L'enquête de la Fed révèle le ralentissement de l'économie américaine

Pierre Beniguel, TwentyFour Asset Management

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Les perspectives économiques incertaines et le risque imminent de récession expliquent en grande partie ce phénomène.

© Keystone

La semaine dernière, la Réserve fédérale a publié son enquête trimestrielle «SLOOS» (Senior Loan Officer Opinion Survey), qui illustre l'évolution des conditions de prêt dans les banques américaines sur le dernier trimestre.

Et, dans un trimestre qui a connu de nombreux vents contraires en raison des taux élevés, les acteurs du marché étaient avides de savoir comment les banques avaient traversé la période et si l'offre et la demande du crédit avaient été touchées.

Le rapport global dépeint un environnement de resserrement des conditions de prêt, les banques ayant répondu que les conditions étaient plus strictes qu'au trimestre précédent. Nous notons cependant que dans certains secteurs, le rythme du resserrement s'est quelque peu ralenti.

En ce qui concerne les prêts commerciaux et industriels, 21 banques sur les 59 interrogées ont fait état d'un resserrement des conditions de prêt aux grandes et moyennes entreprises, contre un peu plus de 50% d'entre elles au trimestre précédent. La demande pour ces prêts s’est montrée contenue au cours de cette période, 30,5% des banques interrogées faisant état d'une demande plus faible, ce qui représente à nouveau une amélioration par rapport aux creux de 55,6% et 51,6% enregistrés respectivement au premier et deuxième trimestres.

Les banques ont avancé plusieurs raisons pour expliquer l’affaiblissement de l’environnement de prêts: des perspectives économiques plus incertaines, une tolérance au risque réduite, une détérioration de la qualité des prêts et de la valeur des garanties, ainsi que des inquiétudes concernant les coûts de financement. Tous ces facteurs découlent de la dégradation de l'économie dans un contexte de hausse des taux d'intérêt.

Les entreprises se montrent plus prudentes, le besoin global d'emprunter s'étant affaibli au cours du trimestre.

Le rapport couvre également l'octroi de divers types de prêts immobiliers commerciaux (CRE), dont les critères d'octroi se sont durcis dernièrement (sur les 58 banques interrogées dans le secteur de l'immobilier résidentiel collectif, 38 ont durci leurs conditions). Dans les différentes sous-catégories de prêts immobiliers résidentiels, les banques ont également indiqué que la demande s’était sensiblement affaiblie, 60% d’entre elles déclarant un recul des demandes.

En ce qui concerne les prêts à la consommation et les prêts hypothécaires résidentiels, les banques interrogées ont légèrement relevé leurs exigences, 15 à 20% d’entre elles les déclarant plus strictes pour les différents types de prêts hypothécaires. Là aussi, les demandes sont cependant nettement moins nombreuses, environ 60% des banques font état d'une baisse sur la période étudiée. Les demandes de cartes de crédit ont suivi une tendance similaire, mais la demande est restée relativement forte par rapport à d'autres catégories, avec seulement 9,1% des banques l’indiquant plus faible que sur la période précédente.

Les durcissements signalés dans le rapport SLOOS d'octobre n'est pas une surprise, les perspectives économiques incertaines et le risque imminent de récession expliquant en grande partie ce phénomène. Il est toutefois intéressant d'examiner les détails du rapport pour évaluer à la fois le comportement des consommateurs et celui des banques.

Les entreprises se montrent plus prudentes, le besoin global d'emprunter s'étant affaibli au cours du trimestre. Les particuliers ont été plus affectés par la hausse des taux et le resserrement des conditions de prêt, comme en témoigne la baisse de la demande de prêts hypothécaires, mais les cartes de crédit ont constitué un cas à part, avec une baisse minime de la demande.

Le rapport global décrit une économie américaine ralentissant au cours du trimestre et correspond à notre perspective selon lequel l'économie américaine connaîtra probablement un atterrissage en douceur. Dans ce contexte, détenir une combinaison de bons du Trésor américain et de crédits, qui se négocient à des niveaux attractifs, et tout en évitant les parties les moins bien notées du marché, semble être la bonne combinaison pour profiter des rendements actuellement très attractifs.

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