Actions asiatiques: se projeter au-delà des incertitudes

Aberdeen Standard Investments

5 minutes de lecture

L’année 2020 a été marquée par l’incertitude, dans un contexte où le monde se débat avec un virus sorti de nulle part, qui a ravagé les économies.

Ceux d’entre nous qui s’attendent à une rupture nette l’année prochaine risquent d’être déçus car cette incertitude va se prolongera en 2021.

Par exemple, le virus du Covid-19 va persister pendant plusieurs mois; des nuages noirs vont continuer d’assombrir les perspectives de la croissance mondiale. L’élection présidentielle américaine a désigné un vainqueur en la personne de Joe Biden. Mais Donald Trump a contesté la légitimité des résultats, sans toutefois apporter la moindre preuve. Son refus de reconnaître sa défaite menace une passation de pouvoir sans heurts.

Malgré cette incertitude, nous avons identifié quatre grands thèmes que les investisseurs devraient surveiller car ils recèlent à la fois des opportunités et des risques:

La Chine et l’autosuffisance

La volonté d’autosuffisance de la Chine s’accroît en raison des défis extérieurs auxquels le pays a été confronté en 2020. La précarité de l’offre durant les premières phases de la pandémie, la guerre commerciale avec les États-Unis et les perturbations dues à l’incapacité de Huawei d’accéder à la chaîne d’approvisionnement mondiale en semi-conducteurs (qui dépend largement des technologies américaines) ont mis à jour les vulnérabilités du pays.

Les efforts de la Chine pour devenir auto-suffisante s’orientent vers trois axes: la stimulation de la consommation intérieure, l’identification des nouvelles technologies, en particulier la technologie avancée des semi-conducteurs qui sous-tend les réseaux mobiles 5G, et la transition vers les énergies vertes.

Il y a quelques années, la Chine a commencé à stimuler la consommation et les services sur son marché domestique. Mais l’importance de la consommation intérieure pour son économie a été mise en évidence cette année, la demande extérieure ayant perdu de sa fiabilité suite à la pandémie mondiale.

Les ventes au détail, l’un des indicateurs de la consommation intérieure, ne se sont pas encore hissées au niveau qui était le leur avant la pandémie malgré le rebond consécutif à une chute significative. Comme dans d’autres régions du monde, les ventes en ligne ont augmenté et ont toujours le vent en poupe, même si la Chine sort à peine de l’apogée de la pandémie.

L’un de ses objectifs est d’être moins dépendante des combustibles fossiles. Elle produit du pétrole, mais elle en est aussi le premier importateur mondial. Le pays est donc vulnérable aux perturbations en matière d’approvisionnement en provenance de l’étranger, et c’est pourquoi il est à la pointe des investissements et de la recherche dans le domaine des énergies durables et d’autres formes de technologies vertes.

Le virage écologique

Nous avons constaté que les préoccupations environnementales croissantes dans de nombreux pays du monde suscitaient beaucoup d’introspection. Cela pourrait déboucher sur des politiques concrètes qui placeraient les économies sur des voies de développement plus durables.

Par exemple, le président chinois Xi Jinping a annoncé en septembre que le pays viserait la neutralité carbone d’ici 2060 – un objectif qui pourrait nécessiter quelque 15'000 milliards de dollars d’investissements.1Aux États-Unis, un nouveau gouvernement pourrait adopter, l’année prochaine, une série de mesures d’investissements respectueux de l’environnement à hauteur de 2000 milliards de dollars2.

Cela présente des opportunités d’investissement à long terme dans la chaîne d’approvisionnement des énergies renouvelables, laquelle soutient des secteurs tels que l’énergie éolienne, l’énergie photovoltaïque et les véhicules électriques. Un grand nombre d’entreprises de cette chaîne de valeur sont situées en Chine.

