Jamais la devise «Realising Sustainable Values» n’a eu autant de sens

Michael Sieg, ThomasLloyd

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Dans l’optique d’un nouvel élan économique et social, le fait d’investir dans les infrastructures joue un rôle clé.

La pandémie de COVID-19 nous a tous déstabilisés et déclenché des angoisses existentielles pour nombre d’entre nous. Les dommages du recul abrupt et sans précédent de la production et du travail renvoient l'économie des années en arrière.

Étonnamment, cette pénurie générale entrouvre la perspective d’un environnement sans pollution. Pour la première fois depuis des décennies, l’Himalaya enneigé est à nouveau visible depuis certaines villes de l’Inde, des poissons frétillent dans les eaux limpides des canaux vénitiens et le ciel bleu se présente dégagé de toutes traînées de condensation.

Si nous voulons en finir avec les conséquences sociales et économiques de la crise, le défi sera de conserver ces «avantages collatéraux» tout en organisant un avenir plus durable, le tout sans pour autant sacrifier la croissance qui a permis depuis au moins 30 ans de créer des emplois, d’assurer des revenus et d’augmenter la prospérité sur tous les continents. En fin de compte, les dernières décennies ont fait reculer la pauvreté relative et absolue, augmenté l’espérance de vie générale et fait progresser l’éducation ainsi que les services de santé. Nous devons nous appuyer sur ces avancées sans détruire les bases sur lesquelles elles se sont établies.

La crise a engendré différents «chocs» économiques dont les effets simultanés se sont en outre tour à tour intensifiés et potentialisés. Le «choc de la demande» dû à des revenus qui se sont effondrés dans les foyers et à des résultats en berne dans les entreprises a été renforcé par un «choc de l’offre» planétaire, car le commerce international s’est lui aussi soudainement heurté à de nouvelles limites et à des interruptions de la libéralisation des biens et de la circulation des services. De plus, il est à prévoir qu’un «choc logistique» empêche la reprise de l’économie, car les entreprises doivent appliquer de nouvelles règles de distanciation sociale et directives sur les lieux de travail.

Nous aspirons tous à la sécurité, à la protection, à la résilience et au bien-être matériel – et exigerons toujours plus de ces critères de qualité de vie essentiels. Le respect de l’environnement, des ressources naturelles et de la santé écologique font partie intégrante d’un avenir marqué par la résilience.

Jusqu’ici, les méfaits de notre volonté de réussite commerciale ou personnelle ont été généralement ignorés ou sous-estimés par la société. En revanche, la crise du corona a particulièrement mis en lumière le bien-être commun et le respect des prestations des personnes et des entreprises qui ont fait barrage à la pandémie.

Nous avons à présent l’heureuse possibilité d’investir dans des infrastructures durables. Cela sous-entend de produire de l’énergie dans une perspective fiable et durable, de mettre à disposition de l’eau pure et propre, d’évacuer les déchets et les eaux usées en respectant l’environnement et de permettre une communication numérique ainsi que des voyages en toute sécurité.

La société du futur que nous avons aujourd’hui à bâtir tous ensemble ne doit pas opposer croissance économique et protection de l’environnement. Elle doit garantir des emplois de masse avec des salaires décents qui garantissent à tous les employés de pouvoir subsister sur le plan financier, et un système social qui tient compte de ceux qui n’ont pas la possibilité de subvenir eux-mêmes à leurs besoins sans qu’ils en soient responsables, par exemple en raison de leur âge ou de leur état de santé.

L’histoire montre que notre vie n’est uniquement pas déterminée pas les crises que nous traversons, mais surtout par notre façon d’y réagir. Dans ces temps troublés, nous gardons notre ligne de conduite, notre vision et l’espoir d’un avenir meilleur. Cela vaut tout autant pour les villages reculés d’Afrique, les mégalopoles d’Asie ou les petites villes tranquilles d’Europe de l’Ouest. Nous sommes tous plus ou moins concernés par le virus de la COVID, et recherchons tous des moyens qui nous aident à définir une «nouvelle normalité». Dans cette vision d’un nouvel élan économique et social, le fait d’investir dans les infrastructures joue un rôle clé. Ces investissements sont indispensables pour bâtir une société résistante et soutenir les actions qui ont été décidées. Les infrastructures sont sans nul doute cruciales pour le bon fonctionnement de la société et une économie moderne. Elles ont un effet bénéfique et direct sur la qualité de vie, et sont par ailleurs un indicateur de plus en plus important du progrès social.

L'énergie renouvelable, l’eau propre et l’air frais sont tout aussi importants pour la qualité de vie et la joie de vivre, mais un compromis entre économie et écologie n’a pas lieu d’être. Les deux peuvent coexister sans compromis.

Les investissements dans les infrastructures revêtiront une importance décisive pour la reprise qui nous fait face: ils assurent non seulement la fonction et les prestations de service que nous exigeons, mais peuvent également créer les emplois nécessaires pour structurer une société civilisée. Sans travail, il n’y a ni sécurité financière ni base sur laquelle les personnes peuvent s’appuyer pour bâtir leur avenir. Cette stabilité constitue notre meilleure ligne de défense contre les vides juridiques et le désespoir; elle doit à tout prix être au cœur de notre agenda de développement.

Les investissements dans les infrastructures créent des emplois, de la prospérité, du respect et de la dignité par l’allocation pertinente de capitaux de placement, l’augmentation de la productivité et la génération de revenus et de sécurité – autrement dit, ils constituent ensemble la base de notre prospérité à venir.

Jamais la devise «Realising Sustainable Values» n’a eu autant de sens – mettons la en pratique.