Cadre propice pour le High Yield

Salima Barragan

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Selon, Akram Gharbi, de La Française, le taux de défaut du segment High Yield restera bas.

Fin janvier, Pacific Gas et Electric, un fournisseur de gaz californien, noté Investment Grade,  dépose son bilan suite aux incendies qui avaient ravagé la Californie. Un mois plus tard, Windstream, une société active dans les services téléphoniques, se retrouve également sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Malgré ces débâcles retentissantes, le taux moyen de défaut de paiement reste historiquement bas. Autour de 1% sur le High yield global (selon les données de BOA ML),  Akram Gharbi, Fund Manager à La Française, estime que ce chiffre ne va pas augmenter de sitôt et que les facteurs techniques restent bien orientés pour la classe des obligations à haut rendement.

DES FAILLITES RETENTISSANTES

L’enquête ,sur les incendies de l’été 2018 qui avaient provoqué 71 morts, a révélé que les pipelines de la société californienne étaient en cause. Sommée de payer 33 milliards de dollars en dommages et intérêts, elle s’est retrouvée incapable de débourser ce montant. Puis, le Hedge Fund Aurelius Capital Management, en conflit avec Windstream, a obtenu gain de cause contre le 4ième fournisseur de téléphonie fixe aux USA provoquant ainsi sa faillite en l’espace de quelques mois.

Le marché HY asiatique recèle également d’opportunités,
dont les obligations chinoises qui pèsent 50% du segment.

Malgré ces deux cas tumultueux depuis le début de l’année, Akram Gharbi estime que le taux de défaut de paiement mondial sur douze mois, actuellement de 1%, devrait rester bas à court et moyen terme: «Les taux de défaut proviennent des récessions, ce que nous écartons dans notre scénario, ou de problèmes de liquidité sur les marchés», explique-t-il. Selon les recherches de La Française, les besoins de refinancement ne dépassent pas 7,5% du gisement HY USA et en Europe d’ici 2020, ce qui écarte tout asséchement de la liquidité des marchés jusqu’à cette échéance.

ENVIRONNEMENT PROPICE AU HIGH YIELD EUROPéEN

Dans un environnement de taux bas, la chasse au rendement ne laisse que peu d’opportunités. «Lorsque le taux sans risque allemand est à 7 points de base et que le rendement de l’OAT est à 0,45, le high yield et la dette subordonnée bancaire, sont les seules classes liquides dont les rendements sont convenables», souligne Akram Gharbi. Et cette situation est appelée à perdurer. «Le taux sans risque devrait rester bas car il n’y a pas de risque inflationniste comme l’atteste les derniers chiffres d’inflation aux USA, en Europe et en Chine», poursuit-t-il. De même, les discours accommandants des banques centrales ont confirmé cette tendance.

Akram Gharbi privilégie aujourd’hui le high yield européen, qui suite à l’écartement important des spread de crédit en 2018, offre actuellement plus de valeur que le HY américain. En Europe, il favorise les émetteurs de signature B comme Picard, LOXAM,  CERBA ou encore Unilab en Suisse.

Le marché HY asiatique recèle également d’opportunités, dont les obligations chinoises qui pèsent 50% du segment. «En 2018 le marché asiatique a souffert d’un écartement des spread de 400 points de base à cause de la guerre commerciale et des régulations sur le shadow banking en Chine. Le potentiel d’appréciation à moyen terme est intéressant  car le gouvernement chinois a mis en place un stimulus économique qui devrait stabiliser l’activité et parce que les flux reviennent progressivement sur cette région», explique-t-il. Il nuance toutefois qu’une grande prudence s’impose lors de la sélection d’émetteurs chinois: «Il faut être très vigilant sur ce marché en raison des  problèmes de corporate gouvernance». Face au ralentissement du rythme de la croissance mondiale, le gérant privilégie en Europe les secteurs non-cycliques comme l’alimentaire, les télécoms, la santé et reste très sélectif sur les secteurs les plus vulnérables tels que le transport maritime, l’automobile et l’énergie.