Actions mondiales: les limites des prédictions

Jacob de Tusch-Lec, Artemis IM

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Il est naturel d’extrapoler sur la base de la récente période de tourmente. Toutefois, il existe des secteurs qui offrent un potentiel de valeur.

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Au terme d’une année pénible pour les actifs à risque, il est tentant d’adopter une attitude exagérément prudente. Cependant, alors que de nombreux facteurs pourraient rendre l’année 2019 difficile, certains secteurs du marché mondial présentent encore un potentiel d valeur appréciable.

S’il fallait qu’un gérant se rappelle les limites de ses pouvoirs de prédiction, il lui suffirait généralement, en milieu d’année, de relire ses perspectives de début d’’année.

Il est presque impossible de ne pas envisager l’avenir sans tenir compte du présent. Il est facile de tomber dans le piège de l’extrapolation, de supposer que ce qui nous inquiète aujourd’hui continuera de nous préoccuper dans trois mois, six mois ou un an. C’est rarement le cas.

La réalité est que nous ne savons pas sur quoi
devraient porter nos inquiétudes.

Aujourd’hui, il est tentant de spéculer sur le fait que la guerre commerciale puisse atteindre un point critique en 2019. Mais ce n’est peut-être pas le thème principal qui agitera les marchés. Les tensions commerciales pourraient passer à l’arrière-plan pendant des années et être supplantées par d’autres problèmes.

La réalité est que nous ne savons pas sur quoi devraient porter nos inquiétudes – et l’expérience passée ne permet pas vraiment de nous éclairer. Pensez aux inquiétudes qui se sont manifestées au cours des 10 dernières années pour ensuite se dissiper ou être remplacées par de nouvelles crises:  atterrissage brutal en Chine (un problème récurrent), crises de la dette en Europe, précipices budgétaires et arrêts des activités gouvernementales aux États-Unis. À l’époque, tous ces problèmes semblaient menacer fortement le redressement économique d’après crise. Finalement, ils se sont révélés surmontables ou temporaires.

Le monde en quelques points importants

Il est naturel d’extrapoler sur la base de la récente période de tourmente et d’adopter une attitude exagérément prudente. Après 6 mois assez modestes, faire des prévisions audacieuses – surtout teintées d’optimisme – semble défier toute logique.

De nombreux facteurs pourraient mettre le marché
dans une position difficile et affecter les primes de risque.

Nous admettons que de nombreux facteurs pourraient mettre le marché dans une position difficile et affecter les primes de risque. Nous ne sommes pas payés pour justifier l’optimisme – cela revient souvent à satisfaire un besoin psychologique au lieu de constituer une approche utile en matière d’investissement. Mais en même temps:

  • Certains secteurs du marché mondial des actions (voire le marché dans son ensemble) ont toujours un potentiel de valeur évident. Nous tenons compte des valorisations absolues – et nous apprécions notre portefeuille.
  • Beaucoup d’actions se négocient à des multiples très bas et anticipent un scénario négatif à presque tous les égards.
  • La seule chose qui ne semble pas «être dans les cours» pour l’année 2019 est une récession similaire à celle que les États-Unis ont connue en 2008. Une telle perspective est excessive et ne nous semble que peu probable. Nous continuons de penser qu’il n’y aura pas de récession en 2019 (bien qu’une récession financière pourrait se produire).
  • Si la situation économique empire, cela se passera à un niveau élevé. Si la situation semble pire qu’il y a six mois, les choses ne vont en réalité pas si mal.
  • L’inflation n’est pas si élevée globalement, et la FED a encore (un peu) de marge pour abaisser ses taux si nécessaire.
  • Les autres classes d’actifs n’ont pas encore été tellement touchées par la quasi-panique régnant sur le marché des actions. Il n’y a pas eu de rallye du yen ou du prix de l’or.
  • Et il arrive aussi qu’au cours du cycle du marché, même s’il présente des risques, que l’appétit pour le risque des détenteurs d’actions soit récompensé de façon satisfaisante.

Pour être clair, nous ne sommes pas des optimistes. Mais nous pensons que les titres de valeur sont trop bon marché et que les scénarios de bénéfices de nombreuses valeurs financières et cycliques sont trop négatifs. Le potentiel de valeur que nous avons identifié ne se trouve que dans certains secteurs du marché – mais il existe bel et bien.