Effets indésirables et risques des placements actuels en actions

Matthias Jenzer, Quilvest (Switzerland) Ltd

2 minutes de lecture

De nombreuses entreprises auront peu de choses positives à dire, sans aucune assurance dans leurs prévisions pour l’avenir.

Le mois de mars a été brutal, sur bien des plans. L’état de choc semble cependant avoir été rapidement surmonté. L’Etat a aidé, la banque centrale a soutenu, la correction n'est-elle donc qu'un phénomène temporaire? 

Si l’on tient compte de la nette reprise des marchés financiers après la débâcle de mars, la crise est terminée. Grâce aux aides gouvernementales et au pouvoir d'achat presque illimité des banques centrales, l’effondrement n’a été que temporaire. La diffusion du virus a été fortement contenue, de sorte qu'en de nombreux endroits, les premières étapes prévues pour le retour à une vie normale apparaissent justifiées. Tous ces aspects effectivement positifs devraient favoriser une poursuite de la hausse sur les marchés des actions.

Les valorisations actuelles des actions se basent sur des prévisions
de bénéfices qui incluent une forte reprise pour le second semestre de l'année.
Pas si vite... 

Le monde n’en est malheureusement qu’au début des conséquences économiques de la crise. Les premières séries de données montrent une image assez sombre. Alors que les chiffres du chômage explosent aux Etats-Unis, d’autres indicateurs montrent pour le mois de mars une réduction large et drastique de l’ensemble des activités économiques, à un niveau encore plus faible qu’initialement prévu. On peut donc en conclure que de nombreuses entreprises devront supporter d’énormes pertes et que, pour certaines, l’insolvabilité ne pourra être évitée malgré les aides gouvernementales au financement.

Encore combien de temps?

Le facteur temps reste la grande inconnue. Personne ne peut dire avec certitude comment les chiffres de contamination vont évoluer. Un assouplissement prématuré risque de déclencher une deuxième vague avec des conséquences totalement catastrophiques. L'activité générale est donc susceptible de rester gravement compromise pendant une longue période. De ce point de vue, les investissements en actions présentent aujourd’hui des risques majeurs malgré la correction, car les valorisations actuelles des actions sont plutôt élevées et se basent également sur des prévisions de bénéfices qui incluent une forte reprise pour le second semestre de l'année. 

En 2008, une «capitulation» des entreprises sur leurs perspectives
à moyen terme a favorisé la formation d’un plancher sur les marchés des actions.
Attendre les comptes trimestriels!

Certaines entreprises peuvent se permettre des pertes sur un ou deux trimestres. Si le retour à la normalité économique est retardé, ce qui est plutôt probable, c’est une autre histoire. Même si les tendances à court terme sur les marchés des actions sont séduisantes, il est trop tôt pour mettre le feu vert. La saison actuelle des publications des résultats trimestriels des sociétés cotées et de leurs prévisions est une épreuve de vérité où malheureusement apparaîtront beaucoup de points négatifs, beaucoup plus que prévu. De nombreuses entreprises, qui jusqu'à présent ont fait profil bas, devront s’exprimer. Elles auront selon nous peu de choses positives à dire, sans aucune assurance dans leurs prévisions pour l’avenir.

Parallèle à 2008

Si l’on se repenche sur l’année 2008, une «capitulation» semblable des entreprises concernant leurs perspectives à moyen terme a favorisé la formation d’un plancher sur les marchés des actions. Dans le contexte actuel, nous tablons sur un scénario semblable au cours des semaines à venir et nous attendons cette révision avant d’acheter des actions. Au-delà de ces considérations, le plus important reste l’espoir que la pandémie a effectivement été stoppée.

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