Par exemple, les fabricants chinois d’éoliennes et de batteries détiennent respectivement environ 26% et 78% du marché mondial, et le pays est responsable de 91% de la production de plaquettes de silicium (utilisées pour capter l’énergie solaire)3. La Chine réduit le risque énergétique en conservant la chaîne d’approvisionnement en énergies renouvelables à l’intérieur de ses frontières.

Pour la Chine, le virage écologique sera synonyme de décarbonation, la baisse de l’utilisation des combustibles fossiles provenant principalement des transports et de l’énergie. Elle a fait de gros paris sur les véhicules électriques (sa solution pour les transports) et les énergies renouvelables (sa solution pour l’électricité). La Chine est compétitive au niveau mondial et autonome dans ces deux secteurs.

Coronavirus

La pandémie conditionne encore les marchés du monde entier et continuera de le faire en 2021. Au moment où nous écrivons ces lignes, une nouvelle vague d’infections au Covid-19 dans les pays développés entraîne un regain de volatilité sur les marchés actions. Dans certains cas – comme en Angleterre, en France ou en Espagne – les gouvernements ont réagi en imposant de nouveaux confinements ou couvre-feux à l’échelle nationale.

La situation en Asie a été plus encourageante. La Chine, la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, l’Australie et la Nouvelle-Zélande – qui représentent ensemble plus de 85% de l’indice MSCI AC Asia Pacific ex Japan4 – devraient être moins affectés que plusieurs autres pays grâce à leurs réponses efficaces à la pandémie.

De nombreuses économies asiatiques ont combattu avec un certain succès les premières phases de la pandémie, et plusieurs d’entre elles commencent à assouplir leurs règles de confinement. Toutefois, nous considérons que des pays tels que l’Inde ou l’Indonésie sont soumis à des risques économiques.

Nous devons rester vigilants face à une recrudescence des infections dans des zones où la propagation du virus semble sous contrôle. Il n’y aura pas de solution permanente à ce virus, et au chaos économique qu’il engendre, tant qu’un vaccin sûr ne sera pas mis au point et distribué.

Soutien des pouvoirs publics

Les responsables politiques asiatiques ont beaucoup agi pour stimuler leurs économies, en utilisant des outils de politique monétaire et budgétaire. Mais ils l’ont fait avec modération. Par exemple, les banques centrales se sont montrées modérées dans leurs baisses des taux d’intérêt, conservant une marge de manœuvre pour de nouvelles réductions si elles s’avéraient nécessaires.

Les banques centrales asiatiques ont également acheté des obligations dans le cadre de mesures de relance non conventionnelles, souvent appelées «assouplissement quantitatif». Les programmes d’assouplissement quantitatif ont fortement marqué la crise financière mondiale il y a dix ans, et les gouvernements possèdent la latitude nécessaire pour avoir davantage recours à ce type de mesures de relance.

Les investisseurs doivent garder à l’esprit que les pays de la région sont généralement beaucoup mieux financés et gouvernés que lors des crises précédentes. La plupart des pays asiatiques affichent désormais un solde des opérations courantes plus solide et un ratio dette publique/PIB plus sain. Les bilans des banques et des entreprises sont également plus robustes.

En dehors de l’Asie, la rapidité et l’ampleur sans précédent des aides publiques coordonnées ont permis d’atténuer l’impact économique des confinements et ont apporté une aide vitale aux personnes dont les moyens de subsistance étaient menacés. Toutefois, ce niveau de soutien n’est pas viable et les économies et les marchés risquent de souffrir lorsque les pays mettront fin à ces politiques.

Conclusion

Les restrictions imposées à la liberté de circulation et à l’activité commerciale ont affecté les bénéfices des entreprises asiatiques cette année. Nous espérons une reprise de la croissance des bénéfices en 2021, mais cela dépendra de la capacité de la communauté internationale à vaincre le virus.

