COP29: faire avancer le financement climatique

Vicki Bakhshi, Columbia Threadneedle Investments

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Convenir d’un nouvel objectif pour la fourniture d’un financement climatique en faveur des pays en voie de développement.

Tel était l’objectif principal des négociations sur le climat, dans le cadre de la COP29, qui s’est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, à la mi-novembre. Depuis l’objectif fixé en 2009, ayant pour objet l’allocation, jusqu’en 2020, de 100 milliards de dollars par an pour le financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en voie de développement (PvD), les estimations de l’ampleur du financement nécessaire ont explosé, en particulier parce que les risques climatiques physiques se sont concrétisés plus rapidement et plus violemment que prévu. Ces estimations varient considérablement, mais une analyse du «groupe indépendant d’experts de haut niveau sur le financement de la lutte contre le changement climatique»1 donne à penser que les besoins des PvD (Chine non comprise) sont de l’ordre de 2’400 milliards de dollars par an d’ici 2030. Ce financement servirait à assurer un soutien à la transition vers des énergies propres, l’adaptation au changement climatique et la compensation des pertes et des dommages causés par la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.

Les discussions sur ce «nouvel objectif collectif quantifié sur le financement de la lutte contre le changement climatique» (NCQG) ont porté non seulement sur l’ampleur globale du financement, mais aussi sur le degré de participation du secteur privé. Les conditions budgétaires font qu’une augmentation importante des transferts de fonds publics des pays développés vers les PvD semble une tâche extrêmement ardue. Le FMI a récemment estimé que d’ici fin 20242, la dette publique mondiale dépassera pour la première fois 100’000 milliards de dollars. Or, de nombreuses nations développées doivent, elles aussi, faire face aux coûts occasionnés par les phénomènes météorologiques extrêmes dans leur propre pays, ce qui restreint encore plus leur marge de manœuvre pour soutenir financièrement les PvD.

La réunion a eu lieu alors que les pays finalisaient la mise à jour de leurs «contributions déterminées au niveau national» (CDN), dans le cadre du troisième cycle quinquennal depuis l’accord de Paris sur le climat (2015). Ces plans nationaux pour le climat, qui devraient être présentés au début de l’année 2025, prolongeront pour la première fois le calendrier actuel de 2030 jusqu’en 2035. Lors des pourparlers de Bakou, les délégations ont discuté aussi bien du contenu que du niveau d’ambition de ces plans. Outre les CDN à caractère prospectif, les pays ont été pour la première fois tenus de soumettre des «rapports de transparence bisannuels» (RTB), qui permettent de suivre les progrès réalisés par rapport aux engagements pris.

Le point de vue de Columbia Threadneedle sur la transition énergétique

Nous sommes convaincus que la réorientation du système énergétique mondial vers des sources d’énergie plus propres est en train de remodeler l’économie et de transformer de nombreux secteurs d’activité. Nos décennies de recherche indépendante et d’engagement auprès des émetteurs concernés nous permettent de comprendre comment des entreprises et des secteurs spécifiques abordent tout un éventail de risques financièrement significatifs, liés à la transition énergétique, ainsi que les opportunités qui en découlent.

Les choix de politique gouvernementale, tels que les mécanismes de tarification du carbone, les subventions et la réglementation, peuvent jouer un rôle important dans la viabilité économique des diverses technologies énergétiques, et influencer la manière dont les investisseurs allouent leurs capitaux. Nous suivons de près l’évolution des mesures politiques engagées afin de comprendre leur impact sur les secteurs clés à forte consommation d’énergie.

L’absence de programmes gouvernementaux de soutien, clairs et bien conçus, entrave toutefois les investissements du secteur privé en la matière, ce qui entraîne des divergences géographiques en termes de rythme de transition énergétique. Les agendas nationaux concurrents, de même que des choix politiques complexes et changeants, peuvent présenter des avantages pour les investisseurs capables de mettre à profit leur expertise pour lever les incertitudes et identifier les opportunités, mais pour les flux de capitaux, ils sont problématiques quant aux changements à grande échelle et sur une longue durée. Par conséquent, les investisseurs tels que Columbia Threadneedle y trouveraient leur avantage s’il pouvaient bénéficier de cadres politiques plus stables et plus efficaces. Ceux-ci nous permettent en effet d’analyser les implications politiques au niveau des entreprises et des secteurs, afin de les intégrer dans nos thèses d’investissement.

Dans les nouvelles CDN, en cours de finalisation, les gouvernements disposeront d’un outil permettant d’offrir aux investisseurs plus de transparence et de clarté sur l’orientation à long terme des politiques climatiques, notamment en raison de l’horizon prolongé jusqu’en 2035 et de la présentation des RTB. Dans ces documents, nous aimerions voir abordés deux problèmes fondamentaux:

  • Comment les gouvernements entendent-ils procéder pour que ces objectifs ambitieux et de longue visée prennent forme dans des démarches sectorielles concrètes? Les investisseurs attendent des précisions sur les plans de transition mis en place pour les principaux secteurs à fortes émissions, tels que l’électricité, les transports et l’industrie lourde, de même que sur les niveaux d’ambition et les principaux leviers politiques envisagés. Ainsi, nous pourrions en tenir compte. En effet, les CDN ont toujours été peu détaillées, ce qui les rend moins utiles aux investisseurs.
  • Quelles sont les stratégies d’adaptation mises en œuvre? Comme les répercussions économiques des phénomènes météorologiques extrêmes se font sentir de manière de plus en plus pressante, nous avons concentré nos efforts de recherche sur les conséquences qu’entraîne l’évolution climatique pour nos investissements. Nous jugeons de plus en plus important que les gouvernements planifient l’adaptation au changement climatique, en plus des mesures à prendre pour en atténuer l’ampleur.

Nous estimons également que les négociations de la COP doivent reconnaître et répondre aux préoccupations des investisseurs quant au fait que, dans certains pays émergents (PE), il n’existe pas de règles claires en matière de processus, de normes et de garanties pour assurer la mise en œuvre des projets. Le financement de la lutte contre le changement climatique doit être accompagné par des politiques, des réglementations et des cadres financiers qui stimulent les investissements. De telles mesures d’accompagnement font cependant défaut dans de nombreux PE. Des CDN de qualité peuvent être un moyen d’y apporter plus de clarté. Les organisations internationales telles que les banques de développement peuvent également jouer un rôle actif dans la création d’un environnement plus favorable aux investissements internationaux, notamment en renforçant la gouvernance et les cadres juridiques.

Le chemin vers le Brésil

La prochaine réunion de la COP, prévue au Brésil en 2025, marquera le dixième anniversaire de la signature de l’accord historique de Paris et tentera de faire le point sur le stade auquel se trouve les nouvelles CDN par rapport aux objectifs dont avaient convenu les gouvernements en 2015. Des CDN de bonne qualité et pertinentes pour les investisseurs contribueront à ouvrir la voie à cette réunion historique.

 

Plus d’informations: COP29: Will it deliver on climate finance? / Columbia Threadneedle Investments

 

 

1Global Infrastructure Facility, nouveau rapport: «Independent High Level Expert Group on Climate Finance», novembre 2023.
2Fonds monétaire international, observatoire budgétaire (Fiscal Monitor), octobre 2024: «Putting a Lid on Public Debt», octobre 2024.

 

 

 


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