résoudre à réaliser les investissements nécessaires pour préserver cette précieuse ressource.

 

1Global Water intelligence report, mai 2021.
2Our World in Data, février 2024.
3UK Government, «State of the water environment indicator», mai 2023.

 

 

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