Ce mois-ci, nous nous intéressons à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les produits électroniques grand public, en particulier les ordinateurs personnels (PC portables ou non) et les combinés de téléphone mobile. Les lancement par Apple de l’iPhone 16, son dernier téléphone mobile, ou le salon Computex à Taïwan (la grand-messe des ordinateurs personnels) nous donnent en effet l’occasion d’évoquer l’adoption de l’IA dans des marchés publics de très grande taille. C’est donc «l’IA on the edge» (l’intelligence artificielle qui permet d’exploiter des plus petits modèles qui fonctionnent sur des terminaux légers, par opposition à «l’IA on the cloud», c’est-à-dire celle qui exploite de plus grands modèles qui ne peuvent pas fonctionner on the edge et ont besoin de la puissance du cloud pour fonctionner) que nous allons détailler ici.
Après l’infrastructure, le champ de bataille de l’IA se déporte vers le grand public
L’ouverture au public de ChatGPT en novembre 2022 a révélé que la technologie de l’IA (malgré des cas «d’hallucinations» largement raillés) était maintenant prête à une adoption par le plus grand nombre. Selon nous, cela s’explique notamment par le fait qu’interroger une IA (via ChatGPT ou d’autres modèles de langage lancés ensuite par les concurrents d’OpenAI) ne nécessite plus de compétences informatiques, l’interface se faisant désormais en langage naturel.
Pourtant, dans les mois qui ont suivi, nous avons surtout assisté à la construction des fondations de l’infrastructure IA, sans lesquelles l’IA ne peut se développer. Cela recouvre à la fois les serveurs informatiques qui hébergent les données (à partir desquelles les modèles de langage sont entraînés et répondent aux questions posées par les utilisateurs de l’IA), les processeurs et puces électroniques assez puissantes pour analyser des quantités croissantes de données, etc. Ce sont donc les semi-conducteurs et les équipements de réseaux et de stockage qui ont concentré l’essentiel des investissements, c’est-à-dire des solutions matérielles et logicielles installées au cœur des réseaux. C’est donc bien l’IA «core» qui a bénéficié de ces investissements et, en conséquence logique, de l’intérêt des investisseurs. Les grands modèles de langage (ex.Chat GPT, Claude ou Llama) forment eux la «super structure» de l’IA Générative.
Nous pensons qu’une des mutations polymorphiques de cette intelligence artificielle pourrait être dans un futur proche son déplacement vers les utilisateurs finaux de l’IA sur l’extrémité de ces réseaux de communication. C’est en effet là que les adopteurs de l’IA sont les plus nombreux, donc c’est là que le marché potentiel est le plus important. Ce déplacement vers la périphérie des réseaux est donc, sans surprise, la nouvelle étape dans l’adoption généralisée de l’IA, qui est le but ultime visé par tous les grands acteurs de la Tech. Elle permettra l’utilisation de modèles de langage de taille plus réduite, mais agiles qui seront moins consommateur d’énergie.
Téléphones portables: les promesses alléchantes de combinés dopés à l’IA commencent…
Certains fabricants ont récemment lancé des nouveaux téléphones portables enrichis d’applications à base d’IA, par exemple les combinés de Google équipés de Gemini (un quasi-concurrent de ChatGPT). Sans vouloir favoriser un constructeur précis mais compte tenu du talent marketing dont Apple a fait preuve dans le passé, voici ce que nous retenons des annonces du géant californien le 9 septembre dernier, et les conclusions que nous pouvons en tirer pour «l’IA on the edge»:
- Applications nouvelles ou enrichies: Apple a notamment détaillé comment l’intégration de l’IA dans ses outils allait permettre non seulement de rédiger un texte (ex. un email), mais aussi quasi-instantanément de changer son style (plus ou moins informel), de le traduire ou de le corriger. De même, l’IA va être intégré dans l’iPhone 16 pour permettre la création d’émoticônes et d’images personnalisées, c’est-à-dire à partir des photos prises et stockées par l’utilisateur dans son téléphone, voire même sur la base d’un schéma simplifié ou d’une description sommaire rédigée par l’utilisateur et décrivant l’effet final recherché. Le navigateur Web d’Apple (Safari) devrait, lui, bénéficier de l’IA pour résumer des pages Web. Même si ces exemples ne représentent pas forcément des applications nouvelles révolutionnaires, ils confirment notre conviction que l’IA a vocation, au moins pour les prochaines années, de simplifier la vie de l’utilisateur dans des besoins simples, mais fréquents, à la fois sur le plan professionnel (gains de productivité) et personnel.
