Qu’attendre de la tech

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L’arrivée des technologies dernières nées génère un nouveau dynamisme. Débat au Global Invest Forum.

De gauche à droite: Paul Upchurch (Lombard International Assurance), Martin Kolrep (Invesco), Pascal Mercier (Credit Suisse), Dr. Michael Riemenschneider (Reimann Investors), Nicolette de Joncaire (Allnews.ch)

Tech, big data, intelligence artificielle… Quel rôle jouent vraiment les nouvelles technologies dans l’industrie financière? Ont-elles changé le métier en profondeur? Offrent-elles des thèmes d’investissement pour le futur? En bref, remplissent-elles leurs promesses? En réponse à ces interrogations, les organisateurs du Global Invest Forum de l’AGEFI qui s’est tenu à Paris les 10 et 11 octobre derniers, avaient réuni un panel d’experts pour aborder différents aspects de la problématique.

Comment la tech a bouleversé le trading

Quels changements la technologie a-t-elle apporté au trading et aux stratégies de trading? «Elle a bouleversé la structure du trading» explique Martin Kolrep, Senior portfolio manager au sein de l’équipe Invesco Quantitative Strategies. A dater de 2009, le trading automatisé s’est envolé et la majeure partie des ordres est exécutée par le biais d'algorithmes et de négociation de blocs. Seules les petites commandes continuent d'être effectuées dans le cadre d'opérations classiques. Cette automatisation a fait chuter les coûts et réduit les erreurs. Mais l’intelligence artificielle permet-elle des prévisions plus cohérentes et plus fiables? Elle permet d’amener certaines stratégies à des niveaux insoupçonnés et de percevoir des signaux indétectables auparavant. «Mais attention de ne pas confondre corrélation et causalité» avertit le spécialiste qui compte plus de 35 ans d’expérience des stratégies quantitatives. «L’intelligence artificielle ouvre de nouveaux possibles mais elle a aussi ses limites» ajoute Michael Riemenschneider, CEO de Reimann Investors. Elle est capable d’identifier des explications là où le cerveau humain en est parfois incapable. Il est toutefois parfois difficile d’utiliser le big data de manière raisonnable. L’intervention humaine reste absolument indispensable. Quant à la transparence des modèles programmés, elle reste indispensable même s’il est parfois difficile de les expliquer aux investisseurs. Les bénéfices de l’utilisation du big data et de l’intelligence artificielle sont indéniables, à condition d’exercer la rigueur suffisante et de laisser le dernier mot à l’intelligence humaine.

De l’importance d’une culture d’entreprise

«La technologie est un catalyseur de performance» affirme Paul Upchurch, COO de Lombard International Assurance, qui s’est donné pour mission de l’intégrer étroitement dans la culture de son entreprise. Dans un environnement où il est difficile d’améliorer la profitabilité tout en stimulant la croissance, l’usage de la technologie est l’un des seuls moyens d’aller de l’avant. Il est du devoir d’une direction de comprendre les nouvelles technologies, de définir ce qu’elles peuvent apporter à l’environnement de travail et comment les adapter. Une approche structurée et un engagement des dirigeants vis-à-vis de l’approche sont indispensables. Une bonne maitrise des moyens techniques permet-elle de réduire les cyber- risques? Elle peut y contribuer mais ne suffit pas. Il est essentiel que la gestion de tout risque soit menée de manière indépendante et que la responsabilité de la sécurité soit au cœur du comportement de tous les employés. La technologie permet de construire des boucliers pour se prémunir des attaques mais il est du devoir de chacun d’être attentif dans sa conduite quotidienne. Ne pas ouvrir un email suspicieux et ne pas cliquer sur un lien douteux paraissent des évidences mais nécessitent en réalité une formation particulière.  Il est impensable de gérer la complexité des affaires sans l’assistance de technologies appropriées mais l’intervention humaine reste indispensable.

Et si on sortait de la finance?

Hors finance, big data et intelligence artificielle se développent à vitesse-éclair. C’est le constat que fait Pascal Mercier, spécialiste de l’investissement thématique chez Credit Suisse. Le big data et l’intelligence artificielle ont gagné les univers de la santé, de la sécurité et maintenant de l’éducation sous forme de robotique et d’automation mais aussi de réelle substitution aux capacités humaines. L’intelligence artificielle se nourrit de big data et «il faut savoir que 80% des données actuellement disponibles globalement ont été créées dans les derniers 24 mois» explique-t-il. Ces domaines bénéficient et vont continuer à bénéficier du développement des données et de leur usage par l’intelligence artificielle. Exemples? En matière de sécurité, il existe des sociétés qui étudient les données non-structurées ce qui leur permet d’identifier des failles de sécurité indécelables auparavant. Dans le domaine de la santé, les diagnostics peuvent être établis par des algorithmes capables d’analyser des centaines de millions d’images – radios ou scans – pour en tirer des conclusions qu’il serait impensable d’obtenir par les méthodes traditionnelles. Quel médecin ou même quelle équipe médicale est capable de tels exploits? L’IA sert aussi à suivre les progrès de centaines de milliers d’étudiants, une révolution dans le domaine de l’éducation.

Alors des robots et plus des hommes?

La peur des pertes d’emplois générées par les avancées technologiques est omniprésente. Si ce n’est pas la première fois que ces angoisses s’expriment – chaque «révolution» industrielle amène son cortège de prédictions maléfiques -, sur ce point, nos panelistes étaient quelque peu divisés.  «Les nouvelles technologies devraient créer plus d'emplois qu'elles n'en détruiront au cours des prochaines années. De nouveaux métiers voient le jour quotidiennement» estime Pascal Mercier.  «Cette révolution-là est différente des précédentes» affirme Martin Kolrep. «Il ne s’agit plus de substituer des machines pour des tâches subalternes mais pour des activités supérieures. C’est la classe moyenne qui est menacée».

 

Interview de Paul Upchurch, COO de Lombard International Assurance, au Global Invest Forum (GIF)

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