Évolution qualitative de la finance durable

Matteo Bosco, Conser

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Nous devons rester vigilants pour que les déclarations d'intention ne restent pas une fin en soi.

Le Geneva Forum for Sustainable Investments, évènement spécialisé clé de la durabilité en Suisse, nous a donné l’occasion de réfléchir sur la qualité de l’industrie financière qui a, aujourd’hui, une excellente occasion de faire apprécier sa contribution potentielle au système économique, à l’environnement et à la société. Le public est déjà sensibilisé comme l’a aussi démontré l’intérêt aux débats sur ce thème par les intervenants réunis à la conférence Friends of Funds de la Fund Academy, qui s’occupe de formation des cadres de la place financière.

Pendant les deux séances un point important qui inquiète les investisseurs a été largement débattu : celui de la quantité, de la fragmentation et de la confusion qui règnent sur l’information non financière. Bien des organisations petites et moyennes ont du mal à comprendre comment l’aborder et s’orienter dans l’énorme masse de sources disponibles.

En outre, une étude récente met en évidence la croissance massive du marketing utilisant la durabilité. Dans son introduction, le directeur du Centre for Finance and Climate Investment de l'Imperial College Business School, Charles Donovan, explique que «pour de trop nombreux gestionnaires d'actifs, le marketing de l'investissement responsable est beaucoup plus grandiose que son exécution. Un certain nombre de gestionnaires d'actifs très en vue - y compris les plus grands - ont été noyés sous des découvertes préjudiciables qui mettent en évidence le contraste entre ce qu'ils disent des questions ESG et ce qu'ils font».

Sans surprise, la SEC conclut que les USA devraient prendre l'initiative
de définir des normes de transparence et de matérialité.

La confusion dans les données non financières continue à dominer et potentiellement à augmenter. À tel point que même les États en prennent de plus en plus conscience sous l'impulsion de l'Union Européenne qui publie une proposition de taxonomie pour définir ce qui est considéré – ou non – comme compatible avec l'économie verte.

Aux États-Unis également, le débat s'intensifie. Le Department of Labour ne veut pas d’adoption des critères de durabilité dans la gestion des plans de pension privés et, ce n'est pas un hasard si l’Investor Advisory Committee de la SEC a récemment publié une recommandation visant sérieusement à mettre à jour les exigences de déclaration des émetteurs afin d'inclure les facteurs matériels ESG utiles aux entreprises et à la prise de décision des investisseurs.

Sans surprise, la SEC conclut que les États-Unis - qui possèdent le marché financier le plus important au monde - devraient prendre l'initiative de définir des normes de transparence et de matérialité.

Pour sa part, le gouvernement suisse a annoncé qu'il avait l'intention de structurer les conditions-cadres de manière à améliorer la compétitivité de la place financière suisse et à permettre au secteur financier de contribuer efficacement à la durabilité. Chaque pays ou zone essaye de jouer son jeu. Ce qui n’aide pas à réduire la complexité et la compréhension des opérateurs.

Il reste beaucoup à faire,
tant sur le plan quantitatif que qualitatif.

Pour gagner la confiance du public et aider l’économie, nous, acteurs du secteur financier, devons tous travailler en transparence et fournir des solutions efficaces et pratiques. En Suisse les initiatives de Swiss Sustainable Finance et de la Swiss Fund Asset Management Association visent à promouvoir des mesures efficaces.

Au niveau global 30 trillions de dollars appliquent déjà des critères de durabilité selon la Global Sustainability Investment Alliance. Pour convertir le reste des ressources estimées des épargnants, soit 190 trillions de dollars il reste beaucoup à faire, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Comme indiqué par le Fond Monétaire International les vérificateurs joueront un rôle fondamental dans le contrôle de la conformité aux déclarations des opérateurs et nous devons tous rester vigilants pour que les déclarations d'intention ne restent pas une fin en soi et que la réglementation ne finisse pas par rendre le travail moins efficace.

Sachons toutefois que, dorénavant, la route est balisée.