- Confidentialité des données: Apple a insisté dans sa conférence sur le fait que l’IA intégrée dans l’iPhone 16 ne transmettrait pas les données de l’utilisateur. Elles restent stockées dans son espace personnel Apple. Dans le cas où la requête formulée nécessiterait une analyse plus importante (et donc une IA dotée d’une puissance de calcul plus importante que celle résidant dans le combiné), Apple demanderait le consentement explicite de l’utilisateur pour transmettre ses données à un «cloud» externe. Ce point est clef dans le débat actuel sur la propriété des données personnelles et leur sécurité (et Apple en fait logiquement un argument marketing à son avantage). Il montre que l’IA peut ne pas être centralisée et répond, au moins en partie, à des inquiétudes légitimes et largement répandues. Au passage, Apple, en affirmant que ses modèles d’IA sont entraînés sur des données pour lesquelles il a obtenu un accès légal et explicite («licensed data»), répond aussi aux réclamations croissantes des fournisseurs de contenus (notamment les groupes media). Ces annonces sont de nature à abaisser certaines barrières et certaines réticences à l’adoption de l’IA.
- Modèles de langage: Apple avait déjà annoncé un partenariat avec OpenAI, la maison-mère de ChatGPT, pour permettre à ses clients possesseurs d’un iPhone, d’une tablette iPad ou d’un ordinateur iMac, d’accéder à une autre IA que le modèle propriétaire d’Apple. Cette annonce avait quelque peu surpris, OpenAI comptant Microsoft comme son principal actionnaire. Mais ce partenariat ne semble plus exclusif : Apple devrait à terme permettre à ses clients l’accès à d’autres modèles de langage concurrents, notamment Gemini (lancé par Google) ou ceux de Perplexity ou d’Anthropic. On le voit: ces annonces ont vocation à permettre d’élargir encore l’adoption de l’IA, en offrant aux utilisateurs un choix plus large d’IA avec laquelle interagir. Ceci est d’autant plus important que de nouveaux modèles de langage peuvent se développer dans le futur (y compris certains centrés sur un domaine précis, par opposition aux modèles généralistes cités ci-dessus).
Ordinateurs personnels: un combat similaire
Avant même les téléphones portables, les ordinateurs personnels (les «PC») sont aussi devenus un champ d’application de l’IA. Le terme de «AI PC» est ainsi apparu fin 2023. Il désigne cette nouvelle génération d’appareils, équipés de composants matériels (ex. des puces de type «NPU» pour «Neural Processing Unit») et logiciels spécifiquement conçus pour des applications et des tâches à base d’IA, lesquelles sont gourmandes en puissance de calcul et demandent donc ces éléments. Principalement, cela signifie de permettre à des modèles d’IA générative de fonctionner sur des PC personnels.
Le géant Microsoft a ainsi introduit son offre «Copilot+ PC», qui vise à intégrer et optimiser son assistant «Copilot» dans l’environnement Windows (son système d’exploitation et ses outils qui équipent la grande majorité du parc de PC dans le monde). Comme indiqué ci-dessus, Apple va aussi introduire Apple Intelligence non seulement dans ses téléphones iPhones, mais aussi dans ses ordinateurs iMac.
Comme pour les téléphones portables, l’introduction de l’IA dans les ordinateurs personnels ne va pas les révolutionner, mais servira à doper considérablement la productivité des utilisateurs. La liste d’utilisations potentielles (et, pour la plupart, actuelles) est longue: rédaction, traduction et édition de contenus originaux (textes, mais aussi musique, photos et vidéos), communication et organisation interne (résumés automatiques de vidéoconférences, génération de présentations de type Powerpoint, planification intelligente de réunions, attribution des tâches), l’analyse de données (ex. à des fins de gestion commerciale ou de recrutement), etc.
Conclusion: l’intégration de l’IA tout au bout des réseaux de communication ne fait que commencer…
Quelques chiffres donnent le vertige:
- On estime qu’aujourd’hui que dans le monde plus de 7,2 milliards de téléphones portables de type «smartphones» sont en fonctionnement (soit presque un smartphone par habitant sur la planète!), ainsi que 1,5 milliards d’ordinateurs portables et de bureau. Au total, 8,7 milliards d’équipements personnels sont en fonctionnement aujourd’hui dans le monde, soit plus que le chiffre de la population mondiale.
- En 2023, les ventes annuelles de ces équipements étaient respectivement de 1,3 et 0,2 milliards d’unités, ce qui donne une idée de la taille gigantesque du marché de remplacement.
Un tel marché ne peut laisser indifférents les fabricants de ces appareils, qui peuvent espérer un nouveau cycle de remplacement par le haut («upgrade cycle»), grâce à des appareils enrichis par de nouvelles fonctionnalités fondées sur l’IA, donc vendus plus cher. Mieux, l’IA constitue pour beaucoup de fabricants une chance nouvelle de (re-) gagner des parts de marché, sur des marchés sont devenus matures. Rappelons par exemple que les ventes de PC dans le monde ont baissé de 14% en 2023, après une année 2022 déjà en baisse de plus de -10%. L’intégration de l’IA peut donc constituer une opportunité salvatrice pour certains constructeurs d’équipements électroniques personnels. Leur intérêt pour intégrer l’IA «on the edge» ne devrait donc pas diminuer, contribuant ainsi à une adoption plus large de l’IA.
Aucune des sociétés citées ci-dessus ne constitue une recommandation d’investissement
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps.
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