Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé lundi vouloir annuler 83,2 milliards d’euros (78 milliards de francs) de dette contractée par les régions vis-à-vis de l’Etat central après la crise financière de 2008, dans le cadre d’un «effort sans précédent» pour «assainir» leurs comptes.
Cette proposition, qui sera soumise mercredi à un vote des régions avant d’être débattue au Congrès des députés, «va bénéficier à l’ensemble des Communautés autonomes (nom des régions espagnoles, ndlr)», a assuré la ministre du Budget, María Jesús Montero, lors d’une conférence de presse.
Ces dernières vont, en effet, pouvoir «réduire leur ratio d’endettement» et «assainir» leurs comptes, ce qui signifie qu’elles pourront «se financer sur les marchés avec plus de facilité», a ajouté la responsable socialiste, numéro deux du gouvernement de Pedro Sánchez.
Pour l’exécutif, c’est une façon de «reconnaître que la réponse apportée lors de la crise financière par le gouvernement espagnol», alors dirigé par le Parti populaire (PP, droite), «n’a pas été adéquate et a entraîné une détérioration importante des comptes» des régions, a-t-elle insisté.
Selon le parti indépendantiste catalan ERC (Gauche républicaine de Catalogne), qui réclamait de longue date l’annulation de cette dette contractée en raison d’une baisse des rentrées fiscales provoquée par la crise, 17,1 de ces 83,2 milliards d’euros bénéficieront à la Catalogne.
Cela représente «19,9% de la dette» globale de la région, s’est félicité lors d’un point presse Oriol Junqueras, président d’ERC, formation soutenant le gouvernement de gauche espagnol au Parlement. «Nous sommes allés un peu plus loin que ce qui était initialement prévu», a-t-il insisté.
Dans le cadre d’un accord scellé avec ERC à l’automne 2023, le parti socialiste espagnol s’était engagé à annuler 15 milliards d’euros de dette contractée par la Catalogne via un fonds créé durant la crise de 2008, qui avait mis à genoux l’économie du pays.
Les socialistes, confrontés à la grogne des autres communautés autonomes, avaient alors promis que cet accord serait étendu à toutes les régions ayant recouru au même fonds, créé pour aider des communautés autonomes asphyxiées durant cette période.
La dette de l’ensemble des administrations publiques espagnoles (Etat central, organismes de sécurité sociale et collectivités locales) s’est établie fin 2024 à 1'622 milliards d’euros, soit 101,8% du PIB, selon la Banque d’Espagne.
Ce taux est meilleur que l’objectif du gouvernement, qui s’était engagé à ramener ce ratio à 102,5%, contre 105,1% fin 2023.