La région reste l’une des plus dynamiques au monde; elle affiche en effet des tendances de croissance structurelle qui continueront de jouer en sa faveur dans les années à venir.
Toutefois, l’Asie reste le berceau de nombreuses entreprises de bonne qualité, disposant de sources de bénéfices bien identifiées, d’un bilan solide et d’une trésorerie confortable. La région reste l’une des plus dynamiques au monde; elle affiche en effet des tendances de croissance structurelle qui continueront de jouer en sa faveur dans les années à venir.

Les investisseurs ne doivent pas perdre de vue les six thèmes d’investissement qui font la spécificité de l’Asie:

  • Aspiration – La prospérité croissante entraîne une hausse rapide de la consommation de produits haut de gamme dans des segments tels que l’éducation, les services financiers et les aliments et boissons de meilleure qualité.
  • Avenir numérique – L’adoption généralisée de la technologie est synonyme d’avenir radieux pour les jeux vidéo, l’Internet, les technologies de pointe et les services technologiques comme le cloud.
  • Bâtir l’Asie – L’urbanisation et l’essor des infrastructures devraient profiter aux promoteurs immobiliers et aux producteurs de matériaux, comme l’industrie du ciment.
  • Catalyseurs technologiques – Les chaînes d’approvisionnement technologiques régionales sont bien positionnées pour bénéficier d’une croissance structurelle liée au déploiement des réseaux mobiles 5G, du big data et de l’interconnectivité numérique.
  • Santé et bien-être – L’Asie abrite un large éventail d’entreprises à la pointe de la biotechnologie et de la technologie des dispositifs médicaux. Ces entreprises sont présentes dans les domaines de la recherche contractuelle, des soins respiratoires et du sommeil, des vaccins, des produits pharmaceutiques et des produits de diagnostic.
  • Virage écologique – Les entreprises asiatiques sont au cœur de cette mégatendance. La «parité du réseau» garantira une forte demande en énergies renouvelables et en batteries pour les décennies à venir. La protection de l’environnement et la gestion des déchets ont également un avenir prometteur.

 

1 Aberdeen Standard Investments Research Institute, L'importance de la région Asie-Pacifique: du rouge au vert, R. Gilhooly, S. Kochugovindan & Y. Dunga, 5 octobre 2020
2 site de la BBC, Joe Biden présente un plan de 2 milliards de dollars pour produire de l’électricité sans émissions de CO2 d’ici 2035, 14 juillet 2020
3 Sanford C. Bernstein, Bernstein Hydrogène: gagner de l’argent avec les piles à combustible – les leçons de l’énergie photovoltaïque, éolienne et des batteries,
4 octobre 2020 Bloomberg, MSCI, 17 novembre 2020
 
Les points de vue et conclusions exprimés dans ce document sont fournis à titre général et ne sauraient constituer un conseil en investissement ni une recommandation d'achat ou de vente de titres particuliers.
Les données citées dans ce document et attribuées à des tiers («Données de tiers») sont la propriété du (ou des) fournisseur(s) tiers (le «Propriétaire»), et Standard Life Aberdeen** est autorisé à les utiliser**. Les Données de tiers ne peuvent être reproduites ni diffusées. Les Données de tiers sont fournies en l'état et leur précision, leur exhaustivité ou leur caractère opportun ne sont pas garantis. Dans les limites consenties par la loi applicable, le Propriétaire, Standard Life Aberdeen** et toute autre tierce partie (y compris les tiers impliqués dans la fourniture et/ou la compilation de Données de tiers) déclinent toute responsabilité concernant les Données de tiers ou l'utilisation qui en est faite. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Ni le Propriétaire ni aucune autre tierce partie ne parrainent, ne soutiennent ni ne promeuvent le fonds ou le produit auquel se rapportent les Données de tiers.
**Standard Life Aberdeen désigne le membre pertinent du groupe Standard Life Aberdeen, à savoir Standard Life Aberdeen plc, ainsi que ses filiales et sociétés associées (directement ou indirectement) de temps à autre.