La BNS vers un retour du taux à 0% ce jeudi

Georgios Leontaris, HSBC Global Private Banking et Premier Wealth

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Cela marquerait l’aboutissement d’un revirement remarquable des taux, qui étaient encore à 1,75% en mars 2024.

Nous nous attendons à ce que la Banque nationale suisse réduise ses taux de 25 points de base demain, ramenant ainsi le taux directeur à 0%. Cela marquerait l’aboutissement d’un revirement remarquable des taux, qui étaient encore à 1,75% en mars 2024. La Suisse a été la première parmi les pays du G10 à initier le cycle mondial d’assouplissement et a été saluée pour avoir été la première grande banque centrale à maîtriser l’inflation après la pandémie. Le principal défi n’est plus la persistance de l’inflation: l’inflation globale est devenue négative le mois dernier pour la première fois depuis plus de quatre ans. La BNS estime désormais que les risques pesant sur la croissance économique sont orientés à la baisse, bien que ses dernières prévisions tablent encore sur une croissance de 1,3% cette année et de 1,2% l’an prochain, malgré les négociations commerciales bilatérales et sectorielles toujours en suspens.

Les flux vers la Suisse en tant que valeur refuge se sont intensifiés au cours de l’année écoulée, en raison des tensions géopolitiques mais aussi d’une rotation plus récente hors des actifs américains. Le franc suisse a enregistré un gain de plus de +11% depuis le début de l’année, ce qui a contribué à freiner l’inflation réalisée et attendue. Bien qu’une baisse des taux demain soit pleinement anticipée par le marché, il est intéressant de noter qu’il existe une probabilité implicite de 23% sur les marchés des swaps que la BNS aille plus loin en abaissant davantage ses taux, ce qui ferait passer le taux directeur en territoire négatif.

Les obligations souveraines à deux ans se négocient déjà avec des rendements négatifs depuis les annonces des droits de douane américains en avril, ce qui illustre l’attrait de la sécurité et de la stabilité de la devise suisse en période d’incertitude. Cette popularité comporte cependant des aspects problématiques, car elle rend les importations moins chères et risque de faire encore baisser l’inflation importée. Cela a ravivé les discussions sur une éventuelle intervention sur le marché des changes ou un retour aux taux négatifs comme réponse potentielle à une force excessive du franc.

A notre avis, une seule publication d’inflation négative ne devrait pas suffire à justifier une baisse de plus grande ampleur demain, d’autant que le président de la BNS, M. Schlegel, a clairement indiqué qu’il se concentre sur l’inflation à moyen terme plutôt que sur des «données ponctuelles». Il a également déclaré par le passé que des taux négatifs ne sont pas souhaités, même s’ils ne peuvent être totalement exclus à l’avenir. Cela dit, un taux directeur négatif pourrait entraîner des coûts et des complications à la fois pour les autorités monétaires et pour l’économie, et nous ne pensons donc pas que la BNS se précipite vers une telle décision. Les déclarations sur la devise seront en revanche particulièrement scrutées lors de la réunion de demain. Après tout, la vigueur du franc a contribué à la baisse de l’inflation, et la tolérance à un renforcement supplémentaire pourrait s’émousser.

Bien que le taux directeur soit son principal instrument, la stratégie de la BNS pourrait également envisager d’autres outils tels que des interventions sur le marché des changes, son président ayant souligné que les coûts et les avantages de leur utilisation doivent être soigneusement évalués. Avec un taux directeur ramené à 0%, il ne restera que peu d’options dans l’arsenal de la BNS, et il est peu probable qu’elle les écarte à ce stade.

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