Cinq thèmes clés marquent l’année 2024

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Le taux d’inflation et la politique monétaire et fiscale sont deux grands sujets déterminants de la nouvelle année.

L'année 2023 n’a pas apporté de nouvelles surprises sur le front de l’inflation en Europe. 
Au contraire, il est étonnant que la prévision du consensus concernant le taux d’inflation moyen en Allemagne, en France et en Suisse soit déjà très proche de la valeur effective dès début 2023.

En revanche, le taux d’inflation chinoise en 2023 a grandement surpris. Mais pas dans le sens où on l’attendait: en janvier 2023, la prévision du consensus sur le renchérissement annuel moyen pour la Chine était encore de 2,3%. Fin 2023, la Chine était aux portes de la déflation. Une situation qui a entraîné des répercussions sur les économies européennes fortement exportatrices, les tendances déflationnistes entraînant un recul de la demande. En 2023, les volumes d’exportation de l’Allemagne et de la Suisse vers la Chine ont baissé par rapport à 2021. Les espoirs suscités par l’abandon de la politique zéro covid du gouvernement chinois fin 2022 ne se sont donc pas concrétisés. En revanche, les données économiques américaines et françaises ont livré de bonnes surprises. Grâce aux fortes impulsions de la politique fiscale, ces économies ont pu échapper à la récession malgré la hausse des coûts de financement.

Selon nous, l’année 2024 sera marquée par cinq thèmes clés:

  1. L’économie mondiale sortira de son creux cyclique au cours de l’année. 
    L’Allemagne et d’autres économies européennes, actuellement au bord de la récession, profiteront également d’une reprise. Cette reprise de la dynamique conjoncturelle aura pour cause principale l’augmentation du revenu disponible réel des ménages et augmentera en cours d’année pour la première fois depuis 2021.
  2. Les objectifs d’inflation des banques centrales sont à nouveau à portée de main.
    En Suisse, le taux d’inflation se situe à nouveau dans la marge de fluctuation visée par la BNS, de 0% à 2%. Dans la zone euro également, le taux d’inflation devrait passer sous la barre des 2% au second semestre 2024. Nous prévoyons un taux d’inflation moyen de 1,7% pour la Suisse et de 2,1% pour la zone euro. Le pic du cycle de hausse des taux est donc derrière nous. Le marché s’accorde à penser que les principales banques centrales assoupliront de nouveau leur politique monétaire cette année. La baisse des coûts de financement devrait de plus soutenir la reprise au second semestre.
  3. Le vent tourne sur des politiques budgétaire et monétaire.
    L’économie mondiale bénéficie ainsi du soutien de la politique monétaire. Les promoteurs de projets et les investisseurs axés sur le long terme voient l’orientation future de la politique monétaire clarifiée. La normalisation prévisible de la courbe des taux rétablit la sécurité de planification tant attendue. En revanche, la politique fiscale aura un effet moins stimulant que lors des années précédentes. La croissance de l’économie mondiale sera inférieure à son potentiel à long terme, ce qui atténuera encore la pression inflationniste.
  4. Géopolitique: nouveau désordre mondial.
    Jamais dans l’histoire autant de pays n’auront tenu des élections qu’en 2024. L’élection présidentielle aux Etats-Unis captera l’essentiel de l’attention sur les marchés financiers. Les scrutins sur d’autres continents pourraient également aggraver le désordre géopolitique mondial. Cette tendance devrait maintenir la pression à la hausse sur le franc suisse et renforcer à long terme l’attrait de la Suisse en tant que pays d’immigration. Outre les nombreux scrutins, la guerre en Ukraine et le conflit au Moyen-Orient continuent de nourrir l’incertitude. La mise en danger de la route commerciale du canal de Suez rappelle le risque de rupture des chaînes d’approvisionnement.
  5. La Chine ne fera pas office de moteur de la croissance mondiale.
    Comme mentionné en introduction, la demande chinoise fait du surplace. Contrairement à la période post-crise financière, la Chine ne joue plus le rôle de locomotive de la croissance mondiale. En outre, dans certains domaines, tels que le développement et la production de véhicules à propulsion alternative, la Chine se mue en concurrent des principaux constructeurs occidentaux. Les exportations de marchandises suisses vers la Chine n’augmenteront que timidement au cours de l’année, et le nombre de visiteurs chinois dans les destinations touristiques européennes restera inférieur aux chiffres pré-covid.

Quelles seront les conséquences de la baisse des taux directeurs sur les marchés obligataires? Partant des niveaux actuels, nous tablons sur une légère baisse des taux d’intérêt sur les obligations d’Etat à 10 ans aux Etats-Unis, et sur un recul en Europe. Cette prévision s’explique principalement par la faiblesse conjoncturelle actuelle. En Suisse, les taux d’intérêt ont déjà fortement baissé et devraient donc évoluer latéralement au cours de l’année.

Compte tenu de la perspective d’une reprise économique et d’un environnement de taux plus favorable, les investisseurs devraient se tenir prêts à investir à nouveau davantage dans des classes d’actifs plus risquées au cours de l’année.