COVID: vers une immunité naturelle ou grâce à un vaccin

Daniel Koller, BB Biotech

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La pandémie continue de mettre sous pression les infrastructures de santé mondiales tout comme les populations et les économies.

Face à de grands défis dus à un potentiel de hausse substantielle, l'industrie du développement de médicaments a agi rapidement pour identifier les technologies et les composants susceptibles d'être utilisés à des fins préventives ou thérapeutiques contre le virus. En 2020, des efforts et une collaboration entre les scientifiques, l'industrie du développement de médicaments et les autorités réglementaires ont permis de mettre au point de multiples vaccins prophylactiques efficaces et sûrs. Après l'approbation des vaccins à ARNm, la priorité réside désormais sur les chaînes de fabrication et les défis logistiques pour permettre un déploiement étendu et une adoption à grande échelle des vaccins, afin d'accroître l'immunité de la population.

Les différences entre les pays en matière d'investissement et d'accès aux chaînes de production de vaccins ont jusqu'à présent abouti à des taux de vaccination très disparates à travers le monde, ce qui a permis au virus de se propager dans des zones non protégées. L’apparition et la propagation de nouvelles souches de virus sont plus inquiétantes. Pour gagner cette course contre la montre, il faut adopter une stratégie de vaccination mondiale efficace, de nouveaux vaccins préventifs complémentaires afin d’aider à accroître les moyens et efforts continus pour convaincre la population d’y adhérer. 

Les nouvelles souches comme celles du Royaume-Uni, du Brésil ou de l'Afrique du Sud démontrent déjà que les vaccins ne peuvent pas maintenir un niveau de protection élevé pour tous les variants en circulation. Les principaux acteurs dans le domaine des vaccins, comme Moderna, ont déjà exposé leurs stratégies afin adapter la composition du vaccin et améliorer spécifiquement les niveaux de protection contre ces souches, que ce soit par un rappel comme une troisième injection ou par le développement de nouvelles versions du vaccin. La difficulté de s'adapter rapidement à une situation en mutation prouve que la technologie et la structure de l'ARNm sont particulièrement bien adaptées pour réagir plus vite que les vaccins traditionnels.

Les principales questions soulevées actuellement sont les suivantes: 

  1. la dynamique entre l'immunité naturelle, l'immunité amenée par le vaccin et la résistance virale nécessitera-t-elle une adaptation continue du vaccin, comme c'est le cas pour la grippe saisonnière? 
  2. si oui, à quelle fréquence un rappel sera-il nécessaire? 
  3. pour quelles catégories de personnes? 
  4. sur combien de temps? 

Le scénario de la grippe saisonnière, dont la propagation caractéristique entre les hémisphères nord et sud est peut-être unique, est en fait un mauvais indicateur en tant que modèle à long terme si l'on considère l'efficacité moyenne relativement faible du vaccin (30 à 50%) et le taux de mutation nettement plus élevé par rapport au CoV-2 du SRAS en raison de l'absence de mécanismes de réparation génétique. 

Nous sommes surpris par l'émergence aussi précoce d'une souche partiellement résistante aux vaccins, bien qu'il s'agisse probablement d’une réaction de mutation face à l'immunité naturelle plus large acquise par certaines populations, comme en Afrique du Sud. Il semble très difficile d'évaluer la variété des différences possibles que la protéine pourrait occuper par variation de mutation, en évitant les anticorps préalablement amenés par une infection naturelle ou une vaccination, tout en conservant la capacité de se fixer efficacement au récepteur humain ACE2.

Dans l'ensemble, la pandémie continue de peser lourdement sur le système de santé, de nombreux domaines de la santé étant toujours mal desservis et financièrement limités. Les conséquences de cette situation deviendront plus évidentes dans les années à venir, notamment les implications dues à un diagnostic tardif et à l'absence de mise en place de traitements médicaux importants. Durant la pandémie, la FDA et d'autres organismes de réglementation dans le monde entier ont travaillé ensemble de manière assez efficace et plus de 50 nouveaux médicaments ont été approuvés aux États-Unis en 2020. Nous nous attendons à un nombre important d'approbations en 2021, dont plusieurs proviendront des entreprises sélectionnées dans notre portefeuille BB Biotech. Pour les autorités réglementaires et l'industrie du développement de médicaments, la courbe de progression a été abrupte pendant la pandémie et nous espérons que certains de ces enseignements pourront être mis à profit à l'avenir.