Bienvenue dans le métavers

Brice Mari, Synapse Invest

2 minutes de lecture

Le futur d’internet en 3D commence maintenant et va exploiter les technologies, notamment du jeu vidéo et de la blockchain.

En l’espace de quelques semaines, le métavers (de l’anglais metaverse) est devenu l’un des sujets les plus discutés par les dirigeants de l’industrie technologique et les investisseurs, suite à l’annonce par Facebook de son changement de nom pour Meta, de son nouveau cap stratégique vers ce monde digital inédit et d’investissements massifs pour atteindre ses ambitions.

Mais si Mark Zuckerberg a popularisé le terme, la confusion demeure encore grande quant à la définition et aux contours du métavers.  

Alors qu’Internet est aujourd’hui essentiellement en 2D, le métavers est l’évolution vers un monde digital en 3D dans lequel les utilisateurs dirigeront des avatars pour jouer à des jeux vidéo, socialiser, partager des expériences (concerts, anniversaires...), faire du shopping, travailler, apprendre... Tout cela avec la possibilité de passer naturellement d’une activité à l’autre, avec leur avatar et leurs objets digitaux.

Ces expériences en 3D seront bien plus immersives que l’Internet que nous connaissons aujourd’hui.

Il n’y aura pas nécessairement besoin d’un casque de réalité virtuelle pour entrer dans le métavers, les sites Internet du futur deviendront simplement des espaces ouverts dans lesquels il sera possible de circuler librement et de participer à différentes activités, à la façon d’un jeu vidéo. 

Pour donner un exemple concret, l’e-commerce actuel consiste à consulter un catalogue de produits sur Amazon ou d’autres sites marchands. Dans le métavers, nous serons dans une boutique virtuelle dans laquelle nous pourrons promener notre avatar et notre regard de rayon en rayon, essayer virtuellement des vêtements ou accessoires, parler à des vendeurs et, pourquoi pas, faire une pause avec des amis dans un café virtuel.

Au final, ces expériences en 3D seront bien plus immersives que l’Internet que nous connaissons aujourd’hui et devraient nous inciter à passer davantage de temps dans les mondes digitaux et, donc, à dépenser plus. 

En particulier, l’économie des biens digitaux, déjà proche des 50 milliards de dollars annuels grâce aux achats de personnages ou accessoires dans les jeux vidéo, devrait prendre une nouvelle dimension avec le métavers.

Nous dépenserons probablement de l’argent sur un avatar personnalisé, sur des vêtements et articles de luxe digitaux (des marques comme Gucci et Balenciaga ont d’ailleurs déjà commencé à occuper le métavers sur Roblox et Fortnite) ou encore des éléments de décoration ou des objets de collection. Mais pour dépenser plus, le métavers devra donner l’assurance à ses utilisateurs qu’ils auront la propriété digitale de leurs biens digitaux, la possibilité de les vendre ou de les acheter et d’être rémunérés pour leurs créations digitales. La blockchain et, notamment, les NFT sont particulièrement adaptés à ce défi et devraient constituer l’une des principales composantes du métavers.

Nous n’en sommes qu’au début de cette transition mais les avancées en matière de réseaux de communication (5G) et de cloud computing suggèrent que ce monde parallèle virtuel deviendra accessible à des centaines de millions voire des milliards de personnes, de manière simultanée, depuis toutes sortes d’interfaces (smartphones, PC, tablettes...) dans un futur proche.

Les ressources financières des géants de la tech leur permettront largement d’entreprendre des opérations de M&A ambitieuses.

Si les géants de la technologie ont des ambitions évidentes concernant le métavers, il est évident que ce sont les sociétés de jeux vidéo qui sont en pointe grâce à leur expérience dans le développement et la gestion de mondes en 3D. Il est d’ailleurs communément admis que les premières versions du métavers sont des jeux vidéo comme Roblox et Fortnite, qui sont d’ores et déjà bien plus que de simples jeux vidéo et offrent de nombreuses autres expériences. Par exemple, Epic Games a déjà organisé plusieurs concerts virtuels sur Fortnite (Ariana Grande étant le plus récent), avec, à chaque fois, plus de 10 millions de spectateurs. Et Roblox a lancé «Party Place», un lieu virtuel privé au sein duquel les utilisateurs peuvent se réunir afin de fêter un anniversaire ou proposer des cours à distance.

Le principal défi sera de peupler et de faire fonctionner un monde 3D aussi vaste et riche ainsi que de le rendre aussi immersif que possible. Notamment, les outils logiciels 3D permettant de créer des environnements, des bâtiments, des objets, des jeux et des activités numériques seront essentiels, tels que les moteurs de jeux développés par Unity Software pour les éditeurs de jeux vidéo.

Le computing sera également une composante clé du métavers, puisque la gestion de mondes en 3D en temps réel et avec une multitude d’utilisateurs et d’interactions sera très exigeante en termes de calcul 3D (Nvidia) et de proximité avec les utilisateurs (edge computing).

Comme nous l’avons dit plus haut, les géants de la technologie (à l’exception du Chinois Tencent) ne sont pas en avance dans le métavers. Mais leurs ressources financières leur permettront largement d’entreprendre des opérations de M&A ambitieuses afin d’étoffer leurs capacités de développement 3D ou de mettre sur pied leurs propres mondes 3D. Meta et Google ont d’ailleurs déjà songé à acquérir Unity et Epic…

A lire aussi...