Le redressement contraint des économies

Mathilde Lemoine, Edmond de Rothschild

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Prévisions macro-économiques pour 2020 et 2021: un redressement des économies mondiales en 2021 contraint par le risque de déflation et les déséquilibres issus des plans de soutien et des interventions des banques centrales.

La croissance mondiale devrait se redresser graduellement de 4,4% en 2021 après un recul de -3,5% en 2020 mais ce sera insuffisant pour effacer les stigmates de la crise selon nos prévisions. Les pays émergents continueraient de souffrir du faible prix des matières premières et de l’ascèse chinoise menée dans l’attente des élections américaines, et du timide redémarrage du tourisme. Les Etats-Unis bénéficieraient du plan de relance de 14,3% du PIB et d’un stock de capital rajeuni par les récentes mesures fiscales mais les élections et les tensions sino-américaines pèseraient sur l’investissement privé et public. 

Le Fonds de relance européen «Next generation EU» change la donne. En investissant plutôt qu’en voulant gérer les dettes du passé, les chefs d’États et de gouvernements européens évitent un nouveau déclassement de la zone euro et son risque d’éclatement. Mais la hausse du chômage, la pression à la baisse sur les salaires et la chute de l’investissement vont peser sur la reprise de la France, de l’Italie et de l’Espagne. 

L’Allemagne se distingue en engageant déjà son plan de relance après son plan de soutien contrairement à la France qui a prévu d’attendre. Il est massif et vise à relancer la consommation et l’investissement au-delà des soutiens sectoriels. La chancelière se remet dans la compétition mondiale face à D. Trump dont le plan de soutien a été voté par les deux chambres et face à Xi Jinping qui attend les élections américaines pour sortir son bazooka selon nos prévisions. 

2021 pourrait signer le retour de l’Allemagne dans la compétition pour le leadership mondial engagé par la Chine et les États-Unis grâce à une capacité supérieure aux autres pays européens à effacer les stigmates de la crise.

Selon notre analyse, le risque de déflation reste plus fort que celui de l’inflation. Et les plans de soutien comme les interventions des banques centrales sont source de nouveaux déséquilibres comme: 

  • Le risque de crise bancaire en particulier en zone euro. 
  • Une chute de l’investissement ayant un effet déflationniste à moyen terme, sauf en Allemagne et aux États-Unis qui mettent en place des mesures puissantes pour accélérer le rebond de la demande agrégée. 
  • Des distorsions de concurrence sans que leurs conséquences sur l’inflation ne soient évaluées. 
  • Un accroissement des inégalités entre les émergents Asiatiques et les autres émergents, entre l’Allemagne et les autres pays de la zone euro, entre les travailleurs bénéficiant d’infrastructures technologiques et les autres. 

C’est pourquoi nous anticipons un redressement contraint et plus ou moins marqué de la croissance en 2021 en fonction des régions et des pays : +2,2% aux États-Unis en 2021 après un recul limité à -3,7% en 2020 ; 4,5% en zone euro après -7% en 2020 ; 11,2% en Chine après 2% ; 2,8% au Brésil après -7,2% en 2020.

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