La volatilité sur les taux connaît une accalmie

Gary Kirk, TwentyFour AM

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Optimisme et craintes de surchauffe et d’inflation ont marqué un premier trimestre éprouvant.

Le premier trimestre 2021 a été relativement éprouvant pour les investisseurs obligataires. Malgré des perspectives optimistes pour l’économie, la combinaison entre politique accommodante des banques centrales et mesures de relance budgétaire sans précédent ont attisé les craintes de surchauffe et d’inflation. En réaction, les taux d’intérêt sont devenus une source de risque, à l’image du rendement du bon du Trésor américain à 10 ans (UST) qui a terminé le trimestre à 1,74%, environ 82 pb au-dessus de son niveau de début d’année.

L’inflation est combattue

Quand la volatilité des taux grimpe assez haut, elle peut facilement devenir la principale source de risque dans d’autres classes d’actifs (comme le crédit) et déclencher des chutes temporaires dans des corrélations de marché normales; le moment peut être particulièrement délicat pour s’exposer au risque de crédit, et nombre d’investisseurs en ont probablement fait l’expérience au cours de ce premier trimestre éprouvant.     

Lentement mais sûrement, le marché global
semble s’aligner sur l’évaluation de la Fed.

Les craintes inflationnistes, notamment aux USA, restent un facteur clé sur le marché actuel. Elles ont toutefois été reconnues par les membres du FOMC de la Fed, qui expliquent d’une même voix qu’un pic d’inflation – s’il survenait – serait transitoire et que la Fed a les outils pour combattre les risques inflationnistes susceptibles de menacer la reprise économique à long terme.  

Des preuves de stabilité

Lentement mais sûrement, le marché global semble s’aligner sur l’évaluation de la Fed et grâce à la hausse des rendements sur les bons du Trésor, il semble qu’une certaine stabilité ait été trouvée aux niveaux actuels. Nous avons eu la preuve de cette récente stabilité le 2 avril avec les statistiques de l’emploi non agricole aux USA, qui ont indiqué la création de 916'000 emplois en mars; ces données pourraient être considérées comme hautement inflationnistes mais ont été bien accueillies par le marché des UST – le rendement à 10 ans a grimpé de 5 pb avant de se replier dans les 48 heures. La stabilité des obligations américaines a été une nouvelle fois mise à l’épreuve mardi par la publication des données IPC: cet indicateur, le plus largement attendu depuis plusieurs années, a montré une inflation largement supérieure aux attentes en glissement mensuel et annuel, à respectivement 0,6% et 2,6% en mars. Là encore, les UST ont réagi avec modération. Le fait que la moitié de la hausse de l’inflation soit imputable à l’augmentation des prix du pétrole (qui est considérée comme temporaire) a servi le message répété de la Fed. On notera que l’inflation sous-jacente commence à s’accélérer, mais à un rythme modéré pour l’instant. Pour l’heure, le marché semble disposé à ne pas s’en préoccuper.  

Le marché est au diapason
de la Fed pour le moment.
Les investisseurs se méfient de l’offre pléthorique

Ces chiffres largement anticipés sur l’inflation ont également coïncidé avec la gigantesque émission d’UST cette semaine, quelques heures avant une adjudication clé à 30 ans. Une adjudication médiocre pour les UST à 7 ans le mois dernier a déclenché des mouvements importants sur l’ensemble de la courbe, signe que les investisseurs commencent à se méfier de cette offre pléthorique de bons du Trésor. Les enchères des UST à 30 ans – une partie de la courbe très sensible à l'inflation – n’ont toutefois pas fait de vagues mardi avec une baisse de quelques points de base du rendement à 30 ans après la clôture.  

Cette récente stabilité de la courbe des taux laisse entendre que le marché est au diapason de la Fed pour le moment, de sorte que le marché des UST paraît mieux équilibré. Avec des taux qui – au moins temporairement – ne semblent pas être la source de risque qu’ils ont parfois été cette année, cette période d’accalmie pourrait inciter les investisseurs obligataires à ajouter des actifs risqués dans leur portefeuille.  

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