Faut-il augmenter l’exposition aux investissements privés des régimes de retraite?

Communiqué, CFA Institute

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CFA Institute a publié son deuxième rapport sur l’évolution du rôle des marchés publics et privés.

Depuis quelques années, les cotations sur les marchés publics ne cessent de diminuer alors que les marchés privés deviennent de plus en plus importants pour l’activité économique et les levées de fonds. Partant de ce constat, CFA Institute, l’association mondiale des professionnels de l’investissement, a publié son deuxième rapport sur l’évolution du rôle des marchés publics et privés, considérant cette fois-ci l’impact de ce développement du point de vue des systèmes de retraite en Europe et plus spécifiquement les régimes à cotisation déterminée.

En effet, les actions cotées en bourse constituent un actif important dans la plupart des portefeuilles de retraite, mais leur diminution à l’échelle mondiale peut avoir des conséquences négatives pour les épargnants, telles que la réduction des options d’investissement et des rendements potentiels, alors que les taux d’intérêt continuent leur tendance baissière voire négative.

Alors que les gouvernements auront de plus en plus de mal à financer le premier pilier des systèmes de retraites tels qu’initialement pensés par la croissance économique organique et la mutualisation des cotisations, une réflexion doit être menée quant aux changements structurels qui en découleront et aux conséquences pour les investisseurs.

Le nouveau rapport de CFA Institute: «Capital Formation 2: Investing Pension Contributions in Private Markets Responsibly» est une réponse à la demande croissante d’une plus grande participation des régimes de retraite sur les marchés privés. Il présente les régimes de retraite existants dans une série de pays européens (mais pas la Suisse) et examine les enjeux que pourrait poser une augmentation structurelle de l’investissement des régimes de retraite à cotisation déterminée dans les entreprises et les marchés privés, tels que le capital-investissement et le capital-risque, la dette privée et les projets en infrastructure.

L'étude du CFA Institute identifie les quatre problématiques suivantes quant à l’accroissement de ces investissements:

  • L’équilibre entre rentabilité et coûts: le fait que les organismes de réglementation considèrent le faible coût comme le principal critère de mesure de la valeur peut être problématique. Par exemple, le plafonnement par défaut des frais tel que celui imposé au Royaume-Uni aux fonds dans le cadre des régimes de retraite à cotisation déterminée devrait tenir compte des dépenses plus élevées découlant des stratégies des marchés privés structurellement complexes.
  • Actifs éligibles: l’éventail des investissements autorisés doit sans doute être élargi afin de permettre aux régimes de retraite à cotisation déterminée d’investir sur les marchés privés.
  • Transparence: les fonds privés devront probablement assurer une plus grande transparence des informations qu’ils communiquent sur les performances, les coûts et les charges, afin d’accéder au capital des régimes de retraite à cotisation déterminée. De même, ils devront revoir leur structure tarifaire traditionnelle.
  • Mise en commun des ressources: la consolidation ou le regroupement de petits régimes de retraite peut être nécessaire afin de générer une échelle suffisante pour investir de manière significative et efficiente sur les marchés privés.

«Dans le contexte actuel de faibles taux d'intérêt, l'appel à augmenter les investissements non-cotés des régimes de retraite est compréhensible», a commenté Dr Sviatoslav Rosov, CFA, auteur de l'étude et directeur de la politique des marchés financiers EMEA du CFA Institute. «Toutefois, on ne peut pas supposer que cela se traduira automatiquement par des rendements plus élevés, pondérés en fonction des risques, pour les épargnants. L’éventail des options d’investissement s’élargirait, mais il faut nuancer la surperformance des marchés privés par rapport aux marchés publics. En outre, l’illiquidité et les frais élevés associés aux investissements sur les marchés privés ne sont pas faciles à concilier avec les mandats des régimes de retraite existants et l'accent mis par les régulateurs sur le faible coût comme le principal critère de valeur. Les régulateurs, les régimes de retraite et les acteurs des marchés privés devront tous adapter leurs comportements et leurs attentes pour qu’une telle politique porte ses fruits.»

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