Après les rendements à deux chiffres des obligations high yield en 2023, de nombreux investisseurs se sont demandé si cette tendance pouvait se poursuivre face aux risques croissants de récession. Mais 2024 semble une année positive pour le crédit d'entreprise avec des rendements plus élevés. Grâce à la croissance robuste aux Etats-Unis et à l'absence de récession en Europe, les obligations high yield restent demandées, le resserrement des spreads apportant une plus-value supplémentaire. À fin juillet, le marché européen des obligations high yield, mesuré par l'indice HEAE, avait gagné 4,4% depuis le début de l'année. Ce rendement n'a pas été obtenu au prix de risques plus élevés. Selon Moody's, le taux de défaut à 12 mois était de 3,6% en juillet et devrait encore baisser si les banques centrales parviennent à sortir de leur politique de taux d’intérêt élevés et si une récession peut être évitée.
Un atterrissage en douceur très probable
Cette situation soulève la question de savoir si le marché du high yield a déjà atteint son apogée ou s'il est encore judicieux d'entrer dans cette classe d'actifs. L'environnement du marché des capitaux est caractérisé par une plus grande incertitude qu'il y a un an. L'économie mondiale montre des signes de ralentissement même si une récession semble peu probable. La demande des consommateurs s'est légèrement affaiblie, mais la dynamique est encore suffisante pour éviter un ralentissement économique. Nous considérons qu'un atterrissage en douceur, c'est-à-dire une baisse de l'inflation sans récession, est le scénario le plus probable, même s'il tend à être rare après une période de hausse des taux d'intérêt.
Les obligations high yield ont également tendance à avoir des maturités plus courtes et sont donc moins exposées au risque de taux d'intérêt que les obligations de qualité dit «investment grade».
Dans le contexte actuel, où l'inflation se modère sans être totalement maîtrisée, les actifs high yield telles que les obligations d'entreprises peuvent offrir des rendements qui compensent la volatilité potentielle d'autres parties du portefeuille. La combinaison de rendements intéressants, de fondamentaux généralement favorables et d'une qualité de crédit relativement élevée des émetteurs en Europe devrait continuer à attirer des capitaux et à soutenir le marché des obligations high yield. Celles-ci bénéficient toujours de taux de défaut historiquement bas et disposent de réserves suffisantes pour résister à une forte augmentation des primes de risque. Les échéances courtes offrent le plus grand potentiel selon nous. Cependant, l'analyse fondamentale du crédit pour évaluer la qualité d'une entreprise et sa capacité à assurer le service et le remboursement de la dette est cruciale pour réussir dans ce segment de marché. C'est surtout dans les phases de difficultés économiques, lorsqu'il est important d'exclure les secteurs ou les émetteurs à risque, que l'on peut séparer le bon grain de l'ivraie.
Obligations high yield: le rendement des actions avec une volatilité plus faible
Sur le long terme, les obligations high yield ont historiquement produit des rendements similaires à ceux des marchés d'actions, mais avec une volatilité plus faible. À moyen et long terme, la volatilité du marché des obligations high yield est inférieure à celle des marchés d'actions. Cela s'explique notamment par le fait que les obligations high yield sont plus prioritaires que les actions dans la structure du capital d'une entreprise. À moyen et long terme, la différence est significative. Au cours des dix dernières années, la volatilité du marché européen des actions était de 16,8% (indice SX5T), tandis que le segment européen du high yield l’était deux fois moins à 5,8% (indice HEAE). Selon nous, la volatilité plus faible et les périodes de perte moins sévères sont des arguments en faveur d'une augmentation des allocations au segment du high yield.
Pour les investisseurs ayant un horizon d'investissement à long terme, il est également intéressant de noter que le ratio de Sharpe des deux classes d'actifs est comparable à long terme (avec un horizon d'investissement de 10 ans) et se situe autour de 0,5. Cela montre aussi qu'investir dans les deux classes d'actifs est rentable à long terme.
Les obligations high yield ont également tendance à avoir des maturités plus courtes et sont donc moins exposées au risque de taux d'intérêt que les obligations de qualité dit «investment grade». La duration actuelle du marché européen des obligations high yield (indice HEAE) est d'environ 2,6 alors que celle des obligations européennes investment grade (indice ER00) est de 4,4.
Une autre question importante est de savoir si l'ajout d'obligations high yield améliore la diversification du portefeuille. Pour répondre à cette question, nous devons analyser la corrélation entre les obligations high yield et les autres classes d'actifs, c'est-à-dire déterminer si elles évoluent plus ou moins en parallèle. Les obligations high yield ont une faible corrélation avec les actions, et la corrélation avec les obligations d'État est en fait proche de zéro. En effet, le rendement d'une obligation high yield est principalement déterminé par la prime de risque, qui dépend de la capacité de l'entreprise à assurer le service de sa dette et n'est pas très sensible aux hausses de taux d'intérêt. Nous pensons donc que l'ajout d'obligations high yield contribue à la diversification d'un portefeuille multi-actifs.
En résumé, les obligations high yield apportent une contribution indispensable à la diversification des portefeuilles, aux côtés des actions, des obligations d'État et des obligations d'entreprises investment grade. Toutefois, les investisseurs doivent être conscients que l'investissement dans les obligations high yield comporte un risque de perte en capital.