Investir avec le changement climatique

Pell George & autres, Barings

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Coup de projecteur de nos experts sur l’impact du changement climatique sur les marchés publics et privés.

Pell George: Le changement climatique va probablement jouer un rôle de plus en plus important dans les processus d’investissement dans les années à venir. Maureen, où les effets les plus importants, en termes de demande et de prix, se font-ils ressentir dans le cadre du marché immobilier?

Maureen Joyce: Le changement climatique est clairement revenu sur le devant de la scène avec l’atténuation des préoccupations liées au Covid-19 et à ses répercussions. A nos yeux, c’est au niveau de la demande que l’impact sur le marché immobilier sera le plus fort, avec des investisseurs qui commencent à identifier certaines activités qui leur paraissent plus exposées au changement climatique. Je pense qu’il faudra attendre le moment où les investisseurs commenceront à intégrer les coûts d’investissement supplémentaires nécessaires pour rénover des biens, afin de les rendre plus résilients face aux risques physiques, ou les coûts engendrés par un renforcement de la régulation pour voir un véritable impact sur les prix. Au fur et à mesure que les règlementations sont adoptées, les coûts d’investissement requis pour s’y conformer – ou les amendes qui découleraient de leur non-respect – devront être inclus dans la souscription et la valorisation des actifs. En revanche, je pense que nous allons commencer à voir une hausse des prix des actifs immobiliers à plus haute efficacité énergétique et hydraulique qui ont été construits, ou rénovés, dans l’idée d’être plus résistants au changement climatique.

Pell George: Pour rebondir sur l’aspect règlementaire mentionné par Maureen, Ashwinder – avez-vous constaté des effets similaires au sein des institutions financières? Certains actifs sont-ils en train de devenir essentiellement «non investissables»?

Ashwinder Bakhshi: La composante règlementaire est clairement de plus en plus prise en compte et c’est une tendance qui a véritablement débuté avec le charbon. De nombreuses banques et gestionnaires d’actifs ne veulent plus financer des mines de charbon ou des centrales thermiques. Cela a contraint le marché et ses régulateurs à se concentrer sur d’autres expositions résiduelles présentes dans les bilans des banques. La BCE a mené des simulations de crise en 2021 qui ont révélé qu’environ la moitié des bilans des banques européennes sont exposés à des risques physiques ou de transition liés au climat. Le Comité de Bâle et le Conseil de Stabilité Financière tentent actuellement de convaincre les régulateurs nationaux que le changement climatique représente un risque pour la stabilité financière. Cela encouragera les banques à être plus transparentes en ce qui concerne ces risques et à incorporer des scénarios de crise climatique dans leurs processus de gestion des risques. En fin de compte, la capacité (ou incapacité) du secteur bancaire à mettre en œuvre ces améliorations et à atteindre des objectifs à court et à long terme aura un impact sur la valorisation de leurs titres obligataires et de leurs actions.

Pell George: Maureen, quelles opportunités sont en train de se matérialiser dans le paysage immobilier?

Maureen Joyce: Nous investissons dans un nombre important de projets de développement et de rénovation et/ou de réaménagement à valeur ajoutée. Nous y voyons l’opportunité d’y construire les biens les plus efficaces, du point de vue de la consommation d’eau et d’énergie. Nous voyons aussi émerger des opportunités d’aller plus loin que les exigences minimales des codes de construction, pour faire face à la hausse des niveaux de la mer déjà au début du projet. Nous avons, par exemple, récemment inauguré le 10 Fan Pier, un immeuble de bureaux à Boston. Il s’agit d’un édifice LEED Platinum à la pointe de la technologie qui devrait nous permettre de fixer des loyers élevés à l’avenir. J’ai également mentionné le fait que nos ingénieurs ont développé un cadre pour amener les actifs vers le Net Zéro. Investir du capital pour garantir une plus grande efficacité est une étape importante pour rejoindre cet objectif de Net Zéro d’ici 2050. Nous y voyons une opportunité, car cela signifie que nous sommes en train d’investir dans des actifs qui pourront garder leur valeur, voire en revêtir davantage aux yeux des acheteurs et investisseurs futurs. En fin de compte, nos stratégies de sortie devraient nous permettre d’obtenir des valorisations intéressantes sur ces biens.

 

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