COVID-19: un catalyseur nécessaire pour le changement innovant

Pieter Busscher, RobecoSAM

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En période de stabilité, le changement innovant est progressif. Des chocs soudains peuvent cependant accélérer le changement.

Bien que le COVID-19 ait corseté de nombreux secteurs à court terme, à long terme, les dégâts et les tensions causés par la rupture des chaînes d’approvisionnement et les mesures de confinement obligatoires devraient se traduire par un regain d’intérêt des investisseurs pour les technologies innovantes.

Réduire les risques de perturbations

Des semaines de fermeture des usines et de perturbations des chaînes d’approvisionnement ont mis en lumière les lacunes opérationnelles du secteur manufacturier et montré à quel point il a besoin de s’adapter à un environnement commercial en rapide évolution – un environnement encore pénalisé par les conséquences d’un conflit commercial encore âpre entre les États-Unis et la Chine. Ensemble, ces forces puissantes accélèrent la transition vers les technologies intelligentes et la réinvention du secteur manufacturier. L’idée d’une relocalisation de la production industrielle gagne du terrain dans certains pays et s’accompagne d’un regain d’intérêt pour l’automatisation et la robotique.

Le contrôle des coûts est l’un des moteurs de cette tendance; la conformité réglementaire en est un autre. Le souci de contenir la «prochaine vague» peut se traduire par des fermetures d’entreprises plus fréquentes et des mesures de distanciation physique plus permanentes, afin d’empêcher la transmission et de protéger le personnel travaillant dans les usines. Les fabricants qui souhaitent éviter les périodes d’interruption investissent dans des outils de pilotage basés sur les données qui permettront non seulement de surveiller et de contrôler à distance les conditions dans les usines, mais qui offriront également une analyse avancée sur toute une série d’aspects opérationnels et de maintenance qui amélioreront la vitesse et la qualité de la production.

Des logiciels qui aboutissent à de meilleurs produits et une flexibilité accrue, sur une plus grande échelle

La maintenance du matériel et des actifs lourds associés à la transformation et à la fabrication industrielles est inefficace. Dans un monde post-COVID, la priorité sera donnée à la réduction des coûts, à l’augmentation de la productivité et à la mise au point de systèmes résilients qui supportent les chocs (tout en restant flexibles). L’industrie manufacturière et la production sont pourtant encore dominées par des processus rigides, mécaniques et physiques. Bien que la robotique et l’automatisation constituent une première étape dans la lutte contre ces inefficacités, elles ne sont que des manifestations extérieures de contrôles réalisés par des logiciels encore plus sophistiqués. En outre, les logiciels ont l’avantage d’être modulaires et hautement adaptables, ce qui accroît la flexibilité des chaînes de production face à des circonstances changeantes et contribue à la résilience des systèmes dans leur ensemble.

La pandémie de COVID-19 a également fourni un terrain d’essai en temps réel pour démontrer les capacités d’autres types de technologies de fabrication. Les technologies 3D ont ainsi été utilisées avec succès pour produire équipements et matériel pour le secteur médical, notamment des masques de protection, des visières et des valves de respirateurs, lorsque les chaînes d’approvisionnement mondiales de ces articles se sont rompues. Cette rapidité et cette agilité pourraient révolutionner un secteur manufacturier caractérisé par des temps d’adaptation généralement longs.

Bannir le COVID-19 et le carbone des bâtiments

La distanciation sociale dans les espaces publics, les bureaux et les usines a produit des résultats efficaces pour ralentir la propagation de l’infection. Beaucoup s’attendent à ce que les mesures prises pendant le confinement se pérennisent même après la crise. À l’avenir, des efforts plus importants devraient être mis en œuvre pour maintenir des lieux de travail sûrs et dépourvus d’agents pathogènes pour les collaborateurs. Des capteurs non tactiles remplaceront les interfaces manuelles, et des systèmes modernes de purification et de ventilation de l’air remplaceront les unités de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) plus anciennes et obsolètes. L’intégration à l’intérieur d’un bâtiment de fonctionnalités plus sophistiquées de ce type augmentera encore la consommation d’énergie et l’empreinte carbone de l’«environnement bâti» – un environnement qui représente déjà plus de 36% de la consommation d’énergie et près de 40% des émissions des gaz à effet de serre (GES). Cela implique le passage à d’autres sources d’énergie, des combustibles fossiles aux énergies renouvelables, de se reposer davantage sur des matériaux de construction économes en énergie et de réduire le gaspillage énergétique par une meilleure isolation.

La réponse initiale au COVID-19 a déjà montré l’agilité de nombreux secteurs et leur capacité à s’adapter lorsque la situation l’exigeait. Toutefois, au lendemain du COVID, les pressions réglementaires et concurrentielles sans précédent auxquelles nous sommes confrontés devraient appeler des solutions tout aussi exceptionnelles axées sur l’efficacité des coûts et des ressources. Heureusement, un grand nombre des solutions nécessaires sont déjà disponibles.