Les géants de l’inspection et de la certification genevois SGS et parisien Bureau Veritas indiquent lundi avoir mis fin à leurs pourparlers autour d’une fusion. Les discussions n’ont abouti à aucun accord et les deux groupes poursuivent leurs chemins indépendamment, expliquent les deux protagonistes dans des communiqués distincts.
Bureau Veritas souligne croire toujours fermement au potentiel de création de valeur qu’amènerait une consolidation du secteur. Interrogée par AWP, la société hexagonale a souligné que les «rumeurs qui ont circulé dans la presse (...) n’ont pas contribué à la sérénité des échanges».
Une source proche des négociations a pour sa part déclaré à AWP que les deux sociétés sont parvenues «très près» d’un accord mais qu’au final elles n’ont pu s’entendre sur certaines parties du contrat. «Au vu de la complexité d’un tel accord, si on ne peut pas s’entendre sur tout, celui-ci n’aboutit pas», a-t-elle expliqué, sans vouloir détailler les points d’achoppement.
Le risque d’exécution d’une telle intégration, la plus importante dans le secteur, aurait également été jugé «trop élevé» par SGS. La société considérait la fusion avec Bureau Veritas comme «une opportunité» et aurait exprimé quelques regrets de devoir y renoncer mais se focalise avant tout sur son avenir aux Etats-Unis et en Chine», selon la source, pays où elle pourrait acquérir de plus petites sociétés.
SGS et Bureau Veritas avaient confirmé mi-janvier des échos de presse leur prêtant des velléités de rapprochement, soulignant toutefois qu’il n’existait aucune garantie d’un dénouement heureux. Une union aurait donné naissance au numéro un incontesté de la branche avec un chiffre d’affaires cumulé en 2023 de plus de 12 milliards de francs, contre environ 6 milliards pour leur plus proche concurrent Eurfins Scientific sur la même période.
La valorisation boursière aurait sur la base des cours des titres à Zurich et à Paris mi-janvier dépassé les 30 milliards de francs.
Retour à la raison
Les analystes applaudissent l’abandon d’une opération qui s’annonçait complexe. «Nous saluons l’absence d’accord entre SGS et Bureau Veritas,» résume Daniel Bürki de la Banque cantonale de Zurich. L’analyste considère SGS suffisamment robuste pour cueillir seule des succès sur le marché structurellement attrayant des technologies de l’information et de la communication.
Chez Vontobel également, Michael Foeth privilégie le scénario d’une SGS indépendante, plutôt que celui d’un long et onéreux chantier d’intégration. L’expert rappelle au passage qu’il ne s’agit pas de la première tentative de rapprochement avortée entre SGS et Bureau Veritas.
A 13h30, la nominative SGS s’appréciait de 4,0% à 88,42 francs, aux avant-postes d’un SLI en hausse de 0,11%. A Paris en revanche, Bureau Veritas (-2,4%) faisait grise mine.