Conditions de travail

Marie Owens Thomsen, Indosuez Wealth Management

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Permettre à tous de travailler dans de bonnes conditions devrait être un objectif prioritaire pour tous les gouvernements.

À l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, Genève se trouve perturbée par des manifestations. Des événements qui nous rappellent que le fait de permettre à tout le monde de travailler dans de bonnes conditions devrait être un objectif de premier plan pour tous les gouvernements; mettons donc cela en perspective. Selon l’OIT (Organisation internationale du travail: donnés les plus récentes entre 2015 et 2017), le Royaume-Uni a perdu 178 jours travaillés  par 1'000 habitants en raison de différends sociaux (grèves, blocus, etc.), ce qui pourrait faire plaisir à la France qui a néanmoins perdu 131 jours. Nous trouvons ensuite la Hongrie à 85, le Canada à 77, l’Espagne à 45 et la Corée du Sud à 43, par exemple. Il fut un temps où la Suède avait une mauvaise réputation dans le domaine mais avec 0,6 journée perdue, le pays est encore moins sujet aux conflits dans le marché du travail que la Suisse, à 0,8 (hors manifestations). Il est remarquable que c’est aux Philippines que nous trouvons encore moins de perte de jours, à seulement 0,3.  

La Suède, un pays où les travailleurs expriment peu leur droit
de grèves, compte le plus de jour d’absentéisme pour maladie.

Bien sûr, nous comprenons que dans de trop nombreux pays, l’option de faire grève n’existe tout simplement pas. Le droit de grève est limité ou inexistant dans 123 des 142 pays étudiés par la CSI, la Confédération syndicale internationale, un chiffre en hausse par rapport aux 116 recensés en 2017. La CSI comptabilise depuis cinq ans les violations contre les droits des travailleurs dans le monde. Constat inquiétant, entre 2014 et 2018, le nombre de transgressions a augmenté dans la majeure partie du monde, même en Europe, bien que les violations y soient moins fréquentes. Dans son classement (de 1 à 5 dans l’ordre croissant des violations constatées), la Suisse se trouve dans la catégorie 2.

Le groupe avec le plus faible taux de violations contre les travailleurs comprend l’Allemagne et la Suède, mais également l’Italie et l’Uruguay, entre autres. Au même niveau que la Suisse, on trouve notamment la France, le Japon et l’Afrique du Sud.. Dans le 3ème groupe, comptant les violations régulières des droits, figurent le Royaume-Uni, l’Espagne ainsi que la Russie. Faisant preuve de violations systématiques et donc classés 4, les Etats-Unis partagent cette notation avec le Brésil et un grand nombre de pays émergents. Finalement, en 5ème et dernière position, identifiés comme des pays sans garanties de droits envers les employés, se trouvent la Chine, l’Inde, le Mexique, la Grèce et plusieurs pays au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. Ainsi, le nombre de jours perdus suite aux grèves, bien que reflet d’un malaise, semble aussi synonyme de droits respectés.

En parlant du malaise, ce dernier peut s’exprimer autrement que par les grèves. La Suède, un pays où les travailleurs expriment peu leur droit de grèves, compte le plus de jour d’absentéisme pour maladie (19 jours) selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé: 2015). L’inverse semble également être le cas: l’Angleterre, pays dont les travailleurs font beaucoup de grèves, n’enregistre qu’un jour d’absentéisme  - le plus faible selon l’OMS. En Suisse, l’assureur Swica constate une augmentation de l’absentéisme de 20% en 5 ans (avec un total à 8.5 jours, soit au milieu de la fourchette de l’OMS mais légèrement au-dessus de la France à 8.3 jours) et de 35% pour cause de stress sur la même période. Peut-être vaut-il mieux extérioriser ses émotions.

 

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