Entrepreneurs: les prochains défis

Xavier Ledru, Banque REYL

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Les enjeux pour les entreprises dans la crise actuelle.

Il est encore trop tôt pour véritablement anticiper l’ensemble et la diversité des conséquences de la pandémie du Covid-19, mais il est désormais incontestable qu’un choc extrêmement violent a été subi par l’économie mondiale et que ce choc ne pourra être encaissé en quelques mois. Sans compter les incertitudes liées aux succès des politiques de déconfinement, d’éventuelles secondes et troisièmes vagues de la pandémie ou les avancées concernant un vaccin.

Cette crise sans précédent dans l’histoire économique moderne a été marquée par une réaction rapide des Etats et des banques centrales. Nous constatons que l’efficacité des aides à court terme est variable selon les Etats. Certains ont mis en place des mécanismes simples et accessibles en quelques heures alors que d’autres font preuve d’une plus grande inertie, ce qui rend l’efficacité des aides à la fois limitée et relative, et met en danger les entreprises qui en ont le plus besoin.

Les effets de la crise actuelle se feront sentir à plus long terme
pour un grand nombre d’acteurs économiques.

Grâce à l’octroi de crédits bancaires transitoires, remboursables sous 5 à 7 ans, les entreprises en difficulté ont pu bénéficier d’une aide rapide, à l’issue d’un processus simple et efficace. Depuis début avril, les banques ont octroyé plus de 76’000 crédits pour un montant total de 14,3 milliards de francs. Le Conseil fédéral a ensuite augmenté le montant de l’aide total de 20 milliards de francs à 40 milliards de francs dans le but de garantir des liquidités aux PME1. Il faut noter cependant que toutes ces aides sont pour le moment accordées sur l’hypothèse d’une durée courte de la crise. Il ne peut en être autrement lorsque l’on voit les conséquences extrêmement importantes qu’elles impliquent sur les budgets des Etats.

Or les effets de la crise actuelle se feront sans aucun doute sentir à plus long terme pour un grand nombre d’acteurs économiques au vu de l’ampleur du choc intervenu. D’où la nécessité pour les entreprises d’anticiper dès maintenant en contactant leurs principaux partenaires financiers de manière proactive et préventive.

Succession d’événements inédits

Les mesures prises répondent à l’urgence face à une succession d’événements inédits. Les entreprises ont dû d’abord s’organiser pour protéger leurs employés tout en organisant la continuité de leurs activités lorsque cela était possible, dans des pays où la crise en était à des stades de développement différents, rendant sa gestion d’autant plus complexe.

Puis elles ont pris des mesures défensives de chômage partiel et se sont dans le même temps attaquées à leurs enjeux immédiats de trésorerie. Elles sont donc allées rechercher les aides diverses qui leur était offertes tant dans leurs juridictions d’origine que dans les différents pays où elles opèrent.

Les aides mises en place par les Etats et les banques centrales
se sont traduits par une hausse des taux intérêts à court terme.

Elles ont parallèlement entamé un dialogue avec leurs partenaires commerciaux et financiers au sujet de leurs échéances immédiates afin d’éviter d’être considérées en défaut de paiement et par voie de conséquence en défaut croisé sur l’ensemble de leur endettement.

Des mesures additionnelles sont prises par les groupes les plus réactifs et doivent en tout état de cause être anticipées par l’ensemble des intervenants : d’une part, une remise à plat de leur planification financière compte tenu des nouvelles hypothèses qu’elles anticipent pour leurs activités, d’autre part, la gestion de leur trésorerie dans un monde où les aides ne sont plus accessibles, ainsi que la renégociation de leurs covenants financiers.

Par ailleurs les évènements récents et surtout les aides mises en place par les Etats et les banques centrales se sont traduits par une hausse des taux intérêts à court terme. On constate également une frilosité chez certains acteurs bancaires traditionnels à s’engager dans de nouveaux crédits au vu de l’incertitude générale qui caractérise les marchés.

Dans cet environnement, il convient de noter que les prêteurs dits «alternatifs» que sont les fonds de dette privée internationaux, ont encore beaucoup de poudre sèche, ce qui permet d’offrir aux directions financières une palette de solutions plus étendue, parfois un peu plus onéreuses mais surtout plus flexibles.

Cette période est aussi l’occasion pour les directions générales d’effectuer une revue de leurs activités afin de définir quelles sont celles qui sont considérées comme non stratégiques et doivent être cédées à court terme. Ces mêmes directions générales doivent dans le même temps redéfinir les activités prioritaires à développer afin de leur permettre de mieux rebondir quand le plus fort de l’orage sera passé. Les incertitudes actuelles ne doivent en effet pas faire perdre aux entreprises leurs objectifs à plus long terme.

 

1 Source: étude BDO, avril 2020.

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