Réactions des marchés suite aux droits de douane américains

François Rimeu, Crédit Mutuel Asset Management

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Donald Trump a fait volte-face mercredi soir. Il semblerait que les turbulences des marchés ainsi que l’opposition grandissante au sein de son propre camp l’aient amené à faire preuve de davantage de souplesse.

Après avoir finalement mis ses menaces à exécution en appliquant des droits de douane très significatifs sur la grande majorité des économies mondiales, Donald Trump a annoncé hier soir une trêve de 90 jours pour permettre aux négociations d’avoir lieu.

Tous les droits de douane ne sont toutefois pas suspendus puisque 10% subsistent sur la quasi-totalité des importations américaines et que c’est aussi le cas des mesures spécifiques prises auparavant (sur l’automobile notamment).

Le président américain avait pourtant été très explicite quant à son inflexibilité et à la persistance des droits de douane, mais il semblerait que les turbulences des marchés ainsi que l’opposition grandissante au sein de son propre camp l’aient amené à faire preuve de davantage de souplesse. Précision importante, la Chine a le droit à un traitement spécifique puisque non seulement les droits de douane ne sont pas suspendus mais ils sont encore une fois revus à la hausse et s’établissent aujourd’hui à 125%.

Le rebond de marchés est très significatif au moment d’écrire ces lignes et traduit le soulagement des investisseurs quant au risque de récession à venir. Tout n’est pourtant pas réglé et l’impact sur le cycle économique ne sera de toute façon pas négligeable:

  • Une hausse de 10% des droits de douane est déjà significatif et aura des répercussions négatives. Empiriquement, une hausse de 1% de droits de douane se traduit par une hausse de 0,1% de l’inflation et une baisse de 0,1% de la croissance.
  • Les tensions avec la Chine sont toujours aussi vives ;
  • Les 90 jours à venir seront probablement encore marqués par des annonces contradictoires, des discours agressifs et, par conséquent, une volatilité persistante. Rappelons ici que l’incertitude est négativement corrélée à l’investissement et à l’emploi.

Nous écrivions dans notre lettre mensuelle écrite jeudi dernier (03/04) qu’il nous semblait que les marchés financiers n’intégreraient pas suffisamment le risque lié à la mise en place des droits de douane par les États-Unis. Nous avons ensuite communiqué en début de semaine que le risque nous semblait plus symétrique après la baisse violente des marchés.

Nous restons aujourd’hui sur un positionnement proche de la neutralité, légèrement défensif sans doute après les quelques prises de profits de la journée. Le rebond des marchés, très significatif, traduit une probabilité de récession à la baisse et confirme que le gouvernement américain n’est pas totalement immunisé à ce qui se passe sur les marchés financiers ; et c’est finalement peut-être ça le plus rassurant.

Il est également utile de rappeler que, si le commerce avec les États-Unis est évidemment important pour la croissance mondiale, il ne semble pas, selon nous, de nature à plonger la zone euro en récession. Les importations vers les États-Unis représentent 3,7% du PIB pour la zone Euro, ce qui devrait in fine engendrer un impact négatif sur la croissance plus important pour les États-Unis que pour la zone euro en cas de guerre tarifaire prolongée. Il est aussi probable que tous les pays disposant de marges budgétaires les mobilisent pour contrebalancer l’effet négatif sur la croissance de la politique américaine : la Corée du Sud, le Japon ou encore la Grande-Bretagne ont déjà formulé des commentaires allant dans ce sens.

Dans le document ci-dessous, vous trouverez nos convictions pour la fin de l’année 2025.

 

 

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