La valeur boursière de VZ Holding, qui a son siège à Zoug et est le leader du conseil financier indépendant en Suisse, s’élève à près de 6 milliards de francs. VZ VermögensZentrum emploie aujourd’hui plus de 1700 personnes. Ce qui semble remarquable pour un groupe créé en 1993 sous l’égide de Matthias Reinhart, actuel président du conseil d’administration et qui détient plus de 60% des actions, ainsi que de Max Bolanz. VZ est l’entreprise la plus rentable avec Partners Group (investissements sur les marchés privés, dont le private equity) dans le secteur financier coté en Suisse. Le bénéfice net consolidé a triplé lors des dix dernières années, concomitamment à un rendement des fonds propres (ROE) supérieur à 20%. Allnews fait le point avec Giulio Vitarelli, CEO du groupe VZ.
VZ va-t-il pouvoir maintenir la croissance des dernières années et celle de 2024 plus particulièrement?
Nous pensons qu’une croissance rentable de 10% des revenus par an en moyenne (+13,2% en 2024) demeure réaliste en Suisse, notre principal marché, et en Allemagne. Car il existe une forte demande en matière de conseil financier. Cependant, la croissance pour le groupe sera sans doute plus faible en 2025 que la moyenne à long terme, du fait d’un recul du résultat bancaire, c’est-à-dire de revenus d’intérêts plus bas, suite à la baisse des taux d’intérêt induite par la Banque nationale suisse (BNS).
Nous prévoyons cependant un retour au potentiel de croissance à long terme en 2026 et au-delà. Fondamentalement, l’évolution démographique, les réformes des retraites ainsi qu’une plus grande complexité du cadre légal et de la réglementation soutiennent la demande.
Le rendement des fonds propres restera-t-il durablement au-dessus de 20%?
Oui, aussi longtemps que nous augmenterons au même rythme ou mieux le bénéfice net que celui des revenus; avec une forte croissance et une maîtrise des coûts, soit un ratio coûts de personnel-revenus de 39% à long terme et entre 11% à 13% des autres coûts, à l’avenir. Tout en tenant compte par ailleurs d’un taux de distribution des bénéfices ou payout ratio de 50%. Les autres 50% étant réinvestis dans la croissance du groupe.
Nous privilégions la croissance organique, tout en la complétant, dans de rares cas et, le cas échéant, par des acquisitions complémentaires. Et tout en voulant maintenir à long terme une marge d’exploitation EBIT d’au moins 44% et une marge nette de 38%.
«Nous nous concentrons à l’étranger sur l’Allemagne, au potentiel intéressant, et le Royaume-Uni, qui présente des analogies avec la Suisse.»
Quel est le développement et le positionnement de VZ à l’étranger?
Nous nous concentrons sur l’Allemagne, car son potentiel est très intéressant, et sur le Royaume-Uni, qui présente des analogies avec la Suisse en matière de prévoyance, d’investissements et de planification financière.
En Allemagne, nous améliorons le ratio de conversion des clients du conseil vers nos plateformes. Nous venons d’ailleurs d’ouvrir une succursale à Berlin, ce qui est le premier pas d’une présence renforcée au Nord de l’Allemagne. Au Royaume-Uni, nous travaillons à accroître l’efficacité de notre marketing, nous intensifions le programme de formation des conseillers internes. Nous y avons pris la direction opérationnelle de Lumin Waelth au début de 2025, accélérant ainsi l’intégration de cette société, dont nous nous avons acquis 50,1% en 2021 et dont nous aurons 100% du capital en 2026.
Quel est l’avantage compétitif du groupe VZ?
Nos services reposent sur une expertise pointue dans les domaines qui recouvrent les retraites, les investissements, les successions, les hypothèques, les assurances, les impôts, la prévoyance, les affaires bancaires et les entreprises. Cette expertise permet de répondre à une multitude de questions que se posent les personnes ou entreprises qui nous consultent.
Nous commençons par une activité de conseil. Celle-ci peut déboucher sur une approche gobale et des mandats en matière de gestion de fortune et investissements, de prévoyance, de fiscalité, de succession, ou de financement hypothécaire.
Notre avantage réside dans le fait que nous prenons le contre-pied de nos concurrents en partant du conseil initial, qui est facturé au nombre d’heures, pour aboutir à un ensemble de services ainsi qu’à un afflux de capitaux et la conversion vers nos plateformes, si le client souhaite poursuivre avec VZ.
Nous ne partons pas des produits pour aboutir à un conseil plus global. Et nous choisissons de manière efficiente et indépendante les meilleurs produits tiers, en termes de rendement, risque et frais, qu’il s’agisse de fonds de placements, d’ETFs ou d’assurances par exemple. VZ ne vend pas de produits financiers propres et n’est pas non plus un intermédiaire. Il n’y a pas de conflits d’intérêt.
Votre personnel peut-il maîtriser tous ces champs de compétences?
VZ possède sa propre académie. Nous menons à travers notre politique de recrutement une formation de 24 mois pour les nouveaux conseillers. A cet égard, nous engageons non seulement des étudiants diplômés, mais aussi des personnes motivées plus âgées. Cette formation permet de maîtriser les différents éléments qui constituent notre offre.
D’autre part, VZ dispose de plusieurs centres de compétences suivant les différentes matières, dont les choix de produits d’investissement, les questions fiscales, les assurances, etc. Dans le but de saisir et satisfaire au mieux les besoins de notre clientèle.
Quel est l’impact de l’intelligence artificielle (IA) et de Bâle III sur l’évolution de vos affaires?
Nous utilisons l’IA en premier lieu pour une plus grande efficience de nos opérations. Nous ne l’utilisons pas au front avec les clients. L’IA ne remplace pas non plus notre processus de sélection des solutions et produits d’investissement. Dans le même temps, nous accentuons la digitalisation dans l’interaction avec la clientèle.
S’agissant de Bâle III, la gestion conservatrice de notre bilan, notamment avec ratio de fonds propres de base, CET1, supérieur à 25%, représente un avantage pour nous, car pour ce qui concerne les hypothèques que nous détenons au bilan, VZ a un rapport «prêt-valeur» ou loan-to-value ratio, qui est inférieur à 50%. Lequel s’avère donc meilleur que les standards habituels, ce qui est apprécié par le Comité de Bâle.
Votre politique de crédit est-elle donc prudente?
VZ n’accorde que des prêts hypothécaires résidentiels, et non des crédits d’entreprise. En outre, nous investissons essentiellement dans des obligations de qualité élevée. Nos liquidités nettes sont considérables.
Un coût du capital propre en dessous de la moyenne du marché est-il de ce fait réaliste?
C’est à vous de juger, mais la forte capitalisation du groupe VZ représente sur ce plan un avantage certain.
Envisagez-vous l’ouverture d’autres succursales en Suisse?
L’ouverture de trois à cinq succursales est prévue dans les deux à trois prochaines années, dont au minimum une en Suisse romande, à Yverdon sans doute.