Encourager les loisirs durables

Martyn Jones, Liontrust

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L’industrie des loisirs a un rôle clé à jouer dans une économie plus durable.

Chez Liontrust, notre processus d’investissement durable repose sur deux piliers. Le premier privilégie les entreprises qui contribuent à un avenir plus propre, plus sain et plus sûr. Quant au deuxième, il est notamment composé de thèmes liés au bien-être physique au moyen de médicaments révolutionnaires, de meilleurs régimes alimentaires et de l’exercice physique. Pour nous, la santé mentale est tout aussi importante si nous voulons profiter de ce monde qui s’améliore et l’industrie des loisirs a un rôle clé à jouer dans une économie plus durable en aidant les gens à se détendre et à profiter d’une vie plus épanouissante.

En tant que thématique d’investissement, les loisirs sont difficiles à analyser en raison de l’étendue de leur définition. En effet, ils englobent tout depuis un voyage autour du monde jusqu’à l’écoute de musique ou la lecture chez soi. En outre, tout comme le coût de ces activités varie, il en est de même pour leur profil de durabilité. Toutefois, une chose est claire: rien qu’au Royaume-Uni, le marché des loisirs pèse environ 117 milliards de livres sterling (soit 7% du PIB selon un rapport de Deloitte de 2016) et le secteur attire 50% de dépenses discrétionnaires de plus que le commerce de détail et enregistre une croissance deux fois plus rapide.

Nombre des entreprises que nous apprécions au sein de ce secteur contribuent à la transition vers une économie plus fondée sur l’expérience et ont un impact environnemental bien moindre que celui, par exemple, d’un voyage international.

Les loisirs faisaient auparavant partie de notre thématique «Favoriser des modes de vie plus sains», mais nous avons décidé de créer une nouvelle thématique distincte «Encourager des loisirs durables» pour clarifier notre raisonnement. Nous ne prétendons pas, par exemple, que les sociétés de musique (nous avons ajouté Spotify et CTS Eventim à nos portefeuilles en 2020) permettent aux gens d'être «en meilleure santé», mais les loisirs jouent un rôle de plus en plus important dans l’économie et ont un impact bénéfique sur le bien-être mental.

Les priorités en matière de dépenses sont un bon indicateur de la croissance structurelle, en particulier parmi les jeunes générations, et les génération millénium a une nette préférence pour les expériences plutôt que pour l’achat de choses tangibles. Nous pensons que cette tendance pourrait s’amplifier dans le contexte de la réévaluation générale des priorités insufflée par la Covid-19, en créant une économie de plus en plus fondée sur l’expérience et de moins en moins sur la consommation matérielle traditionnelle.

La musique est une composante importante des loisirs et de la culture depuis des millénaires; quoi que pensent les générations successives des goûts de leurs enfants, l’écoute de la musique est un passe-temps positif et indispensable à l’expérience humaine.

Prenons l’exemple de la plateforme audio Spotify qui a fait son entrée dans nos portefeuilles en juillet de l’année dernière. D’un point de vue général, en permettant d’éliminer les millions de tonnes de plastique employées pour les CD, les vinyles et les appareils utilisés pour les lire, le passage de la musique au streaming numérique est un élément positif évident. Les impacts sur l’environnement sont également beaucoup plus faibles dans la mesure où les services de streaming fonctionnent à partir de serveurs alimentés en énergie renouvelable qui sont exploités par Amazon et Google.

Spotify est le no 1 mondial du streaming musical avec près de 300 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans plus de 70 pays, gagne des utilisateurs à un rythme plus rapide que ses plus proches rivaux Apple et Amazon et parvient à les maintenir plus connectés.

Cette activité est toutefois sujette à controverse. Spotify est notamment critiquée pour le fait que les artistes ne reçoivent que 10% des revenus générés par leur production, mais ce qui est dû à des accords antérieurs avec les labels. Nous pensons que la technologie de streaming de Spotify a contribué à relancer l’industrie et à démocratiser légalement la musique. En outre, si l’on compare ces 10% à des revenus concrètement de zéro en raison du piratage, la situation est clairement plus favorable. Selon nous, une entreprise ne peut pas être tenue responsable à elle seule de la résolution des maux d’une industrie. Mais, Spotify va sans aucun doute devoir faire face à des critiques à mesure qu’elle deviendra plus dominante et doit jouer un rôle pour s’assurer que les artistes sont rémunérés équitablement.

Toujours dans le domaine de la musique, mais en passant aux événements en direct, nous avons également initié en 2020 une position sur CTS Eventim, la plus grande société européenne de billetterie pour la musique et le sport. Là encore, cette entreprise favorise la transition vers une économie plus fondée sur l’expérience et a un impact environnemental beaucoup plus faible en pilotant des outils pour aider les amateurs de musique à trouver des moyens de transport moins émetteurs de carbone pour se rendre à des événements et en revenir. Si l’action a concédé du terrain au cours des premières phases de la crise de la Covid-19, nous pensons toutefois que le marché a fondamentalement mal compris l’impact final sur l’entreprise. En effet, la plupart des événements ont été reportés, non annulés, et CTS n’a pas eu à déplorer de sorties d’argent importantes.