Starlink: internet venu du ciel

Claire Shaw, Baillie Gifford

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Starlink propose désormais l’internet haut débit à des millions de personnes qui n’ont pas accès à une connexion stable et rapide.

Comme pour tout investissement, le capital est exposé au risque.

La prochaine fois que vous contemplerez les étoiles, vous pourrez peut-être apercevoir une chaîne de lumières qui se déplacent dans le ciel étoilé. Au premier abord, il serait facile de les confondre avec de simples astres en mouvement dans le ciel, mais elles font en fait partie de la constellation grandissante des satellites de Starlink.

À côté de ce train aérien, qui fait le tour de la Terre en 90 minutes environ, les transports terrestres font pâle figure. Son objectif: amener le haut débit dans des endroits qui n’en bénéficient pas encore. Près de 2,5 millions de personnes l’utilisent déjà, qu’il s’agisse de maisons isolées, de compagnies aériennes ou de propriétaires de camping-cars, et ce dans plus de 70 pays et sur six continents. Le projet consiste à rendre son signal disponible à la moitié de la population mondiale d’ici la fin de l’année.

Starlink est une filiale de SpaceX, l’une des plus grandes entreprises privées au monde, qui a révolutionné l’industrie spatiale commerciale. Elle ambitionne de «reconstruire internet dans l’espace» en déployant pas moins de 42'000 satellites en orbite.

S’il est peu probable que le haut débit par satellite soit compétitif dans les zones urbaines, il peut pallier les lacunes des réseaux fixes ou mobiles traditionnels dans les zones trop éloignées, trop montagneuses ou difficiles d’accès. En outre, il peut être très utile en cas de guerre ou de catastrophes naturelles, lorsque les services classiques sont coupés. En février 2022, l’entreprise a envoyé environ 50 terminaux Starlink aux îles Tonga à la suite d’une éruption volcanique et d’un tsunami. Après l’invasion russe, elle a fourni à l’Ukraine, à sa demande, plus de 20'000 terminaux pour remédier aux dommages causés au système de communication du pays.

Plus d’un tiers de la population mondiale n’a toujours pas accès à internet, ce qui constitue une opportunité exceptionnelle pour l’entreprise. Cette longueur d’avance par rapport à d’autres fournisseurs d’accès à internet par satellite lui donne également un avantage concurrentiel.

Le co-fondateur et directeur général Elon Musk a émis l’hypothèse que SpaceX ferait entrer Starlink en bourse dès lors qu’il «pourra raisonnablement prévoir les flux de trésorerie», mais il a refusé de spéculer sur la concrétisation de cet objectif dès 2024. Quel que soit le calendrier, tout porte à croire que l’entreprise est capable d’une croissance durable à long terme en tant qu’entité autonome.

Pour l’instant, faire partie d’une grande entreprise présente un avantage de taille. Depuis mai 2019, les fusées Falcon 9 de SpaceX ont lancé plus de 5'500 satellites Starlink dans l’espace. Pour avoir un point de comparaison, jusqu’en novembre 2022, l’ensemble du secteur spatial avait lancé moins de 14'500 satellites depuis Sputnik en 1957, ou si on regarde les choses sous un autre angle, à la fin de l’année 2023, Starlink représentait plus de la moitié des satellites actifs en orbite.

Satellites légers

L’internet par satellite remonte aux années 1990. Au début, la connectivité était lente et laborieuse. Les premiers appareils se maintenaient en «orbite géostationnaire», correspondant à la rotation de la terre, et flottaient donc à environ 35'400 km au-dessus du sol. En raison de cette distance, les données mettaient beaucoup de temps pour parcourir chaque trajet, ce qui créait un problème de latence.

L’innovation de Starlink consistait à rapprocher de la Terre un grand nombre de satellites plus légers et plus petits, à une hauteur de seulement 547 km. Ainsi, les abonnés obtiendraient généralement des vitesses de téléchargement comprises entre 25 et 220 mégabits par seconde (Mbit/s) et une latence inférieure à celle de certaines connexions à haut débit fixes. C’est largement suffisant pour permettre à un foyer de diffuser Netflix et Spotify, de jouer au jeu vidéo en ligne Fortnite et de passer un appel Zoom simultanément, tout en laissant encore de la bande passante libre.

L’entreprise fournit des terminaux aux utilisateurs. Leurs antennes pointent vers le ciel et établissent une connexion avec les satellites lorsqu’ils passent au-dessus d’eux. L’entreprise affirme que le système peut résister aux intempéries (un autre problème pour le haut débit par satellite par le passé) et ne nécessite que quelques minutes de configuration.

Chaque satellite a une durée de vie d’environ cinq ans et est conçu pour se consumer entièrement lors de sa rentrée dans l’atmosphère terrestre, sans laisser de débris. L’avantage de Starlink est qu’il s’agit d’une entreprise à coût relativement fixe. Lorsque l’on regarde ce que SpaceX a accompli en dix ans, il y a de quoi être impressionné. Elle représente près de 80% du marché des lancements, tout cela avec des fusées réutilisables, un exploit sans précédent.

Le marché mondial du haut débit représente 100 milliards de dollars par an; si Starlink parvient à obtenir ne serait-ce que 3% de ce marché, l’entreprise engrangerait un chiffre d’affaires de 30 milliards de dollars chaque année.

Gwynne Shotwell, directrice des opérations de SpaceX, ne cache pas que le chiffre d’affaires généré par Starlink  sert l’ambition ultime d’Elon Musk: atteindre Mars.

Extension de l’accès

Les fusées SpaceX ne se contentent pas d’envoyer des trains de satellites dans l’espace. Elles transportent également des marchandises vers la Station spatiale internationale pour le compte de la NASA. Par ailleurs, Amazon, fondée par Jeff Bezos, le plus grand rival d’Elon Musk dans la course commerciale à l’espace, a signé un contrat pour lancer Falcon 9 pour son service de satellites concurrent, le projet Kuiper, à partir de 2025.

Starlink a également récemment conclu un accord avec T-Mobile pour mettre fin aux «zones blanches» (lieux sans couverture Internet) aux États-Unis. En 2023, l’entreprise a commencé à vendre ses services à des clients au Chili par le biais d’une autre holding de Baillie Gifford, le géant du commerce électronique latino-américain MercadoLibre, tout en lançant également ses services au Nigeria et au Kenya.

Starlink ne se contente pas de la terre ferme. Elle travaille en collaboration avec le géant danois du transport maritime Maersk pour fournir une connectivité à plus de 300 navires de transport, permettant ainsi à ses équipes de passer des appels vidéo haute définition à l’entreprise et à leurs familles, entre autres utilisations.

Récemment, Starlink a mis en place une division distincte, appelée Starshield, spécialement destinée à une utilisation gouvernementale pour soutenir les efforts de sécurité nationale.

En 2017, Elon Musk a livré un vibrant plaidoyer pour que l’humanité ait un avenir «dans les étoiles». Starlink pourrait contribuer à concrétiser cette vision. En attendant, elle a tout ce qu’il faut pour générer de la valeur pour les plus terre à terre d’entre nous.

 

 

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