Dans l'environnement économique actuel et grâce aux niveaux de rendements, aux fondamentaux et aux conditions favorables d'un probable cycle d'assouplissement de la Fed, la dette des pays émergents offre non seulement une diversification, mais aussi un profil de rendement ajusté au risque prometteur.
Après deux années fortes en terme de performance, la dette souveraine des marchés émergents conserve un attrait croissant dans l'environnement économique mondial actuel. À la suite de la récente conférence du FMI, nous constatons un consensus croissant sur le fait que les marchés émergents offrent une bonne alternative aux segments traditionnels des obligations, grâce à la baisse de l’inflation qui permet à la Réserve fédérale de s’inscrire dans un cycle d'assouplissement durable ainsi qu’à l'amélioration des fondamentaux.
Le pivot de la Fed vers l'assouplissement représente un facteur très positif pour la dette souveraine des pays émergents. Après des années de hausses de taux agressives visant à juguler l'inflation, la Fed est désormais prête à adopter une position plus accommodante. La baisse des taux américains devrait inciter les investisseurs à rechercher des rendements plus élevés. Les pays émergents, dont les rendements se négocient autour du niveau le plus haut de la crise COVID, se présentent comme une alternative convaincante. La baisse des taux américains devrait également alléger la pression sur la dette des pays émergents en dollars.
Le principal risque devrait émaner d'une guerre tarifaire suite à la victoire de Donald Trump, qui pourrait imposer des taxes supplémentaires à la Chine.
Une analyse des cycles de réduction des taux au cours des trois dernières décennies révèle une dynamique favorable à la dette souveraine des pays émergents. Historiquement, les marchés émergents ont gagné en moyenne 7 % dans les six mois suivant la première baisse de taux, avec des performances variables d'une période à l'autre. Sur le long terme (trois ans après la dernière hausse des taux), les résultats sont encore plus frappants: +104% en 1995, +59% en 2000, +43% en 2006 et +19% en 2018.
Une autre raison pour laquelle la dette souveraine des pays émergents pourrait devenir plus attrayante concerne les fondamentaux. Dans de nombreux pays industrialisés, en particulier aux États-Unis, au Japon et dans certaines parties de l'Europe, les niveaux d'endettement ont atteint des sommets inégalés. Ce fardeau croissant de la dette limite la flexibilité fiscale, créant des risques pour les détenteurs d'obligations qui peuvent être confrontés à des rendements plus faibles ou à des dégradations de crédit en cas de ralentissement de la croissance. Il devrait également limiter les réponses monétaires et fiscales, créant des vulnérabilités si les conditions économiques se détériorent. En revanche, de nombreux pays émergents ont réalisé des progrès substantiels en matière de stabilisation des niveaux d'endettement, de mise en œuvre de réformes fiscales et de constitution de réserves de devises étrangères. Les pays émergents ont même vu s'inverser la dynamique des notations financières externes, avec de plus en plus de révisions à la hausse.
Malgré le resserrement des spreads, les valorisations de la dette des pays émergents restent attrayantes grâce aux niveaux de rendements, qui, en dollars se situent en moyenne autour des 7,5%, voire plus (>10%) pour les marchés frontières, contre moins de 4% en moyenne pour les pays industrialisés. Pour les investisseurs, le différentiel de rendement devrait être attrayant dans un environnement où les actifs traditionnels générateurs de revenus devraient être moins rémunérateurs. A noter aussi que la composante taux pourrait devenir le premier driver de la performance pour la dette souveraine bien connue pour sa sensibilité aux taux d’interets.
Sur le plan technique, il convient de rappeler que la classe d'actifs a subi d'importantes sorties de capitaux entre 2022 et il y a près de deux mois, pour un montant de près de 90 milliards de dollars, soit près d'un tiers des entrées de capitaux depuis 2004. Une inversion de ces flux devrait fortement soutenir la dette des pays émergents.
Le principal risque devrait émaner d'une guerre tarifaire suite à la victoire de Donald Trump, qui pourrait imposer des taxes supplémentaires à la Chine. Une telle décision aurait des répercussions sur la croissance chinoise et potentiellement mondiale. Néanmoins, les marchés émergents dans leur ensemble ont fait preuve d'une certaine immunité face aux crises récentes, comme celle de l'immobilier en Chine.
Dans l'environnement économique actuel et grâce aux valorisations, aux fondamentaux et aux conditions favorables d'un probable cycle d'assouplissement de la Fed, la dette des pays émergents offre non seulement une diversification, mais aussi un profil de rendement ajusté au risque prometteur.