Avec l’urbanisation sans cesse croissante, un avenir durable est impossible sans une profonde transformation de notre façon de construire et de gérer les espaces urbains.
L’urbanisation sans cesse croissante est un sujet de conversation démographique depuis bien des années. Mais, des données des Nations Unies révèlent à quelle vitesse elle se produit véritablement. Aujourd’hui, environ la moitié (55%) de la population de la planète vit dans des villes, mais d’ici 2050, cette proportion devrait atteindre 68%.
Avec près de 6,5 milliards de personnes vivant dans de tels environnements d’ici 30 ans et nos villes actuelles émettant de 50% à 60% des gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial, un avenir durable est impossible sans une profonde transformation de notre façon de construire et de gérer les espaces urbains. Construire des villes meilleures est donc l’un des 20 thèmes d’investissement durable de Liontrust et sert en quelque sorte de trait d’union dans la mesure où les développements nécessaires s’étendent à de nombreux autres thèmes et englobent nos trois mégatendances: Une Meilleure efficacité des ressources (plus propre), l’Amélioration de la santé (plus sain) et une Plus grande sécurité et résilience (plus sûr).
Avant d’entrer dans le détail, il est utile de présenter le contexte: comme pour beaucoup de nos thèmes, le fondement est constitué par quelques chiffres assez alarmants, mais c’est aussi là que résident les opportunités. L’édition 2018 du document des Nations Unies intitulé «Révision des perspectives d’urbanisation mondiale» prévoit que plus des deux tiers de la population vivront dans les villes d’ici 2050. Ce mouvement continu des zones rurales vers les zones urbaines, conjugué à la croissance démographique globale, pourrait se traduire par 2,5 milliards de citadins supplémentaires d’ici là.
Cela impliquerait le doublement de l’environnement urbain et l’équivalent de 70 millions de personnes prenant la direction des villes chaque année au cours des trois prochaines décennies. Près de 90% de cette augmentation aurait lieu en Asie et en Afrique. La croissance rapide intervenue jusqu’à présent sous l’effet de l’augmentation de la population et des migrations a déjà conduit à un boom des mégapoles (les villes de plus de 10 millions d’habitants) dans les pays émergents. Dans un tel environnement, les bidonvilles deviennent une composante importante de la vie urbaine avec plus de 800 millions de personnes à travers le monde qui vivent actuellement dans de telles conditions. Et ce nombre risque d’augmenter de façon spectaculaire si rien ne change à l’avenir.
Les villes d’aujourd’hui n’occupent qu’environ 3% de la surface terrestre de la planète, mais ont un impact disproportionné sur l’environnement. En effet, elles sont à l’origine de pas moins de 60% des émissions de GES comme indiqué, mais elles consomment également les trois quarts de l’énergie primaire - et ces chiffres ne peuvent qu’augmenter. A l’inverse, les villes sont aussi le lieu où les gens peuvent souvent donner toute leur mesure et sont à l’origine de 75% du PIB mondial; lorsqu’elles sont bien faites, elles peuvent encourager une cohésion communautaire plus étroite et avoir, par leur nature même, un faible impact sur l’environnement.
Ce libellé «bien faites» est évidemment le point clé et le déterminant de notre thème Construire de meilleures villes qui se polarise sur les deux facteurs suivants: mettre en place actuellement des infrastructures destinées à les rendre plus efficaces et améliorer ce qui a été fait auparavant lors de la construction de nouvelles zones urbaines. De nombreuses villes dans les pays développés vont devoir investir dans des travaux de modernisation pour limiter les impacts environnementaux mais, dans une perspective plus large, le développement durable dépendra de plus en plus de la bonne gestion de l’urbanisation au niveau mondial. Pour preuve, les villes sont considérées comme l’un des quatre systèmes mondiaux susceptibles de pouvoir accélérer la lutte contre le dérèglement climatique, tant en termes d’atténuation que d’adaptation. Comme l’a indiqué le GIEC dans l’édition 2018 de son Rapport spécial sur les villes, «la science du climat doit être accessible aux responsables politiques urbains car, sans eux, il ne sera pas possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C».
La bonne nouvelle sur ce front est que les autorités municipales et les maires ont tendance à être plus progressistes que les gouvernements et forment déjà des coalitions telles que le C40 Cities Climate Leadership Group, une organisation qui rassemble 96 villes (dont Boston, Copenhague, Durban, Hong Kong, Jakarta, Londres, Los Angeles, Mexico, Milan, Paris, Séoul et Tokyo) représentant 25% du PIB mondial et un habitant sur 12 dans le monde. Fondée en 2005, l’organisation C40 s’emploie à lutter contre le changement climatique et à encourager les mesures visant à réduire les émissions de GES, ainsi qu’à faire progresser la santé, le bien-être et les opportunités économiques des citoyens urbains.
La comparaison de quelques villes de l’organisation C40 met en lumière les énormes différences qui existent encore aujourd’hui: si un habitant de Los Angeles, qui repose sur le concept d’expansion urbaine tentaculaire et sur l’hégémonie de la voiture, déménageait à Copenhague où environ la moitié des déplacements se font à vélo, il réduirait ses émissions de carbone de 75%. Il est également à noter que la plupart des grandes villes touristiques peuvent être explorées à pied: Paris, par exemple, possède ses arrondissements qu'on peut traverser en 20 minutes et le contraste avec une ville comme Los Angeles, dont la configuration est fondée sur un système à haute énergie, est frappant.
Comme le reflète le double objectif de l’organisation C40, construire des villes meilleures ne consiste pas seulement à s’adapter au changement climatique, mais également à les concevoir en veillant à ce que les avantages de l’urbanisation soient pleinement partagés et inclusifs. Les politiques de gestion de la croissance urbaine doivent favoriser l’accès aux infrastructures et aux services sociaux pour tous, en se concentrant sur les besoins de chacun en matière de logement, d’éducation, de soins de santé, de travail décent et d’environnement sûr.
Compte tenu de l’ampleur des investissements à réaliser dans le cadre du thème «Construire de meilleures villes», nous considérons ce dernier comme un excellent exemple de la manière dont l’emploi de capitaux aujourd’hui par des entreprises progressistes et durables peut définir et façonner le monde dont les gens hériteront et qu’ils habiteront à l’avenir.