L’importance des fondamentaux

David Ross, La Financière de l’Echiquier (LFDE)

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Perçue comme une crise, la correction estivale est selon nous source d’opportunités.

Au cours des deux dernières années, les marchés boursiers ont été dominés par l'Intelligence Artificielle (IA). Si cette période d'euphorie semble s'achever, cela ne signifie pas pour autant la fin de l’investissement dans cette thématique. Les fondamentaux de l’IA restent intacts. L'euphorie est remplacée par des projections de bénéfices réfléchies, nécessitant des valorisations raisonnables. Cette inflexion a procuré une respiration aux cours des actions de l’industrie technologique. Lorsque les valorisations retrouveront des niveaux raisonnables, la thématique de l'IA devrait revenir sur le devant de la scène.

Une correction estivale 

La correction survenue au cours de l’été n’est PAS une crise selon nous, mais une réaction normale du marché. L'évolution récente des marchés avait été remarquablement calme, avec très peu de volatilité. Cette période de faible volatilité était historiquement inhabituelle, contrairement à la récente correction. Cette situation se transformerait en crise uniquement si un débordement survenait au sein du système financier, devenant alors systémique. Or, le système bancaire mondial semble en bonne santé. 

Lors des récentes corrections techniques, le discernement n’a pas prévalu... Aux Etats-Unis, comme au Japon, le 5 août, l'indice Dow Jones a chuté de 2,6%, le S&P 500 de 3%. Le Nasdaq, à forte composante technologique, a perdu quant à lui 3,4% et le Russell 2000 a reculé de 3,3%. Une correction technique ne justifie pas à elle seule, selon nous, de changement de stratégie d'investissement. Cela permet cependant aux investisseurs d'améliorer leur portefeuille, en acquérant des actifs à de meilleurs prix.

La technologie restera notamment, selon nous, au centre des préoccupations. Car elle permet de résoudre un problème économique fondamental: le vieillissement des populations actives du monde entier.

De telles configurations de marché offrent à nos yeux des opportunités. L'importante remise à plat des valorisations de certaines de nos plus fortes convictions, celles présentant le plus grand potentiel de hausse au cours des trois prochaines années, nous a offert des opportunités, en particulier dans les actions japonaises et les valeurs technologiques.

Des tendances de long terme 

La technologie restera notamment, selon nous, au centre des préoccupations. Car elle permet de résoudre un problème économique fondamental: le vieillissement des populations actives du monde entier. La diminution du nombre de travailleurs exigera ainsi une plus grande productivité de chacun d'eux, ce qui nécessitera des solutions technologiques. Les entreprises américaines, à l'origine de tendances clés telles que la digitalisation et l'IA, ne s’y trompent pas. À elles seuls, Microsoft et Amazon devraient dépenser cette année plus de 100 milliards de dollars d'investissement. Les autres régions du monde ne peuvent tout simplement pas rivaliser avec cette puissance de feu. 

Autre tendance de long terme à l’œuvre: la démondialisation. La pandémie de Covid l’a démontré, les pays qui n'étaient pas en mesure de fabriquer un masque à cinq centimes ont été contraints de fermer leur économie. La résilience des chaînes d'approvisionnement devient ainsi un impératif stratégique pour les pays; l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement n’est plus le seul objectif, comme cela fut le cas ces 30 dernières années.

Une conviction, le Mexique 

Bon nombre de pays émergents ont procédé à d’importantes réformes, qui ont permis de réduire leur dépendance du prix des matières premières. Le Mexique, l'une de nos plus fortes convictions, est ainsi passé du statut d'exportateur de pétrole et de cuivre à celui de centre de fabrication, proche des États-Unis, ce qui donne l’opportunité au marché mexicain de surpasser de manière significative la plupart des marchés européens (et asiatiques) en termes de dollars américains au cours des trois et cinq dernières années. 

Au Mexique, début juin, les marchés ont eux aussi connu une extrême volatilité post élections. Le peso mexicain a perdu 10% et, durant deux semaines, la Bourse a fortement chuté. Mais les marchés commettent souvent la même erreur lorsqu’ils s’intéressent à l’Amérique latine. Pour eux, toute victoire de la gauche s’inscrit dans la lignée d’Hugo Chavez au Venezuela, avec la nationalisation d’actifs privés, le règne de l’hyperinflation et des investisseurs anéantis. Le Mexique lui-même fournit un précédent avec la victoire d’Andrés Manuel López Obrador en 2018. Si les marchés se sont fortement repliés à son élection, négligeant le travail qu’il avait accompli à la tête de la ville de Mexico, en particulier en matière de responsabilité fiscale, il s’agissait là aussi d’une opportunité. Ancienne maire de Mexico, Claudia Sheinbaum a suivi les traces d’AMLO. Plutôt que de céder à la peur irrationnelle suscitée par sa victoire électorale le 2 juin dernier, il semblerait que les investisseurs soient mieux servis en tirant parti de la volatilité des marchés. C’est l’une des règles d’or de notre équipe de gestion qui consiste à tirer profit d’une correction exogène tant que les fondamentaux des entreprises restent bons.

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