Résilience dans un monde volatil

Matt Williams, aberdeen

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De l'IA à la transition énergétique, nous explorons pourquoi rester positif sur les marchés émergents dans un monde influencé par Trump.

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Perspectives 2025: vents contraires et vents favorables

Le consensus prévoit que 2025 pourrait être difficile pour les ME, avec le commerce, les taxes douanières et les taux d’intérêt pesant sur les perspectives. La déréglementation américaine et les réductions d’impôts pourraient renforcer le dollar, posant un défi pour les ME. Cependant, la faible détention d’actions des ME et des valorisations attractives offrent un potentiel de surprises positives. Les banques centrales et les gouvernements des ME ont démontré une discipline fiscale et monétaire robuste depuis plus d’une décennie. Des niveaux d’endettement sains des entreprises et des pays ont renforcé cette résilience.

Certaines promesses de campagne controversées de Trump, y compris les taxes douanières sur toutes les importations chinoises, se sont déjà matérialisées malgré leur impact potentiel négatif sur l’économie américaine. Les Etats-Unis ont mis en place un tarif de 10% sur toutes les importations chinoises. Le gouvernement chinois a rapidement annoncé des représailles de l’ordre de 10 à 15% sur les équipements énergétiques et agricoles américains, ainsi que des restrictions possibles sur les exportations de minéraux critiques. La réponse de la Chine a été ciblée plutôt que générale, ce qui pourrait réduire le risque d’escalade de la guerre commerciale. Des négociations sont possibles, bien qu’il soit incertain quel type d’accord chaque partie souhaite à ce stade. Il est également incertain si les menaces de Trump visent à réorganiser l’économie mondiale ou simplement à obtenir des concessions.

Les taxes de 25% des Etats-Unis sur le Mexique et le Canada ont été temporairement suspendues jusqu’à début mars. Cette pause est survenue après que les dirigeants des deux pays ont annoncé de nouvelles mesures frontalières visant à stopper le flux d’immigrants illégaux et de fentanyl. Cette réponse est conforme à nos attentes selon lesquelles Trump voit principalement les menaces de taxes douanières non-chinoises comme un levier de négociation.

Qu’en est-il de la Chine?

L’histoire a montré que le narratif selon lequel «les taxes de Trump sont mauvaises pour la Chine» n’est pas le principal moteur des rendements en Chine. L’impact direct de ces taxes était relativement modéré lors de la guerre commerciale de 2018. Après le choc initial, les marchés chinois ont rebondi de fin 2018 à mi-2021. Ce rallye a fléchi en raison de facteurs domestiques – politiques radicales dues au Covid, répression réglementaire et désendettement immobilier…De plus, après le premier mandat de Trump, les entreprises chinoises ont développé d’autres destinations pour leurs exportations, les rendant moins exposées aux taxes douanières. Parallèlement, la Chine a diversifié ses importations en renforçant ses liens avec les pays d’Asie centrale.

Des commentaires récents du gouvernement chinois suggèrent le lancement de mesures de relance budgétaire indispensables pour stimuler la consommation. Cela inclut les déclarations de Xi Jinping en décembre, affirmant que des mesures macroéconomiques «plus proactives» étaient nécessaires.

Les raisons de garder le cap

Les ME bénéficient de tendances microéconomiques favorables. Historiquement, leur performance était liée au cycle d’investissement mondial. Aujourd’hui, un nouveau cycle mondial de dépenses d’investissement, motivé par la technologie, la transition «verte», la réduction des risques de la chaîne d’approvisionnement et la demande intérieure croissante, crée des opportunités pour les entreprises des ME et renforce leur croissance bénéficiaire.

Les développements au Mexique, au Brésil, en Inde et au Moyen-Orient sont particulièrement encourageants. L’Inde se distingue par une croissance économique robuste, stimulée par le développement des infrastructures, un cycle naissant de dépenses d’investissement privées et une reprise progressive de la consommation rurale, soutenue par des politiques favorables aux entreprises.

Les Etats du Golfe sont restés relativement isolés des défis des ME de l’année dernière et des conflits régionaux. Ils bénéficient de l’arrimage au dollar américain et d’une forte croissance des bénéfices des entreprises.

Bien que le sentiment sur le Mexique soit négatif, nous pensons que les marchés ont déjà intégré une grande partie des mauvaises nouvelles. Il existe également de nombreuses entreprises mexicaines robustes et bien gérées dans lesquelles investir. Un effet inflationniste potentiel pourrait également limiter la capacité des Etats-Unis à saper le commerce avec le Mexique de manière trop sévère.

Quelques pays des ME ont commis des erreurs fiscales ces dernières années. Néanmoins, ces erreurs de gestion du capital sont cycliques, masquant une résilience économique intérieure croissante dans de nombreux pays des ME. Cela devrait accroître la pertinence des ME en tant que classe d’actifs, augmentant leur capacité à offrir une diversification efficace aux investisseurs. Les entreprises davantage axées sur la consommation intérieure devraient bien se comporter dans cet environnement.