Les experts plébiscitent à nouveau cet univers d’investissement pour ses qualités défensives.

«Qu’il s’agisse de chaussettes ou d’actions, j’aime acheter des produits de qualité quand ils sont en soldes», a formulé Warren Buffet. Parce que la récession semble se rapprocher chaque jour davantage, les experts privilégient également les sociétés de qualité après la grande vague des actions de croissance, qui a dominé les investissements jusqu’au come-back des titres Value durant l’été 2021. C’est précisément pour leurs caractéristiques défensives et parce qu’elles constituent une couverture contre l’inflation, que les valeurs de qualité sont à nouveau plébiscitées.
Quels sont les points communs des sociétés de qualité? Elles possèdent un modèle d’affaires résilient ainsi que des avantages concurrentiels indéniables. Elles affichent également un rendement des capitaux propres élevés, ainsi qu’un faible ratio de dette sur les fonds propres. Alors que les investisseurs ont une propension à se polariser sur la dichotomie entre les actions valeur et de croissance, le CIO de Lombard Odier Banque Privée Stéphane Monier souligne que les titres de qualité permettent d’ajouter un élément défensif au portefeuille: «le style qualité a tendance à surperformer dans les contextes de marché difficiles, comme les ralentissements ou les récessions, qui pèsent sur les bénéfices et les marges dans la plupart des entreprises».
Les statistiques sont sans équivoques: les actions de qualité américaines ont surperformé le marché lors de la bulle internet en 2001, et durant la grande crise financière de 2008 à 2009, ainsi que plus récemment au cours de la pandémie de 2020. «Beaucoup de ces sociétés de qualité sont des multinationales largement diversifiées entre plusieurs économies. Leurs bénéfices prévisibles persistent malgré une baisse de la croissance. Cela leur permet de continuer à verser des dividendes, ce qui offre un revenu fiable aux investisseurs et constitue un atout de poids quand les rendements obligataires demeurent faibles», indique Stéphane Monnier.
Capables de protéger leurs marges, les sociétés de qualité s’en sortent mieux lorsque l’inflation s’installe, d’après une note de Columbia Threadneedle qui souligne qu’elles surperforment lors des cycles de tensions sur les prix. Selon le gestionnaire basé à Boston, les petites et moyennes capitalisations anglaises constituent typiquement des titres de qualité. «Historiquement, cet univers a largement surperformé le marché au sens large après les baisses cycliques des marchés boursiers. Une grande partie de cette surperformance a eu lieu au début de la phase de reprise», relèvent les gérants Graig Adey et James Thorne. Ces sociétés permettent également de se prémunir contre le risque politique en Angleterre, bien que selon ces derniers, les changements à Downing Street ne devraient pas souffler de nouvelles turbulences sur les indices britanniques.
Selon Julio Giró, gestionnaire de portefeuilles chez Credit Suisse, les valeurs de croissance n’ont pas tout à fait dit leur dernier mot. Il privilégie les actions de croissance de qualité lors des phases de repli des marchés, car ces dernières se négocient généralement avec une prime liée à leur rareté. «Elles ont toutefois récemment subi des ventes massives dans le contexte de la correction majeure des marchés déclenchée par les banques centrales ainsi qu’en raison de la hausse des prix de l’énergie et de l’inflation ; mais il vaut la peine de les reconsidérer», estime-t-il.