Comment une lettre manuscrite peut mener au succès dans le secteur des petites capitalisations

Katharina Raatz, Berenberg

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Si les petites capitalisations ont tendance à surperformer les grandes capitalisations sur le long terme, la collecte de données est souvent un casse-tête chronophage.

La théorie de la «prime des petites capitalisations» est bien connue: les petites capitalisations ont tendance sur le long terme à surperformer les grandes capitalisations parce qu'elles ont une croissance des bénéfices et des flux de trésorerie plus élevée. Par conséquent, les investisseurs doivent vraiment comprendre et analyser les moteurs de croissance sous-jacents et structurels d'une société, en écartant le bruit des facteurs imprévisibles à court terme. Pour ce faire, les données financières publiées par l'entreprise et les réunions avec la direction sont des sources d'information cruciales. Cependant, l'obtention de ces deux types de données s'avère souvent plus difficile pour les gestionnaires de portefeuilles de micro et petites capitalisations que pour leurs collègues des grandes capitalisations.

Les gestionnaires de portefeuille consultent usuellement les rapports de recherche ou les présentations de l'entreprise aux investisseurs. Ils comparent ensuite les prévisions des analystes avec les leurs afin de déterminer si la valorisation d'une action est intéressante. Pour les actions de grande capitalisation, il est facile d'accéder aux rapports ou aux présentations des sociétés. Les sociétés publient régulièrement des informations destinées aux investisseurs et le font généralement en anglais. De plus, une action de grande capitalisation est en moyenne couverte par vingt analystes sell side qui intègrent rapidement toutes les informations disponibles dans leurs prévisions, lesquelles sont à leur tour rapidement reflétées dans les cours des actions.

Moins de couverture d’analyste

Cependant, pour les petites et micro-capitalisations le marché est beaucoup moins efficient. Une société à micro-capitalisation est en moyenne couverte par un seul analyste. Cette plus grande inefficacité du marché a un prix élevé pour les investisseurs, principalement sous la forme du coût en temps associé aux heures passées à rechercher les informations pertinentes. Plusieurs sociétés de ce segment ne publient pas la version intégrale de leurs rapports en anglais mais dans leur propre langue. La collecte d'informations constitue donc un obstacle à l'investissement dans les micro et petites capitalisations.

Les réunions de gestion avec les micro et petites capitalisations sont cruciales. Au lieu de lire des rapports de recherche, les gestionnaires de micro et petites capitalisations passent généralement un temps considérable avec les équipes de direction. Ces réunions sont l'occasion non seulement d'évaluer les avantages concurrentiels d'une entreprise et la qualité de sa gestion, mais aussi de comprendre son modèle d'entreprise, ce qui s'avère souvent difficile compte tenu des informations limitées. Cependant, contacter une petite entreprise peut poser d'autres problèmes. Dans certains cas nous avons essayé de contacter une entreprise à plusieurs reprises pendant six mois ou plus.

La meilleure anecdote, qui est certes un exemple très extrême, est celle d'une entreprise française dont la famille détient encore la majorité du capital. Après n'avoir pas réussi à contacter la direction par e-mail, nous avons essayé, conformément à notre processus habituel, de contacter la société par téléphone. La société avait un contact pour les relations investisseurs sur son site web mais il s'est rapidement avéré que ce numéro de téléphone nous dirigeait vers le département des ventes et que notre interlocuteur ne parlait que le français. Bien que nous ayons pu formuler notre demande en français, l'employé n'a pas été en mesure de la transmettre.

Une recherche d’informations chronophage

Après avoir répété nos appels sans succès, nous avons décidé que nous devions être plus créatifs. Nous avons écrit une lettre manuscrite au PDG afin d'exprimer notre intérêt pour une réunion avec la direction afin de discuter de la stratégie, des moteurs de croissance et du positionnement de l'entreprise sur le marché. Finalement, la lettre manuscrite est parvenue au bon destinataire et nous avons été récompensés par un appel de la direction un an après notre première tentative de prise de contact.

En conclusion, une sélection réussie de titres de micro et petites capitalisations tend à consommer plus de ressources que la sélection de titres de grandes capitalisations. La collecte d'informations et l'organisation de réunions sont plus difficiles au niveau des petites capitalisations, du moins pour certaines d'entre elles, mais on ne sait jamais si elles seront les plus performantes avant de les avoir étudiées. Pour réussir, les investisseurs doivent consacrer de longues heures à la recherche de PDG reclus ou à la traduction en anglais de documents d'investissement. Toutefois, la persévérance est souvent payante.