La place financière suisse à l’aube de 2025: un défi de régulation et d’innovation

Martin Hess, ASB

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Si la résilience du secteur est incontestable, des défis persistent. En particulier, la régulation financière représente l’un des plus grands risques pour les résultats consolidés des banques suisses.

© Keystone

 

En 2024, la place financière suisse a une fois de plus démontré sa résilience face à un environnement économique complexe. Malgré des turbulences mondiales et des tensions géopolitiques croissantes, le secteur bancaire suisse a enregistré de très bons résultats conformes aux prévisions du Swiss Banking Outlook de l’ASB. Cette performance robuste, soutenue par la confiance des clients et la stabilité des banques, est une excellente nouvelle pour l’économie du pays.

Toutefois, si la résilience du secteur est incontestable, des défis persistent. En particulier, la régulation financière représente l’un des plus grands risques pour les résultats consolidés des banques suisses. En effet, si des règles strictes sont nécessaires pour garantir la stabilité du système, un excès de régulation pourrait nuire à l'innovation et à la rentabilité à long terme.

La régulation: un défi majeur pour 2025

Le secteur bancaire suisse joue un rôle crucial dans la prospérité du pays. Avec plus de 5% du PIB généré par le secteur, il contribue également de manière significative à la création d’emplois et à l’enrichissement du bien-être collectif. Cependant, cette performance économique doit être soutenue par un environnement politique et réglementaire favorable pour lui permettre de créer des fonds propres à travers de ses profits. Le secteur bancaire contribue également à la compétitivité du pays en soutenant des investissements. Les milliards d’impôts qu’il verse aux caisses de l'État en sont un témoignage tangible.

Une réglementation excessive représente aujourd’hui un frein à l’innovation. D’après le Swiss Banking Outlook de l’ASB, une régulation excessive risque de peser lourdement sur les résultats consolidés des banques. Cependant, la crise de Credit Suisse a mis en évidence la nécessité d’adapter et d’ajuster certaines règles. Cette situation a enclenché une série de propositions visant à renforcer la résilience du secteur. Par exemple, les propositions visant à garantir l’approvisionnement en liquidités des établissements d’importance systémique en cas de crise doivent être finalisées sans délai, car elles présentent un rapport coût/utilité positif. Il est impératif que les discussions à venir sur les ajustements réglementaires prennent en compte les coûts et les avantages réels de chaque mesure, mais aussi l’effet agrégé des mesures prises.

L’intelligence artificielle: un vecteur de compétitivité

L'intelligence artificielle (IA) est un autre domaine où la Suisse peut et doit innover. D'ici 2025, l’IA restera un pilier essentiel pour les banques suisses, offrant des opportunités pour optimiser les processus internes, améliorer le service client et accroître le potentiel de rendement. L’IA devient incontournable dans la gestion des risques, la lutte contre la criminalité financière et la poursuite d'objectifs RSE.

En effet, l’usage croissant de l’IA soulève des questions quant à la nécessité d’une réglementation stricte. Le législateur suisse doit rester fidèle à une tradition de régulation fondée sur des principes et technologiquement neutre, afin de favoriser l’innovation tout en garantissant la sécurité et la stabilité. Des conditions-cadres propices à l’innovation permettront à la Suisse de jouer un rôle de pionnier en matière d’IA tout en restant compétitive sur la scène mondiale.

Un avenir à réinventer: un appel à la fiabilité et à l’ouverture des marchés.

L’une des grandes priorités pour l’année 2025 sera de garantir un environnement réglementaire stable et fiable. La fiabilité des décisions politiques est primordiale pour favoriser les investissements à long terme et assurer la compétitivité de notre économie. Cela passe par une révision des mesures réglementaires actuelles et par un soutien à la liberté d'entreprendre et à l'ouverture.

En tant que centre de compétences et porte-parole de la branche bancaire, l'ASB continue de plaider en faveur d'une régulation équilibrée qui permette de traiter efficacement les risques tout en maintenant la compétitivité des banques. Nous devons inverser la tendance actuelle dans laquelle les «contraintes légales remplacent les initiatives entrepreneuriales». Si nous parvenons à créer un environnement propice à l’innovation et à une régulation intelligente, la Suisse pourra maintenir son rôle de leader mondial dans le secteur financier.

En somme, la place financière suisse dispose d'une base solide pour se réinventer en dépit des défis mondiaux et des pressions réglementaires. L’innovation, la compétitivité et la stabilité doivent rester les priorités pour 2025. Cela n’est possible que si nous trouvons un juste équilibre entre régulation et liberté d’entreprendre, en permettant aux entreprises et aux banques de prospérer tout en contribuant à la stabilité de notre pays.

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