Les résultats de deux sondages d’opinion, effectués auprès d’administrateurs des réserves de devises des banques centrales, ont été publiés il y a quelques semaines. Ces deux enquêtes de grande envergure ont révélé que les risques géopolitiques étaient désormais considérés comme le défi principal à relever en termes d’investissements.
La première enquête a été conduite par Central Banking Publications[1] dans 87 banques centrales. Elle conclut que pour les douze prochains mois, les risques géopolitiques constituent la plus grande source d’inquiétude. Selon la seconde enquête, organisée par le Forum officiel des institutions monétaires et financières (OMFIF)[2] auprès de 73 banques centrales, 80% des personnes interrogées estiment que les risques géopolitiques représentent le facteur le plus important pour leur stratégie de placement à long terme.
Les deux sondages laissent supposer que des mesures préventives seront prises. Par conséquent, nous pensons que les banques centrales autoriseront et encourageront une augmentation de leurs réserves de change. Le défi consistera alors à gérer ces réserves dans le cadre d’un environnement modifié en termes d’investissements à revenu fixe. Les résultats des sondages indiquent par ailleurs que les stratégies pour obligations de base seront les premières à en tirer profit.
Contrairement aux inquiétudes portant sur l’orientation future de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), l’adaptation aux défis géopolitiques n’a pas un impact égal sur toutes les banques centrales. Chaque banque centrale poursuivra une stratégie différente, dictée par les décisions de son propre gouvernement, ses relations internationales et ses alliances.
Comment les administrateurs des réserves de devises des banques centrales vont-ils réagir?
La façon de procéder des banques centrales pourrait avoir un effet sur le choix de la contrepartie, de l’administrateur externe et du dépositaire des valeurs mobilières. Les changements pourraient également avoir une incidence sur le choix de la classe d’actifs et de la monnaie. Il y a toutefois un point sur lequel les banques centrales ne différeront pas: elles s’efforceront toutes d’accroître leurs réserves de change.
Un moyen simple pour conserver un niveau élevé de réserves de change est de ne pas les utiliser. Le sondage conduit par l’OMFIF comportait une question à propos des seuils d’intervention. Environ 65% des établissements interrogés n’emploieraient pas plus 15% du total de leurs réserves pour intervenir sur les marchés (de change). La conservation des réserves est un moyen important d’encourager la croissance.
Ceci concorde avec nos propres retours d’information selon lesquels il existe un désir de conserver des réserves pour pouvoir affronter la prochaine crise. Évidemment, nul ne sait de quoi sera faite la prochaine crise, mais il se pourrait que pour la surmonter, il faudra disposer d’une puissance de feu considérable.
Quel volume peut-on juger suffisant?
Une personne citée dans le rapport de l’OMFIF, le porte-parole d’une banque centrale asiatique, déclare: «En cas de crise, les réserves seront insuffisantes.» Les traditionnels indicateurs tels que le taux de couverture des importations sont jugés trop restrictifs et simplistes.
Ce qui fait défaut, c’est un instrument de mesure crédible pour déterminer le taux d’adéquation des réserves de devises. L’approche standard consiste alors souvent à laisser croître les réserves. De plus, quand on constate que les pays voisins enregistrent un accroissement de leurs réserves de change, la pression de leur emboîter le pas augmente rapidement. L’expérience des crises précédentes - notamment la crise asiatique de 1997 - nous enseigne que les pays dont le taux de couverture est le plus faible sont les premiers à ressentir la pression du marché.
Les accords de swap bilatéraux ne remplacent pas les réserves de change. Il se peut qu’en temps de crise, seuls les accords de swap conclus avec les États-Unis s’avèrent fiables. Or, par le passé, la décision de la Fed d’approuver, ou non, de tels accords dépendait clairement de considérations géopolitiques: seuls les Etats amis avaient de réelles chances d’en bénéficier.[3]
Les solutions de cagnottes communes (‘pools’) pour les réserves de change ne passeraient probablement pas un test de résistance. A l’origine, l’Initiative de Chiang Mai était un accord de swap multilatéral, conclu entre les membres de l’Association des pays d’Asie du Sud-Est (ANASE). L’accord était conçu pour former une solution indépendante du FMI. Les pays de l’ANASE et trois autres États en font désormais partie[4] et le volume nominal du pool de réserves a doublé pour atteindre un total de 240 milliards de dollars. Comme l’explique le célèbre ministre des finances brésilien, Guido Mantega, le point faible de ce type de solution réside dans le fait qu’au cours d’une crise, il se peut que tout le monde veuille accéder en même temps au pool de réserves.[5] Or, si une telle cagnotte est munie de droits d’accès protégés, elle ne peut pas réellement être considérée comme une solution de réserves mises en commun.
D’après l’enquête de l’OMFIF, le dollar américain et l’euro seront les deux devises les plus susceptibles d’être acquises au cours des douze prochains mois. Nous pensons que cela traduit davantage l’espoir d’une croissance des réserves de change qu’un rééquilibrage des actifs en faveur des deux principales monnaies de réserve. En termes simples: si les réserves de change s’accroissent, l’allocation actuelle de devises sera maintenue. Dans la plupart des cas, la position la plus importante sera détenue en dollars américains, suivie d’une diversification vers l’euro, puis vers d’autres monnaies.
Les pays disposant d’un tel choix préféreront laisser s’accroître leurs réserves de change. Le défi consistera alors à gérer ces réserves dans le cadre d’un environnement modifié en termes d’investissements à revenu fixe.
La dernière pièce du puzzle de données recueillies lors de l’enquête de l’OMFIF concerne les investissements prévus. Près de 90% des personnes interrogées prévoient d’augmenter ou de maintenir leur exposition aux obligations d’État, contre 80% pour ce qui est des obligations semi-souveraines et 55% pour les obligations d’entreprises. Nous ne croyons pas que ces déclarations révèlent une intention de se désengager des actions. Elles indiqueraient plutôt quelle orientation il s’agit de donner aux flux de capitaux. Que diriez-vous d’un petit pot-pourri global?
[1] Central Banking, Trends in reserve management 2024 : résultats de l’enquête, 15 mai 2024
[2] OMFIF, Global Public Investor 2024
[3] Harvard Kennedy School, ‘The Geopolitics of Swap Lines’ par John Michael Cassetta, avril 2022
[4] En incluant la Chine, le Japon et la Corée du sud
[5] International Monetary and Financial Committee, seizième réunion, 20 octobre 2007
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